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EAN : 9791021041837
288 pages
Tallandier (20/01/2022)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Félicité de Genlis (1746-1830) est l'une des femmes les plus exceptionnelles de la fin du XVIIIe et du début du siècle suivant. Pédagogue à la destinée hors pair, elle est aussi une femme de lettres à l'oeuvre prolifique et diversifiée.
De petite noblesse provinciale, Mme de Genlis abandonne une vie aisée pour une domination qui la place au sommet de la société. D'abord dame pour accompagner de la duchesse de Chartres, épouse de Philippe, fils aîné du duc d'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Bonjour les Babélionautes! Aujourd'hui, c'est biographie!

-Super! le genre littéraire le plus naze, merci Déidamie!

-Comment ça?

-M'enfin, les bios, c'est nul, toulmonde le sait! Ce sont des bouquins dont tu connais la fin avant même de les ouvrir, ça craint! Et la structure, sans aucun intérêt, toujours pareille! Ils naissent au début, ils meurent à la fin. Oooh, mais quel suspense insoutenable!

-D'accord. J'ai emprunté Félicité de Genlis, la pédagogue des Lumières, de Martine Reid. Je suppose que tu connais tout du sujet?

-Mmf.

-Une femme qui a accompli un travail extraordinaire et qui est ensuite tombée dans l'oubli?

-OK, passe-moi ce truc.

-Voilà. Or donc, Stéphanie-Félicité Ducrest, future comtesse de Genlis, naît en 1746 et vit une expérience éducative originale.

-C'est-à-dire?

-On lui fiche une paix royale. Elle gambade, apprend à lire, à écrire, se passionne pour la musique, la harpe et le savoir. Adulte, elle consacre sa vie à la transmission et à l'éducation, tout en écrivant maintes oeuvres, essais, pièces et fictions! Quel dommage qu'on n'en entende pas parler davantage!

-Bon, peut-être que c'est mérité! Parce que, de ce que j'entrevois dans le bouquin, ses textes avaient l'air sacrément lourds, voire niais! C'a l'air beaucoup trop ancré dans son époque pour survivre aux siècles!

-Parce que Jean-Jacques Rousseau n'était pas dans son époque et ses écrits ont perduré grâce à la légèreté de sa prose et son absence totale de ridicule à nos yeux de fin-vingtième-siéclarde?

-Hé, mais on se calme! Je te rappelle que la Méchante, c'est moi!

-Désolée. Je suis un peu nerveuse.

-J'vois quand même pas l'intérêt de lire ce livre...

-Pourtant, il y en a un, et même plusieurs. La biographie se révèle éclairante sur un aspect méconnu de l'histoire de la littérature, la conception des Liaisons dangereuses par exemple, et sur l'activité des femmes en écriture.

Ensuite, Mme de Genlis est née en 1746: elle témoigne de ce qu'elle a vu en 1789 et au-delà. En outre, je n'ai pu qu'admirer sa soif inextinguible de connaissances et sa puissance de travail.

Et, en dernier lieu, l'éducation qu'elle a offerte aux enfants dont elle avait la charge m'a laissée pantoise! Cette pédagogue s'est construite presque seule et a compris d'elle-même l'importance de la pratique et de la polyvalence. Félicité, elle ne peut être que ma copine!

-Une copine qui reste réac' sur certains sujets, hein... la place des femmes, la royauté...

-Certes, mais sympathique sur tellement d'autres! Elle m'a donné envie de lire Zaïre, cette pièce oubliée De Voltaire.

-Moi, je me suis perdue dans les enfants, qui est qui... un petit résumé de qui est qui n'aurait pas fait de mal. Dès qu'on passe la cap du cousinage, je me paume dans les familles royales.

-Après, si on était un peu moins ignares en histoire de France, aussi...

-C'est marrant, ce qui s'est passé cet été... tu as trouvé ce petit roman d'elle, tu as relu Les liaisons dangereuses sans te douter de rien, tu as lu la bio, puis tu es passée sur 47 cordes qui parle d'un harpiste.

-Oui, amusant , en effet..."
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Elle a vécu une vie qui d'une héroïne de roman, de plusieurs même, a été de son temps un écrivain à succès, avec environ 140 ouvrages, éducatrice et pédagogue influente, elle a été dénigrée puis oubliée. L'engouement actuel pour les femmes artistes lui permet de sortir un peu de cet oubli, grâce en particulier à cette récente biographie, écrite par une spécialiste de la littérature des femmes.

Née en 1746 d'un père issu d'une petite noblesse d'épée, elle passe son enfance entre la Bourgogne et Paris, où elle réside dans la famille de sa mère. Son éducation est de plus rudimentaire et disparate, elle n'apprendra ainsi à écrire qu'à 11 ans, et elle fera cet apprentissage toute seule. Lorsqu'elle a 15 ans, son père ruiné part à Saint-Domingue pour tenter de se refaire (il mourra deux ans plus tard), et sa mère devra se débrouiller pour tenter de survivre avec ses enfants, en se faisant héberger par des amis ou parents fortunés. Elle va utiliser les talents de Félicité, en particulier sa pratique de la harpe, instrument qu'elle va mettre à la mode, pour briller dans les salons. Félicité profite des bibliothèques de belles demeures pour parfaire sa culture lacunaire, avec assiduité . Elle fait la connaissance de celui qui va devenir son mari, Charles-Alexis Brûlart, comte de Genlis. Nettement plus fortuné que Félicité, issu d'une famille illustre, le comte très amoureux, épouse Félicité en secret, à cause de l'opposition de sa famille, qui envisage un mariage plus avantageux. Elle a dix-sept, lui vingt-six. La famille du marié devra se résoudre à accepter Félicité, au début difficilement, mais la jeune femme a du charme et de la personnalité, et finira par vaincre les réticences.

