Capitaine Roger Blanc ermittelt, Band 3 : Brennender Midi

+++++++ LE MIDI EN FEU +++++++

Rassurez-vous ce titre n'a, heureusement, rien à voir avec des incendies qui ravagent, comme en ce moment la Nouvelle-Galles-du Sud de l'Australie, mais se réfère à la Provence, où le capitaine de gendarmerie, Roger Blanc, mène une enquête criminelle.

Une région que l'auteur allemand, Cay Rademacher, connaît particulièrement bien, puisqu'il s'est établi avec sa famille, en 2013, près de Salon-de-Provence. C'est aussi le terrain où ce rédacteur du magazine de qualité GEO depuis 20 ans, a mis son policier favori à l'oeuvre à partir de 2014, année du premier thriller dans la collection provençale. Fin 2018, il en était à son 5ème. "Le Midi en feu", son 3ème de la série, est sorti en 2016. Les 5 aventures peuvent se lire dans le désordre chronologique

Ce qui m'étonne franchement c'est qu'aucun polar provençal de Rademacher ne soit traduit en Français, d'autant plus que sa trilogie Hambourgeoise de thrillers, situés dans la ville hanséatique juste après la Deuxième guerre mondiale, l'ont été tous les 3 par l'éditeur "Le Masque" et que ces policiers provençaux connaissent un succès fou en Allemagne.
La trilogie d'Hambourg a, par ailleurs, reçu 63 appréciations sur Babelio.

Ce qui m'étonne également c'est que l'auteur, après ses études de l'histoire de l'Antiquité et de philosophie aux universités de Cologne et Washington, s'est mis à écrire des policiers. Bien qu'il ait publié 6 autres romans et des ouvrages sur le Christ, les Croisades et le paquebot transatlantique "Athenia" coulé par une torpille allemande en septembre 1939, avec à bord 1418 personnes parmi lesquels 500 réfugiés juifs. Une des victimes était Nicola, la fille de 10 mois du grand réalisateur de cinéma, Ernst Lubitsch (1892-1947).

La toute première phrase de l'ouvrage vous met tout de suite dans l'ambiance : "Le capitaine Roger Blanc n'avait encore jamais vu une sorcière". Et pas non plus un mort qui riait. Tout cela allait changer lors de cette terrible nuit où le lieutenant Marius (un prénom parfait pour le pays de Marcel Pagnol) Tonon lui appelle avec le message sibyllin : "Nous avons ici un grand sac de m.... , qu'il faut que tu voies". 

Il est 10 heures du soir, le dimanche avant le 1er septembre et donc la rentrée, que tous les flics de France craignent. Arrivé à Lançon-Provence, notre brave capitaine constate qu'il y a mort d'homme : le pilote d'un petit avion à hélice qui s'est écrasé dans une oliveraie. Et c'est là que se pointe la sorcière : une vraie de vraie et fille de sorcière, dont l'allure nous a tous fait frémir tant, lorsque nous étions gosses, que toute description n'en devienne superflue. L'auteur ne spécifie pas si elle y est arrivée en balai, mais l'inconvénient pour les 2 policiers c'est que la moche sorcière soit l'unique témoin de l'accident.

Il s'avère que tout près de l'endroit où l'avion a chuté il y a une base militaire pour l'entraînement des pilotes de l'armée, ce qui ne remplit pas de joie la population locale, surtout à cause du bruit à toute heure, y compris la nuit. le propriétaire de l'oliveraie, membre du conseil municipal et intéressé dans des investissements touristiques a même créé une organisation à cette fin, l'Albas ou l'Association de lutte contre le bruit aérien à Salon-de-Provence.

Selon le commandant de la base, le colonel Hubert Duret, il n'y avait aucun problème, ni avec l'avion qui était très bien entretenu, ni avec le pilote, Arnaud Matelly, qui avait obtenu son brevet. Pour l'expertise professionnelle de l'avion sérieusement endommagé, il faudra s'armer de patience, car cela risque de durer des mois.

Arnaud Matelly, qui est toujours attaché à son siège et blessé au visage semble faire une grimace qui donne à Blanc l'impression d'un rire. Selon le médecin légiste, la doctoresse Fontaine Thezan, le jeune pilote de 23 ans a dû mourir tout de suite après le plongeon fatal et probablement même avant que l'avion ne prenne feu.

Notre capitaine se trouve donc confronté à une ribambelle de questions, dont la plus importante est : s'agit-il d'une erreur humaine ou d'une défaillance technique de l'appareil ?

Est-ce qu'Arnaud Matelly a mal calculé sa descente, a-t-il été ébloui, avait-il des déficiences psychiques, prenait-il des drogues ou abusait-il d'alcool ? Voilà, pour le facteur humain. Pour le facteur technique, cela dépasse bien sûr les compétences des simples gendarmes ?

Ou y a-t-il eu un attentat, s'agit-il, en d'autres termes, d'un assassinat ?

Subsidiarement : que vient faire dans ce drame l'effrayante sorcière, qui répond au beau nom d'Ange Douchy ?

J'espère que la maison d'édition le Masque ou un concurrent procède prochainement à la traduction et la publication de ces thrillers de Provence, car Cay Rademacher sait construire un récit à suspense, a choisi un superbe cadre pour ses histoires et ne manque pas d'humour.

De l'informaticienne, fabienne Souillard, que Paris a envoyé dans le Midi pour l'assister, le capitaine Roger Blanc ne sait pas s'il s'agit d'un coup du ciel ou de la bureaucratie ?