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Critique de Herve-Lionel


N°1903– Juin 2024.

L'homme du hasardYasmina Reza - Albin Michel

J'ai toujours pensé que les trains sont le lieu privilégié des rencontres les plus improbables. Dans un compartiment, un homme fait face à une femme qu'il ne connaît pas , il n'y a aucun dialogue entre eux et dans le tangage des boggies, chacun regarde le paysage défiler entre Paris et Francfort tout en laissant aller ses propres pensées. Lui ne la connaît pas mais elle l'a reconnu, c'est Paul Parsky., l'auteur du livre qu'elle a dans son sac, « l'homme du hasard » et qu'elle craint de lire devant lui. Elle, Martha, connaît toute son oeuvre et, en pensée elle s'adresse à lui sans qu'évidemment il le sache. Elle lui parle d'elle, de sa vie, de ce qu'elle sait de lui, de ses personnages, de ses livres, de ce qu'elle éprouve en les lisant… Elle s'imagine faisant un bout de chemin avec lui, commence à fantasmer Lui est plein amertume et après l'avoir ignorée en fait autant, après avoir;longtemps hésité, Martha sort son livre et Parsky s'intéresse à elle
c'est une pièce de théâtre mais j'ai plutôt lu ce texte comme un roman avec cette mise en abyme qu'aime Yasmina Reza, avec ce jeu entre les deux personnages, Paul qui ne se déclare pas comme l'auteur et en dit même un peu de mal et Martha qui se lâche.
J'ai lu ce texte comme une rencontre de hasard avec, pour Martha fascinée par l'écrivain et son aura créatrice avec tout ce qu'un simple lecteur prête à un auteur, avec peut-être pour elle une volonté de séduction. Quant à Paul, le fait de voir quelqu'un qui, dans une sorte de huit-clos, lit son dernier livre est à la fois flatteur et frustrant parce lui qui écrit pour lui et dans le secret de son imagination ne voit jamais son lecteur, ne parle donc jamais avec lui, n'a peut-être pas la moindre envie d'en rencontrer un, mais en a l'occasion. Pourtant il est tentant pour l‘auteur, surtout quand ce lecteur est une lectrice, évidemment attirante, de jouer ce jeu de l'anonymat ne serait-ce que pour mesurer ponctuellement l'intérêt de son public et recueillir éventuellement des critiques.
J'ai écouté cette pièce dans son adaptation radiophonique avec les voix de Jeanne Moreau et e Michel Piccoli. Un régal.


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