L'obélisque noir

Nous avons vu bien des cadavres pendant la guerre et nous savons que plus de deux millions d'entre nous sont tombés pour des prunes. Pourquoi sommes-nous si émus par la mort d'un seul être, alors que les deux millions de tués sont déjà presque oubliés ? Je sais: un individu s'appelle un mort et deux millions de morts forment une statistique.

En ce moment elle n'est qu'une pucelle du grand deuil. Plus tard elle sera l'épouse fidèle du souvenir.

- Rien à signaler, pas l'ombre d'un défunt. Mais je vous prie instamment, cher maître, de m'accorder une augmentation.

- Encore ? Et celle d'hier ?

- Hier ? Tu veux dire ce matin à neuf heures. Huit mille marks, une broutille. Je dois reconnaître que ce matin à neuf heures ça représentait encore quelque chose. Mais depuis, le dollar a fait des siennes, et à l'heure qu'il est, au lieu d'une cravate neuve, j'ai tout juste de quoi me payer une bouteille de vin.

A vrai dire, en cette fin d'avril, le feu ne s'impose guère. Mais le poêle est un truc de mon patron Georges Kroll. Il est persuadé que les personnes en deuil lâchent plus volontiers leur argent dans une pièce chauffée que dans une glacière. Si vous ajoutez au froid de l'âme un froid aux pieds, les cordons de la bourse ne se délieront point.

Wenn jemand früher sich seiner Jugend erinnern wollte, dann ging er an den Ort zurück, wo sie verbracht hatte. Heute kann man das in Deutschland kaum noch. Alles is zerstört und neu aufgebaut und fremd. Postkarte müssen es ersetzen.

Les femmes sont semblables aux furoncles, la nouvelle chasse l’ancienne.

Elle était jalouse, ça crevait les yeux. Et qui dit jalousie dit amour, tout le monde sait cela.

La créature humaine, dotée d’un incroyable talent pour le mensonge et l’illusion, se surpasse dans la littérature mortuaire.

Quelle démarche ensorcelante ! s’exclame l’admirateur. Elle ne se déhanche pas, vous avez remarqué. Elle fait de grands pas. Une vraie panthère ! Les femmes qui ondulent de la croupe sont des déceptions. Tandis que celle-là… ah! Je vous assure !

L’homme est sûr d’une chose : sa mort, et pourtant, avant d’en arriver là, il perdra ses forces, son astuce et son temps à exploiter son prochain jusqu’au trognon, à supprimer ceux qui le gênent, comme s’il devait vivre éternellement.