Son mariage va lui ouvrir les portes du grand monde, et elle deviendra la dame de compagnie de la duchesse de Chartres, belle-fille du duc d'Orléans. Elle va devenir la maîtresse du duc, tout en gardant l'amitié de sa femme, et briller dans les salons. Mais ce qui la passionne très vite, c'est l'éducation. Mère de trois enfants, elle obtient après la naissance de jumelles princières, de devenir non seulement leur gouvernante, et cela de leur plus jeune âge, mais de créer un lieu spécifique, où les princesses seraient élevées avec quelques autres enfants, en suivant un projet pédagogique novateur. Ce sera Bellechasse. Les princesses seront rejointes par d'autres enfants, en particulier par deux petites anglaises adoptées. Madame de Genlis va ensuite se voir confier les fonctions de « gouverneurs » des deux fils du couple ducal, à l'encontre de toutes les pratiques de l'époque. Elle va ainsi former celui qui deviendra le roi Louis-Philippe. Elle va écrire toute une série d'ouvrages consacrés à l'éducation, et créer ce qu'on appellerait aujourd'hui des supports pédagogiques, livres, pièces de théâtre et autres, destinés à ses élèves. Tout dans la maison est censée stimuler la curiosité et donner matière à apprendre : ainsi, les tapisseries dans les chambres représentaient des bustes des rois et empereurs romains.

Elle résume son projet pédagogique dans un roman épistolaire, Adèle et Théodore ; publié en 1782 qui connaît un beau succès. Elle se positionne déjà, comme elle le fera jusqu'à la fin de sa vie, en opposition aux philosophes des Lumières, en accordant une importance capitale à la morale et la religion.

La révolution va mettre un terme à toutes ces expérimentations. le duc de Chartres, devenu duc d'Orléans, est favorable dans un premier temps à la Révolution, certains pensent qu'il pourrait prendre la place de Louis XVI, fortement déconsidéré. Mais la Révolution s'emballe, et il est exécuté en 1793, le mari de Madame de Genlis a connu le même sort. Elle a pu se mettre à l'abri en Suisse avec la princesse Adelaïde. Mais la situation est compliquée, car les positions politiques du duc d'Orléans provoquent une grande animosité d'une bonne partie des émigrés vis-à-vis de sa famille et de ses proches. Adélaïde finit par se réfugier auprès de sa tante, et Madame de Genlis prend la route, de refuge en refuge. Pendant dix ans, elle va multiplier les activités pour se procurer des ressources. L'écriture, bien sûr, mais bien d'autres choses, comme par exemple elle vend des dessins de motifs floraux à une fabrique de tissus imprimés, pour apparemment une belle somme. Elle se débrouille, en somme.

Elle peut rentrer en France en 1800, mais Paris a beaucoup changé, et elle a perdu sa fortune. Malgré une petite pension de Napoléon, elle va connaître une vie errante, de demeure en demeure, et de nouveau compter sur ses talents d'écrivain pour gagner sa vie. Ses ouvrages connaîtront souvent le succès, mais elle sera très attaquée, et dénigrée, aussi bien sur ses écrits que sur sa vie. Elle vivra jusqu'en 1830, juste pour voir arriver au pouvoir Louis-Philippe, dont elle a été le gouverneur, et qu'elle ne jugeait pas apte aux fonctions royales. Il lui fera de belles funérailles. Son oeuvre va tomber dans l'oubli, dès la fin du XIXe siècle, elle sera comme effacée en tant qu'écrivain. Sainte-Beuve va, sous couvert de sympathie, émettre un jugement qui va lui coller : sa vie aurait été bien plus intéressante que son oeuvre. Jolie et de commerce agréable, il regrette qu'elle ait tant écrit. C'est un peu ce que la postérité va graver dans le marbre. Il faut espérer que des rééditions de ses oeuvres permettent éventuellement de réévaluer ces appréciations, ou tout au moins que nous soyons en mesure de nous faire une véritable opinion sur la valeur de ce qu'elle a écrit.

Cette belle biographie, très documentée et très agréable à lire, donne envie d'approfondir aussi bien l'oeuvre de Madame de Genlis, que le contexte de l'époque, en particulier en ce qui concerne la littérature féminine, qui semble bien plus riche que ce que les manuels de littérature en retiennent habituellement.
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critiques presse (2)
NonFiction
03 mai 2022
Dans cette biographie très informée et documentée, Martine Reid réhabilite Madame de Genlis (1746-1830) et son œuvre, éclipsées par le XIXe siècle.
Lire la critique sur le site : NonFiction
LaCroix
21 mars 2022
Martine Reid s’intéresse à la vie de Madame de Genlis (1746-1830), pédagogue et femme de lettres, et livre la biographie de la comtesse passée de la petite noblesse provinciale à la haute société.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La plus grande licence sentimentale s'observe partout. Si elle alimente sans discontinuer la chronique mondaine, elle se retrouve aussi amplement illustrée et discutée, dans la production romanesque du temps, particulièrement attentive aux égarements du coeur et de l'esprit.
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Videos de Martine Reid (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Martine Reid
Martine Reid vous présente les ouvrages "Colette avant Colette" aux éditions Gallimard et "Monsieur Vénus" aux éditions Folio Classique. Entretien avec Blanche Cerquiglini.
Retrouvez les livres : https://www.mollat.com/livres/2981733/rachilde-monsieur-venus-madame-adonis https://www.mollat.com/livres/2947126/martine-reid-colette-avant-colette-trouver-sa-place-se-faire-un-nom
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