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Critique de Laureneb


J'ai bien peur d'avoir un "coeur méchant" comme dirait Rousseau car j'ai un avis très contrasté sur la Nouvelle Héloïse. Que je mette près d'un mois et demi pour le terminer est très révélateur, j'ai préféré lire autre chose que le terminer d'une traite.
Il y a de très beaux passages, mais aussi d'immenses longueurs, et j'ai peiné à trouver des clefs de lecture. Une des clefs, c'est le sous-titre : "la nouvelle Héloïse". Il s'agit donc d'une relation entre une élève et son professeur, nouvel Abélard, qui l'instruit à la philosophie, à la science, et donc à l'amour. Un instructeur dans tous les sens du terme donc, lui-même étant régulièrement nommé "le Maître" par les deux cousines. Et, comme Abélard, l'union des deux amants étant impossible, il doit s'enfuir. Si son châtiment n'est pas aussi radical, il se condamne lui-même à la continence et à la chasteté pour rester fidèle à jamais à Julie - d'ailleurs, la fin est relativement ouverte, on ne sait pas s'il va se marier ou non.
Une autre clef, c'est l'utopie. le terme n'est pas prononcé, mais la description de Clarens est tellement idéalisé, la vie y est tellement paisible, douce, sans aucune tension extérieure, que j'y ai lu - en diagonale car il y a d'immenses longueurs - la description d'un monde idéal, où le couple est harmonieux, aimé de ses domestiques, mange de façon saine, se promène dans la nature... Cependant, que j'ai eu du mal avec l'accumulation des détails, et surtout sur les rapports entre les sexes, qu'il faut tenir séparés et continuellement occupés pour éviter les séductions des hommes qui entraînent les faiblesses des femmes...
Ce qui m'amène à une autre clef, celle que j'ai préférée, les descriptions de la Nature. J'y ai retrouvé les descriptions poétiques des Rêveries du Promeneur solitaire où Rousseau célèbre la nature montagnarde, des vignobles des coteaux aux glaciers, dans une vision pré-romantique où le spectacle du paysage est en harmonie avec le coeur et les sentiments des personnages.
J'en viens cependant à ce qui m'a fait ralentir ma lecture et qui m'a fait soupirer. D'abord, le style, très larmoyant - c'est ce que je reproche à Rousseau en général, et les longueurs. Au niveau du style, que les personnages se lamentent ! Oui, ils vident leur coeur, s'analysent, sur des pages et des pages. Je n'ai d'ailleurs pas compris ce que Julie trouvait à son amant, bien trop fleur bleue et contemplatif à mon goût. J'en vient aux longueurs. Les personnages font régulièrement le bilan de leur vie, ils se racontent à nouveau ce qui leur est arrivé jusque là. Et ils dissertent sur des pages et des pages du destin, de l'amour, de la vérité, de Dieu...
Ensuite, les intrigues secondaires - je me suis perdue dans les histoires amoureuses de Lord Edouard, qui ne semble être là que pour servir de confident à Saint-Preux. J'ai également beaucoup de mal avec le personnage de Wolmar, qui, loin de m'apparaître comme un homme parfait, n'est pour moi qu'un manipulateur : il ment à sa femme, organise de véritables "épreuves" pour ses amis, joue avec leurs sentiments... Et pour finir, cette conception très datée du XVIII ème siècle, où une fille doit forcément être vertueuse, et une femme ne peut être que mère, c'est ce qui la purifie et la rend complète. Julie cesse d'être intéressante quand elle devient mère, ne pensant qu'à sa famille et à son foyer. Sa cousine, jeune veuve, est plus libre, moins attachée aux conventions sociales, et donc plus agréable à lire car elle a moins de retenue.
Un avis très mitigé donc, mais je sais que j'ai certaines difficultés à apprécier Rousseau - un héritage de la lecture des Confessions au lycée sans doute...
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