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Critique de Gruizzli


Voila une bien étrange BD, qui semble osciller entre le polar noir et la peinture d'une époque (les années 60). C'est à la fois une jolie histoire d'un personnage déshumanisé par une société américaine belliqueuse qui se découvre des sentiments mais aussi une plongée dans la paranoïa des années 60, avant l'apparition de la contre-culture hippie et la massification des idées contre la guerre du Vietnam. Une paranoïa bien orchestrée par la CIA qui veille à la sécurité interne du pays, dans la plus pure rigueur et morale traditionnaliste.

Le récit est divisé en plusieurs chapitres, découpant la vie de Bibow, jeune homme issue d'une famille de ploucs crasseux et alcoolique du fin fond de l'Amérique, tous fiers d'avoir perdu une partie d'eux à la guerre. le ton est vite donné ! Mais en s'échappant de sa famille pour l'armée puis la CIA, Bibow décrit et retrace une Amérique qui commence à changer de visage et perdre ses idéaux. La guerre aura chamboulé tout le monde, y compris notre héros.
La suite est franchement sympathique et je me demande si le propos de la BD n'est pas de montrer l'idéologie qui a soutenu le mouvement hippie en passant d'abord par une représentation caricaturale et grossière mais volontairement engagé de l'Amérique d'alors. Ces hippies qui veulent l'amour et la paix sont alors moins des idéalistes issus de famille trop laxistes que des personnes engagées dans une vraie cause contre un vieux monde qui cherche en partie à les faire mourir dans des guerres qui défendent des impériaux capitalistes.

Si la fin n'est pas parfaitement satisfaisante et fait un peu trop film d'espionnage, je trouve que le début se tient franchement bien et développe quelque chose de plaisant et intéressant. J'ai aimé le fait qu'il montre différentes luttes de la CIA de son époque (peur communiste, peur des noirs, peur des homosexuels, peur des hippies …) et les moyens qu'ils étaient capable de mettre en oeuvre. Connaissant ce qu'elle a pu faire en Amérique Latine, je ne serais pas surpris qu'elle ait fait ce genre de choses sur son propre territoire.

La BD est vraiment plaisante, n'eut-été la fin qui semble un peu trop grossière par rapport au reste qui se tenait plutôt bien et faisait la part belle à ce qu'il se passait autour. La fin accélère un peu trop et aurait gagnée à développer une considération sur les hippies et la fin de leur mouvement. A ce titre, je pense que les deux personnages que l'on revoit à la fin auraient mérités plus qu'une simple apparition en clin d'oeil.
Par contre j'ai bien aimé la façon de finir en rebouclant sur elle-même, avec une sorte d'abattement sur la fatalité de chacun et l'impossibilité d'échapper à certaines choses. Bref, une histoire plaisante, des considérations sympas, des personnages attachants, à lire !
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