En tant qu'auteur de romans fantasy jeunesse, je me suis toujours demandé ce que donnerait de mon point de vue une chronique des célèbres romans Harry Potter. Alors je me suis lancé, juste pour voir.
Comme beaucoup d'adultes à cette époque, je ne connaissais pas Harry Potter avant la sortie des films. Puis j'ai acheté les livres afin de découvrir réellement ce que c'était.
J'ai tout d'abord acheté les trois premiers tomes : Harry Potter à l'école des sorciers, Harry Potter et la chambre des secrets, Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban.
La première chose qui m'a frappé, c'est que je ne lisais pas le texte de
J.K. Rowling, mais celui de son traducteur en français :
Jean-François Ménard. Sur le fond et l'histoire, bien sûr il n'y a pas beaucoup de différence, mais sur les détails, les noms propres et les dialogues, il y a des différences. Et le talent incontestable de Monsieur Ménard n'y change rien, ce sont les aléas incontournables des livres traduits. Pour ceux qui veulent vraiment découvrir les Harry Potter originaux, il faudra les lire en anglais. Par exemple, dès le titre français du tome 1, on note qu'il n'est pas correct. Car le vrai titre de l'ouvrage est « Harry Potter et la pierre philosophale ». Les titres des tomes suivants ont ensuite été respectés.
Le tome 1 plante le décor : un orphelin, sorcier de naissance, dont les parents ont été assassinés dans d'effroyables conditions par un sorcier corrompu, est confié à une famille d'accueil qui ne l'aime pas.
C'est très shakespearien, n'est-ce pas ? Et c'est en partie ce qui fait le succès de l'histoire, car ça touche l'émotionnel. Ensuite c'est l'entrée à l'école des sorciers et ses péripéties, le tout sur fond de tentative de réapparition du méchant sorcier.
Le tome 2, La chambre des secrets, ne sert qu'au développement de cet univers. le basilic enfermé depuis la construction de l'école, contre lequel tous devront se battre, n'est qu'un support. Ce n'est pas inintéressant pour autant. Ça se laisse lire et on passe un bon moment.
Le tome 3, le prisonnier d'Azkaban, est plus intéressant, parce que l'histoire est plus dynamique. L'entourage de Harry Potter, amis comme ennemis, s'étend considérablement. L'univers décrit s'enrichit.
Après la lecture de ces trois tomes, je me suis interrogé sur l'imaginaire de
J.K. Rowling. Ce qui m'a frappé, c'est que son univers fantastique semble être un mix up de tout ce qui existait déjà à ce jour. L'image qui m'était venue à l'esprit était celle d'un grand chaudron dans lequel
J.K. Rowling dépose toutes les créatures fantastiques existant à ce jour : sorciers, fantômes, licornes, basiliques, centaures, dragons, phénix, géants, gobelins, trolls, loups-garous, hippogriffes, dryades, araignées géantes… Bref, vraiment tout ce qui existait déjà dans l'univers fantastique traditionnel. Ensuite elle touille tout ça dans son grand chaudron et en sort l'histoire que l'on connaît.
Dans l'écriture de mes propres ouvrages, je me suis efforcé d'imaginer des créatures jamais rencontrées jusqu'à maintenant (à part les dragons que j'ai conservés). J'aurais aimé retrouver cette fraîcheur d'imagination dans les créatures peuplant les romans Harry Potter. Mais sans doute aurait-ce été une autre histoire.
Le tome 4, Harry Potter et la coupe de feu, fait partie de mes Harry Potter préférés avec le prisonnier d'Azkaban. L'histoire est dynamique, passionnante, bien ficelée, mêlant les compétitions sportives et magiques entre clans de sorciers venant d'autres régions du monde avec en toile de fond la résurrection du mage noir Voldemort, le tout sur fond de trahison familiale. Comme je le disais plus haut, c'est une approche très shakespearienne. Et comme dans tous les drames shakespeariens, il a des morts. Car quoi que l'on en dise, Harry Potter, ce n'est pas toujours à l'eau de rose.
Le tome 5, Harry Potter et l'ordre du Phénix, est pour moi le Harry Potter raté, celui où je me suis ennuyé tellement il y avait des longueurs et des longueurs et des longueurs. À tel point que je ne me souviens même plus du thème principal de l'histoire de ce tome (ou s'il y en avait un d'ailleurs), à part peut-être la chasse aux « Horecruxes ».
Le tome 6 et le tome 7, le prince de sang mêlé et Les reliques de la mort, sont pour moi les volumes de conclusion. Les histoires ne sont pas palpitantes, car leur seule finalité est de clore l'histoire tout en répondant au maximum de questions que les lecteurs se sont posé tout au long des précédents tomes . Bien sûr, comme le savent tous les auteurs, clôturer une histoire est l'une des taches les plus difficiles lors de l'écriture de romans.
En conclusion, ces Harry Potter sont intéressants jusqu'au tome 4. Ensuite les trois derniers tomes sont pour les puristes passionnés qui veulent les réponses à toutes les questions soulevées au cours des quatre premiers tomes. Avec des ingrédients classiques,
J.K. Rowling a réussi à créer un univers, savant mélange de magie et de drame shakespearien, et a su ainsi fédérer un grand nombre de lecteurs.
Une oeuvre qui demeure à découvrir pour ceux qui ne connaissent pas encore.