Merci à Babelio et aux éditions du Petit Pavé de m'avoir envoyé un exemplaire de ce livre dans le cadre de Masse Critique.
Mais, je pense que la présentation du livre par l'éditeur / auteur est trompeuse. Il ne s'agit pas d'un vrai roman. Les histoires que vivent
Sonia et les autres personnages ne sont pas élaborées littérairement, elles n'existent que pour apporter des expositions et des dialogues, qui sont en réalité de la non-fiction vulgarisée. Malheureusement, comme les histoires, cette non-fiction est décevante. Elles m'ont donné l'impression d'être datées.
Les histoires de fiction
Comme mentionné, les histoires ne forment pas un bel ensemble, un beau roman passionnant ou intéressant, mais ne servent que la partie non-fiction. le lecteur voit défiler certains problèmes de la société, mais cela n'apporte rien de nouveau. Il suffit de suivre les actualités pour savoir tout cela et bien plus.
En plus, le cadre m'a donné l'impression d'être dépassé. Les relations hommes-femmes sont basées sur des clichés d'une autre génération. Dans l'approche des nouvelles technologies on oublie de mentionner qu'aussi bien employés que chefs d'entreprise apprennent rapidement à gérer les nouvelles technologies pour ne pas épuiser le personnel (et donc rester rentable), et que ces technologies ont apporté beaucoup de bonnes choses aussi. Dans le végétarisme, les protéines ne forment aucun souci. Tout cela réfère à un monde d'il y a plusieurs générations déjà.
La partie non-fiction
Mais c'est surtout dans la partie non-fiction que ce côté désuet dérange. S'aider les uns les autres, être à l'écoute, la bienveillance, la solidarité, l'amour, ce sont des lieux-communs que l'on entend depuis tellement longtemps, mais qui sont toujours restés un rêve pour obtenir une meilleure société. Parce que cela ne repose pas sur une façon de vivre qui part de la réalité mais du monde fictif de l'égo.
Fred Poché part de l'individu en tant qu'égo. Il dit qu'on ne dépasse pas les obstacles de la vie sans points d'appui, sans croyances et sans convictions qui nous tirent vers le haut. A d'autres endroits, il parle de ‘l'âme' qui doit ‘s'élever' (il n'explique pas ce que ‘tirer vers le haut' ‘s'élever' ou ‘âme' veut dire. Même si
Poché ne part pas du christianisme, cela semble référer à ce monde, et dans ce cas ce serait honnête de le mentionner ). Mais pour cette bienveillance, même si on prend en compte tous les problèmes et toutes les solutions possibles ensemble, comme
Poché le propose, cela n'ira pas. Car les égos sont construits à partir d'idées, de croyances fictives. Ils doivent constamment se battre pour pouvoir continuer de croire en soi, et en plus toutes ces images doivent tout le temps s'adapter les unes aux autres. Il en résulte un monde plein de frustrations et de conflits, qui suce de l'énergie, mène au stress et aux burn outs, et aux guerres. Mais nulle part
Poché n'explore l'égo. Il met l'accent, au contraire, sur un profil de l'égo, celui qui est bienveillant. Mais une image ne connaitra jamais la bienveillance, l'amour véritable, et ne réussira jamais à mettre tout en ordre.
Poché est philosophe, et ces questions d'égo et de conscience sont actuellement étudiées en abondance par philosophes et scientifiques. Mais
Fred Poché n'en parle pas.
Conclusion
Ce livre a pourtant aussi de bons côtés. le style est fluide, les dialogues sont dynamiques (pas les dialogues de non-fiction, mais ils servent un autre but). le lecteur reçoit un aperçu rapide de problèmes présents dans la société, et j'ai aimé les passages qui parlent de
Sartre.
Mais la façon dépassée dont sont décrites les femmes et d'autres aspects de la société, est dépassée. Les problèmes énumérés existent, mais nous en savons plus si nous suivons l'actualité. Et les solutions proposées pour résoudre ces problèmes, sont basées sur des images, des idées, des idéologies, des croyances, ce qui n'a pas de chances d'aboutir.