Je perdis alors plus d’une fois la trace de mon existence et mon délire prenait forme de chiffres et ces chiffres exprimaient des nombres aux propriétés hostiles et malveillantes. Ils se coagulaient, ils se dissolvaient, ils se diversifiaient, ils se corrompaient comme de vulgaires êtres vivants ou des produits chimiques. Ils s’agitaient éperdument sans que j’intervinsse en rien dans leurs voltes et leurs chassés-croisés.
La Révolution devait s’inspirer des états contra-rationnels tels que le rêve, l’ivresse et certaines formes de la folie.
Nous avons tous en nous des facultés prophétiques, mais il n’est pas donné à tous de savoir les découvrir. Il faut pour cela que la raison se taise et que l’intelligence s’obscurcisse, il faut se laisser couler dans les abîmes de l’infrapsychisme, alors on connaît l’avenir.
Quand vous êtes amoureux d’une femme, vous ne vous intéressez pas aux autres.
Anglarès : Eh bien voilà. J'ai l'intention de regrouper toutes les sectes éparses et tous les groupes dispersés (...)
Il me tendit une feuille dactylographiée énumérant:
les polysystématiseurs
les co-matérialistes phénoménophiles
les télépathiciens dialecticiens
les sympathisants piatilektiens non réformés
les anthroposophes discordants
les dysharmonistes plurivalents
les Yougoslaves anticonceptionnels
les mediumnistes paralyriques
les fanatiques irrésolus partisans de l'ultrarouge
les spirites incubophiles
les révolutionnaires asymétriques purs
les polypsychistes intolérants
les terroristes antifascistes promussoliniens d'extrême-gauche
les fruitariens antiflics
les métapsychistes incoordonnés
les parachistes disséminés
la ligue pour les barbituriques
le comité de propagande pour la psychanalyse par correspondance
les socio-bouddhistes dissidents
les phénoménologues néantisseurs en inactivité
l'association des anti-intellectuels révolutionnaires
les révoltés nullificateurs intégraux
les syndicalistes antimaconniques initiés
et trente et un groupements belges.
Le vrai poète n’est jamais « inspiré » : il se situe précisément au-dessus de ce plus et de ce moins, identiques pour lui, que sont la technique et l’inspiration, identiques car il les possède suréminemment toutes deux. Le véritable inspiré n’est jamais inspiré : il l’est toujours ; il ne cherche pas l’inspiration et ne s’irrite contre aucune technique.
Ce n’est pas avec des timides qu’on fait la Révolution.
Toute ma vie je porterai mon idiotie sur mon dos. Ce sont des histoires de gosses, mais on s’en ressent. Rien ne s’efface et personne n’excuse : voilà la loi.
Je retournais en France, non pour y subir une existence vidée de toute réalité par mon désir d’infortune mais bien pour y lutter et vaincre, pour reconquérir ce que je croyais avoir perdu : l’amour d’une femme.
Être un homme dans le monde où je devais vivre, c’était déjà là une tâche ardue et difficile, combien plus difficile que de se mordre les dents ou de marcher sur les cheveux.