AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Laveze


L'ÉCRIVAIN DES OMBRES
Nathan Zuckerman a 23 ans, issu d'une famille ni riche ni pauvre, il vit dans un studio, écrit, fait des petits boulots et vient de publier un premier livre qui a eu un certain succès. Il rend visite à celui qu'il admire le plus comme écrivain, Lonoff, qui vit retiré à la campagne avec sa femme Hope. L'homme a refusé tous les prix, il est célèbre mais souvent raillé pour ses écrits en Yiddish. Nathan se considère comme son fils spirituel, il vient chercher une sorte de caution morale en venant le voir. A son arrivée il est surpris de trouver une jeune femme dans le salon, Amy Bellette, une réfugiée que Lonoff a recueilli et qui l'aide à classer ses manuscrits. Nathan tombe aussitôt sous son charme. L'après-midi passe très vite et Nathan est invité à passer la nuit chez les Lonoff. A cette occasion il va découvrir que sous ses apparences bonhommes, son »mentor »est bien différent de ce qu'il projette.
Roth après cette introduction va développer 3 thèmes, la relation de Lonoff avec Hope sa femme et Amy, qu'il intitule Maestro, une deuxième partie nommée Nathan Dedalus qui développe la relation problématique de Nathan avec sa famille après la parution d'une nouvelle dans un journal et enfin Marié à Tolstoï dans lequel Roth voit en Amy une Anne Frank dont il tombe amoureux.
Roth nous propose un roman qui reprend plusieurs de ses thèmes favoris, celui qui le hante régulièrement étant la distance qu'il a pris avec la communauté juive qu'il s'est toujours refusé à défendre inconditionnellement au prétexte de la Shoah. On sent combien ce problème est douloureux pour lui, GOODBYE Colombus a été écrit 20 ans plus tôt et semble toujours omniprésent. L'autre sujet bien sûr, les femmes, toujours les femmes et Amy Belette est bien belle. Sûrement pas le meilleur de Roth mais pour les amateurs comme moi, ne le manquez pas il est surprenant passant du rire aux larmes.
ZUCKERMAN DÉLIVRÉ
Deuxième apparition en 1982 du double de Roth qu'on retrouvera régulièrement au fil des livres. Il vient de publier un roman à grand succès, Carnonsky un peu dans le genre de Portnoy, scandaleux et provocateur. Il se met à dos une partie de sa famille qui se reconnaît dans certains personnages peu honorables, il doit gérer un maître chanteur qui semble tout connaître de lui et, pour couronner l'ensemble il doit traiter son divorce avec sa quatrième épouse. Son père est mourant, ne lui parle pas et il comprend que sa famille le tient pour responsable de cet état de fait et lui fait grief de tout ce qui disfonctionne.
Heureusement Roth possède une grande dose d'humour pour égayer ce sinistre tableau et la lecture de ce roman est un vrai plaisir. Heures et malheurs de la célébrité version Philip Roth. Superbe.
LA LEÇON D'ANATOMIE
Troisième volet de Zuckerman enchaîné. Ce pauvre Zuckerman n'est que douleur, les ostéopathes lui ont expliqué que tout venait de sa façon de se tenir en écrivant à l'école, tout tordu. Il porte un col orthopédique mais sans grand effet, il est obligé de s'étendre par terre sur un tapis de jeu en regardant le procès du Watergate à la télévision où il compatit avec Nixon qui semble souffrir autant que lui. Privé de sa mère il a désormais quatre femmmes qui veillent sur en remplacement dont sa secrétaire qui, quand il n'arrive plus à lui dicter un texte, le rejoint sur le tapis pour une partie de sexe qui, par contre, ne le fait pas souffrir! Les trois autres femmes le rejoignent aussi, régulièrement pour la même activité et quand elles partent , le laissent abandonné sur le dos à la merci de n'importe qui. Atteint d'une maladie fantôme, Zuckerman perd ses cheveux, consulte à la Clinique Trichologique d'Anton. On lui dit que la perte de cheveux vient sûrement d'une contrariété, c'est la cause la plus fréquente, ce à quoi il répond que oui, c'est la chute de ses cheveux qui le contrarie. Tout va mal et son psy se demande s'il ne reste pas malade pour garder son harem!! Il se sent puni, obsédé par les dégâts causés par le succès de Carnovski qui a fait voler en éclat ses relations avec ses parents et son frère. Éreinté par le critique Milton Appel, il décide de se reconvertir dans la médecine et veut s'inscrire en fac, mais ce n'est pas si simple.
L'épilogue de cette histoire se situe à Prague sous le titre L'Orgie de Prague.
Zuckerman rencontre Eva et Sisovsky, la figure du père chez Roth, et ce dernier lui demande d'aller à Prague récupère des écrits sur son ex femme n'a pas voulu lui rendre. Il lui donne comme conseil de ne pas coucher avec elle avant de les avoir en main, mais Olga est une tornade…
Ainsi se clôt ce Zuckerman Enchaîné, englué dans ses problèmes liés à ses succès littéraires et à ses relations avec les femmes en général. Heureusement l'humour de Roth fait tout passer, et son humour est dans ce final dévastateur, qui s'il ne règle pas ses ennuis permet de les mettre à distance. Bien pratiques ces doubles de papier dont Roth aime se servir, il semble se libérer, se lâcher autrement que dans ses grands romans( très sérieux).
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}