Celui qui parle le mieux de ce livre, c'est celui qui en a écrit la préface :
John Hunt.
Sir John Hunt. le vainqueur de l'Everest.
Voici ce qu'il dit :
"Ce livre est beaucoup plus que le simple récit d'une réussite.
Et ce n'est pas le moindre de ses mérites que de décrire d'une façon si vivante les petits incidents de la vie d'une expédition, l'ambiance dans laquelle elle se déroule, les contrées qu'elle traverse. Les faits quotidiens peuvent peut-être ne rien dire en eux-mêmes. Pourtant, ils sont fascinants pour un lecteur qui n'a pas vécu une expérience de ce genre et ne sait pas la beauté de ces pays étrangers.
[...]
Mais il y a encore bien plus que tout cela dans ces pages.
La manière dont Bernard Pierre parle de ses compagnons d'aventures et des sherpas en particulier, son humour typiquement « gaulois », sa plume qui vous enchante parce qu'elle ne s'embarrasse de rien lorsqu'elle vous confie les émotions d'un homme à l'heure des épreuves et du triomphe donnent à ce livre une profonde résonance humaine."
Voilà qui est bien dit et résume parfaitement ce que l'on trouve dans ce livre. Il est difficile d'écrire après cela, mais je tenter de rajouter quelques mots personnels.
Le Nun est un sommet himalayen de plus de 7 000 mètres. En 1953, il n'a encore jamais été gravi et Bernard Pierre met sur pied une expédition dans le but de le conquérir.
Il s'adresse à l'Himalayan Club à Darjeeling, l'organisme fondé par les Britanniques, qui mettait en rapport les alpinistes et les sherpas désireux de travailler avec eux, et qui édictait les règles concernant les salaires et toutes les conditions de travail.
Immense joie, Bernard Pierre apprend qu'
Ang Tharkay est prêt à faire partie de son expédition !
Notre alpiniste est ainsi assuré de disposer d'un atout précieux :
Ang Tharkay est à l'époque l'un des sirdars (chefs des sherpas) les plus expérimentés et les plus respectés.
Bernard Pierre raconte : la constitution de son équipe, les préparatifs, le voyage, l'ascension avec ses joies et ses difficultés.
C'est un récit très simple et sans fioritures, un récit franc et direct.
J'ai particulièrement apprécié certains passages, comme ces pages dans lesquelles sont rapportées des conversations étonnantes entre les alpinistes et les sherpas. Bloqués par le mauvais temps, les "sahibs" interrogent les sherpas pour essayer d'en apprendre plus sur leur mode de vie, et cela donne lieu à de savoureux échanges pleins de respect et d'amitié entre des hommes venant de deux mondes totalement différents. Cette fraternité que l'on sent entre les lignes est très belle.
Une montagne nommée Nun-Kun est aussi l'histoire d'une véritable aventure d'équipe : certains membres de l'expédition seront blessés ou diminués, mais tous auront oeuvré pour la réussite collective et Bernard Pierre conclut en écrivant que ce qui les a liés les uns aux autres est avant tout l'amitié.
Un court ouvrage, intéressant par son aspect historique et son aspect humain.
Dédié "aux sherpas, cette poignée d'hommes admirables", il a reçu en 1955 le Grand prix littéraire de la montagne.
Pour ceux que le sujet intéresse, je recommande le passionnant "
Mémoires d'un sherpa" d'
Ang Tharkay.