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EAN : 978B003L9X41O
Poésie 1 (30/11/-1)
3.8/5   5 notes
Résumé :
De Bachelin à Venaille en passant par Martin, je ne vais pas analyser chacun des poètes groupés dans ce petit livre.

Jean Rousselot
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La poésie est maintenant partout , c'est à vous de la prendre par la main , et une fois la perplexité abolie , d'en faire la compagne de votre vie . Après quelques instants , vous vous étonnerez du temps perdu , et elle vous fera comprendre qu'elle était déjà près de vous , en vous , dans l'émerveillement de votre enfance . ( Daniel Gelin dans sa préface )
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Marie-Claire Bancquart


Ecrire en poésie...

Je suis quant à moi très attirée par les « choses de rien » couleur de légumes tombés sous les étals du marché; flaques-miroirs; odeurs d'un porte-monnaie ; détail de sculpture, très soigné malgré la grande improbabilité qu'on le regarde, tout en haut d'une colonne d'église; insectes fragiles et de structure complexe qui vous tombent sur un doigt, l'été. Tout cela vit fort, à la dérobée, et nous fait crier: « Terre! »

Mais ce n'est pas pour m'en tenir à ces choses que je suis en état d'étonnement devant elles. Pour moi, elles sont, à la fois, elles-mêmes et un rappel, d'autant plus notable qu'il est plus furtif, que nous appartenons à la totalité et à la vulnérabilité du monde. Elles font partie d'une formule de l'espace qui me séduit. Comme me séduisent certains paysages, essentiellement urbains. Ou encore des paysages avec ruines, telle la campagne romaine: avec celle-là intervient aussi une formule du temps, qui joue également dans l'évocation de légendes ou de mythes. On va de l'immédiat au passé, par courts-circuits, par sautes qui se déclenchent spontanément, comme, quelquefois, elles se déclenchent de la cerise à l'univers.

Ne croyant ni aux dieux ni à un dieu, je désigne par là un univers immanent, un ensemble de forces qui sont fragmentées dans les corps. A saisir sur-le-champ, ces fragments, dans un fragment de temps! Ils éblouissent alors; on ressent le besoin de les fixer. Mais, fragments, ils disent aussi un manque : ça vit, mais ça crispe et ça casse. On n'arrive pas à la saisir, la totalité. Dire que nous ne voyons même pas l'intérieur de notre corps ! Constamment transférée de la célébration à la réclamation », à la constatation d'une carence, c'est comme cela que j’ai du même coup été portée à écrire en poésie, selon un régime autre que l'écriture du (de la) critique littéraire que je suis d’autre part -aimant beaucoup essayer d'entrer dans les mentalités et techniques des autres - et encore autre que l’écriture de la romancière, qui invente des personnages et des situations.

Mon « écrire en poésie », c'est bien mon« être ». Mais il y a encore autre chose: cet« être» se dit avec et par un travail d’écrire. Un poète utilise une langue qui est à tout le monde. On ne l’invente pas, j'en suis persuadée. Je suis intéressée, mais pas conquise par les essais de transformations ou de biffures généralisées qui se sont manifestés depuis les guerres mondiales. Mais cette langue, un poète ne l'emploie pas à des fins de communication utilitaire, ou en essayant d'être compris tout de suite par tout le monde. C'est pour cela que le lecteur ou l’auditeur de poésie a souvent besoin d'une certaine préparation, dont on commence heureusement à sentir la nécessité. L’expression poétique est toujours en évolution, ce qu'il faut, bien sûr, comprendre et admettre; en outre, elle parle de ce dont on se tait souvent dans la société, le pas vendable : angoisse, mort, bonheur de riens ou (et) bonheurs extrêmes, élans. Ce qui constitue le fond dérangeant de la vie, quoi !

Les mots dans la poésie n'ont pas une signification univoque : comment serait-ce possible, puisqu'ils essaient d’exprimer une énigme, aussi bien de la joie que de l'inquiétant ? C'est bien certain, quand il s'agit d'un objet qui apparaît fantomal et fantomatique, miroir (carrelage); mais c'est vrai de tout ce qu'on regarde de près en se demandant ce que ça veut dire. Plus les choses sont simples, plus elles sont mystérieuses.
Pour moi, il en va de même, ou du moins on essaie qu’il en aille de même, dans le poème. Plus c'est simple, plus c’est travaillé de l'intérieur par des violences et des incertitudes. La difficulté ne vient pas d'une expression obscure qui épaissirait encore le mystère, mais d'un improbable, que la langue traverse d'une certaine lumière. Pour cela, elle se tait, aussi. Rôle du blanc: il est distance et silence, intervalle qui mime celui qui nous sépare du monde et de nous-mêmes, mais qui appelle aussi aux chaleurs et aux intimités, même précaires.Rôle des décalages: hoquets à l'intérieur du vers, ou surgissement subit d'un rythme traditionnel et apaisé. Jeu sur l’e muet, qui établit des à-peu-près dans le rythme. Tout cela en sachant bien que les mots ne sont qu'une approche, ne correspondent pas tout à fait aux choses, eux que j'ai appelés dans Énigmatiques « le braille du vivant »... Encore un intervalle, qu'on essaie de diminuer en écrivant au plus juste, mais sans se leurrer: on ne le supprimera pas.
N'empêche: ils sont une chance, les mots. Notre chance, notre privilège. On a tellement parlé du malheur du poète et de l'échec de la poésie, que je tiens à dire combien, malgré des difficultés en tout genre, la poésie me semble représenter un besoin vital, une énergie, un moyen d'« être (un peu) là » en approchant le monde.
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Mohamed Ben Achour

L’ÉCUME DÉFERLEMENT
DE PRIME, (1ère série)

. . .
— 1 —

Dieu…
vous parle en arabe, ou en latin

ou en araméen

ou en hébreu

ou en sanskrit, Dieu ! Il n’y a pas d’essence il n’y a rien à trouver
il n’y a autre chose que

ce qui est déjà

au delà de la frontière Temps on ne peut naviguer plus loin On ne peut que chercher chercher et dominer

ou se prostituer
chavirer
Géographie et disposition des terres

ne fonde que l’instituteur

qui lui forme l’institution.

