Citations sur Leona, tome 1 : Les dés sont jetés (47)
« Je venais seulement ici pour qu’on m’aide à faire le deuil de mon fils, pour remettre de l’ordre dans ma vie après mon divorce. Pour me débarrasser de mes troubles du sommeil et de ce qu’Aimi considérait comme une addiction au poker. Toutefois, impossible de s’y méprendre. C’était bien mon patronyme au sommet de la page, précédant les indications suivantes : Délire sérieux. Tendances psychopathiques. Troubles de la personnalité antisociale ? »
Jouer celle qui ne comprenait pas, c’était mon unique option. L’effort nécessaire pour empêcher ma voix de trembler était monumental. Les battements de mon cœur avaient repris et suivaient désormais un rythme effréné.
Seuls les hommes peuvent perpétrer des crimes pour ce genre de raisons. Pour le pouvoir. Pour l’argent. Pour la liberté de tout laisser derrière soi.
" Je m'étais avouée vaincue. Il ne servait à rien de faire semblant. C'est comme si les gamins avaient un radar intégré qui détectaient le manque d'honneté. Mes sentiments pour eux avaient toujours été authentiques, mais je ne disposais tout simplement pas des compétences nécessaires. Je devais me résoudre à l'accepter. Admettre que je ne pourrais jamais leur donner tout ce dont ils avaient besoin. Je me l'étais repeté d'innombrables fois. Ca ne rendait pas la chose moins difficile".
Je fixais le même point sans ciller depuis si longtemps que mes yeux secs me picotaient. Cela m'arrivait souvent, quand je me laissais emporter par le fil de mes pensées. J'ai cligné deux fois les paupières pour me forcer à détacher le regard des lettres capitales que je voyais en miroir à travers la porte en verre de la salle de réunion.
C’est difficile à concevoir, je vous le concède. Mais il faut parfois savoir accepter que n’importe qui peut être un criminel, même ceux qu’on soupçonne le moins.
Cela dit, je n’aimais pas sa manière de me scruter. Ce genre de regard inquisiteur qu’ont les psychologues et autres thérapeutes. Comme s’ils essayaient de deviner toute la psyché d’une personne rien qu’en l’examinant. Je suis allée aux toilettes, me suis posée sur le couvercle du siège et me suis pris la tête entre les mains. Bien que je sois assise et immobile, je sentais le monde tourner autour de moi.
Un meurtre.Ce mot, que j’avais tant de fois lu, écrit et prononcé dans mon travail, était désormais porteur d’un sens nouveau. Quelque part au fond de mon crâne, une voix me hurlait de ne pas faire ça. La partie résolue de ma conscience étouffait sans peine ces gémissements, car je savais qu’il n’y avait pas d’autre solution.
Quand on prend ce travail au sérieux, on reste discret. On ne va pas faire le guignol dans ce genre de reality show financé par la publicité. Hélas, cette émission a fortement influencé l’image que le grand public se fait des médiums et décrédibilisé l’apport que nous pouvons offrir à une enquête criminelle.
Il n’y a pas d’honneur pour les personnes comme moi. Je voulais que les gens sachent quel genre de porcs dirige le pays, c’est tout. J’aurais tort d’espérer autre chose. Jusqu’ici, j’ai été dépeinte comme une menteuse par les médias. Une pute obsédée par la célébrité qui ne cherche qu’à causer des emmerdes. Aujourd’hui, je fais tout ce que je peux pour rester discrète. Je n’ai plus qu’à faire profil bas et attendre.