Un petit livre qui se lit très bien mais qui est également très complet. Il prenant en compte l'ensemble de l'oeuvre d'Antonioni avec toute sa subtilité, fait des liens entre les différentes oeuvres mais sans jamais les réduite à une unique idée. le livre nécessite d'avoir vu un certain nombre de ses oeuvres mais non de les connaître par coeur, les personnages sont toujours cités par rapport à leur oeuvre respective, les scènes très justement décrites. Un filmographie, biographie, et un repère chronologique sont également présents. A découvrir si vous êtes sensibles à ses oeuvres!
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Le cinéma comme autobiographie sentimentale
L'expression est de Tommaso Chiaretti, et synthétise les propos de l'auteur : " les personnages sortent de nous, ils sont notre intimité". Tout film est donc autobiographique " pas tellement en racontant ce qui a pu m'arriver mais en mettant dans le film ce qu'est mon état d'âme du moment ". Il est donc "tout a fait naturel de prendre la femme avec laquelle on a une histoire comme modèle, si on l'aime et qu'on l'estime. A ce moment-là, on ne sait plus si on cherche une femme pour soi-même ou pour le film qu'on a dans la tête". [voir Identification d'une femme]
Les choses et les formes prennent dans l'eclisse le pas sur les personnages et le mouvement, remplissant les cadrages dans lesquels les hommes semblent désormais se perdre. C'est le terme ultime de l'épure, le poème aux objets a mangé les être comme les signes minéraux de demain ( machines, métal, câbles, pylônes) agressent l'hypersensible Giuliana (Deserto rosso). Mais pendant la conversation sur la Patagonie, quelques plants d'objets représentent "une sorte de "distraction" du personnage. Il est las d'entendre toutes ces conversations, il pense à Giuliana". Selon Antonioni, l'objet est ainsi d'abord une forme sur laquelle poser le regard. De fait, les détails d'une rue ne seront jamais pour le cinéaste signifiants en eux-mêmes, mais ils prendront un sens particulier en fonction du héros qui les observe.
Aussi, le sens est-il rarement univoque. Au milieu du monde hostile des machines de Deserto rosso, le bateau participe de ce monde irrespirable (grosse masse de ferraille), mais il reste néanmoins porteur d'un ailleurs, de l'idée de mouvement. La force signifiante -encore démultipliée par la gamme chromatique- doit s'arracher comme avec difficulté à ce réel réfractaire.
Mettre en scène, c'est en effet jouer des rapports entre décors et personnages pous en tirer du sens.
Antonioni sonde les courants profonds pendant que d'autres se laissent porter par les vagues ou balancer par la houle.
Portrait de René Prédal, par Gérard Courant.