L’histoire des mouvements et des systèmes et artefacts de langages humains
reposant sur une intuition
une et unique,

de monopolisation

. . .
— 2 —

Je pense que,

la technologie du parchemin des nations
(souffle d’interprétation fallacieuse



digne de la vie comme digne dans sa mort, brume pour ses fins des images


d’idéaux de paix en


venin sans propriété)
triomphe des saints, respire la mort des fleurs sur son chemin, mais y plante les grains
(mécanisme étatique monopolisateur).

Grince de l’acier sur les fêlures d’acier, y est — mêlé — comme la vie et la mort une tarte sans fin


&

. . .
— 3 —

Il ne reste du monde, la nuit,


que son vomi de béton.


Il ne reste du monde, que la vacuité,


lorsque l’inconscient, par sa fonction,


avale la ville et s’écrase sur le vide


la vacuité, administrative,


et les signatures de la civilisation


ici fut, ici eut, ici crut,


mais les âmes, pas branchées sur le temps


mais la vacuité, trace la présence de l’inconscient,


pèse sur nous, ce qu’a fait l’Homme !


Il n’y a que ce que l’homme vomit de sa conscience au réel, il n’y a que la sublimation du sens et du jugement.

.



.

ENSUITE, (2ème série)

1.

Crasse de ce qu’il en a à foutre

de ce que les hommes en parlent par milliards
Crasse de ce qu’il en a à battre

de ce que les hommes en fouettent à tout va
Crasse de foutre à titre de battre des humaines, foutre dans l’antre des crasses d’humains,
Dieu.

2.

Barde moteur, fantasme


empalement du rectum salut du divin réverbération à ressorts,

tout est pris sans fin

dans ce cercle sans la mort au sens du ressort par la bouche des voyeurs, comme les arbres tissés de liens invisibles sous des couches dures de réel,
 ce réel tas de merde obstrue la vie aux vraies connexions naturelles.

Crasse d’identité


et souffre de surpoids,

sale diversification


de l’ombre de l’Autre, pullulent à sept

voire huit milliards chacun.
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JEAN DUBACQ

Le bruit des moteurs travaille
au bel objet noir de la guerre
les avions ragent
derrière les barbelés
les pattes prisent dans le gazon .

Ne connaîtrons- nous que l'écume
des grandes houles du bonheur
que le matineux souvenir
des femmes aux nus nocturnes

la vie de craie
les vielles lunes aux mufles de craie
les sourires aux dessins de craie
qui dans le coup de torchon s'effacent ?

L'aube teinte les brouillards
comme le vin rougirait l'eau .

Quand même
les dernières lampes de la paix
brûlent bien au-delà du jour ....

Déjà les bombardiers du vent
détruisent l'automne au sol .
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Marie-Claire Bancquart

COMME SI LE MATIN SERVAIT TOUJOURS


Les statues assises
accueillent
dans les tombes étrusques.

Des paroles d'amie malade
traversent les murs.

Pourquoi ne veux-tu pas t'habiller de noir; un peu en avance ?
Pourquoi ne pas dire aux autres de venir au repas de mes funérailles,
que je présiderai ? Ce sera une manière de m'habituer à l'absence.
- Mais il ne viendra personne, répondons-nous. Ils savent déjà que
tu n'es plus au monde.

-Crève donc, dit-il
en lisant les annonces funéraires du journal.

Il n'aime pas les morts
leur manière de ne plus souffrir
de ne plus attendre
dans l'entre chair et peau
la tumeur gonflée, ou dans les os
cette vrille intermittente, qui creuse.

Peuh, les morts !
Lâchés dans leur trou
ils ne patientent plus sur un banc de métro
ils ne farfouillent plus au rayon « poésie »
pour trouver un recueil pas trop cher
ils ne demandent plus
s'il vaudrait mieux, comme en espagnol, un point d'interrogation
avant comme après la phrase en énigme.
Peuh, les morts !

Doucement
un rat monte depuis l'égout
marqué au même nom que la rue où ricane
le lecteur du journal, en route sans savoir
vers le mortellement correct de sa chronique à lui.
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Extrait de l'avant propos de Daniel Gélin : la poésie est maintenant partout , c'est à vous de la prendre par la main , et une fois la perplexité évanouie , la méfiance abolie , d'en faire la compagne de votre vie . Après quelques instants , vous vous étonnerez du temps perdu , et elle vous fera comprendre qu'elle était déjà près de vous , en vous , dans l'émerveillement permanent de votre enfance
Beaucoup de barrières vous séparaient d'elle , ou , plus exactement , de la conscience de son existence en vous : la pudeur de l'adulte , la déception de l'amant , la fausse virilité du soldat , la lâcheté du bourgeois et l'oubli , par le ronronnement du confort quotidien à acquérir ou à maintenir , cet oubli somnolent , des choses essentielles .
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