L'oncle Cesare et sa sœur Giovanna me disaient d'un ton fâché, en ennemis: "Tu n'es plus un enfant, essaie de comprendre. C'est comme si c'était ta maman." Alors je ne me dominais plus, aveuglé de colère, le cœur déchiré, je criais: "Moi, je vous dis que c'est une misérable. Et puis c'est la femme de papa, ce n'est pas ma maman, maman elle est morte."
Sur la place, les camarades de ma nouvelle école et ceux de rencontre savaient me distraire du cauchemar de la maison: douces soirées de l'adolescence, jeux violents d'enfants où j'éprouvais ma force pour la première fois, fier de découvrir ma résistance, la possibilité d'agresser et la noblesse de me soumettre.
Le peuple qui avait le plus souffert physiquement de la guerre, et qui l’avait maudite comme une maladie de son corps, s’inventait maintenant la promesse d'un temps nouveau, d'affections protégées et de certitudes, de foyers chaleureux et de tables débordantes, de sens rassasiés, d'amour et de charité, d'offrandes méritées.