Un roman dont le sujet m'a d'emblée enthousiasmée, début janvier [2017],
je l'ai débuté aussitôt, mais avec ma fichue manie de débuter plusieurs
livres en parallèle, j'avais injustement abandonné celui-ci...Je viens d'en
reprendre la lecture...
Le récit est construit comme un choeur; chaque chapitre donne la parole
aux différents personnages...
- Jenna, la protagoniste centrale... Fillette de 13 ans, qui reprend les
recherches pour savoir ce qu'il est advenu de sa mère, disparue 10 ans
auparavant, alors qu'elle n'était âgée que de 3 ans !
-Alice, la mère, scientifique, grande voyageuse et surtout spécialiste
des éléphants, disparue des années, auparavant, dont on lit une
sorte de journal, de compte-rendus d'observations de ces animaux,
qui la fascinent...Son objet d'étude se concentre sur leurs rituels de
deuil et de chagrin...
- Serenity, voyante extra-lucide à laquelle Jenna s'adresse pour
l'aider à retrouver sa mère.
-Virgil, autre acolyte, inspecteur en service lors des faits, 10 ans
auparavant. Cette affaire qu'il souhaitait éclaircir, que l'on a dissuadé
de poursuivre ses recherches. Virgil a démissionné de la police, a tenté
de tourner la page, est devenu enquêteur privé. Jenna va le
retrouver, le houspiller pour qu'il reprenne l'enquête !
S'ensuit un récit à plusieurs voix, et la description minutieuse de
cette enquête, au coeur du paranormal, des fantômes, des esprits,
et de ces chers éléphants !
Un récit très habile, pleine d'émotions et de rebondissements, qui
maintient le suspens jusqu'au bout... et où la chute va se révéler
toute autre, déroutante, et insolite....
Une fiction où les animaux et les éléphants ont une place de
choix, ainsi que le surnaturel et les questionnements de toute recherche scientifique.
Un gros coup de coeur qui me donne grande envie de lire,découvrir les autres écrits de cette auteure, que je découvrais pour la toute première
fois , avec cette incroyable fiction polyphonique !
Ce roman est époustouflant; il m'a tenue en haleine jusqu'au bout...
j'ai été, de plus , captivée par la mine d'informations concernant ces magnifiques animaux, que sont les éléphants !
Un grand moment de bonheur et de fortes émotions... Un livre que
j'étais triste de quitter !!
In-fine, l'auteure a complété son roman, avec un récapitulatif de l'état
des lieux, assez préoccupant sur le sort des éléphants, à travers le monde...On comprend sa compassion et sa fascination pour ces
animaux extraordinaires.
"Note de l'auteure en fin de volume
Je me suis dit maintes fois, en écrivant ce livre, que les éléphants
pourraient bien être plus évolués que les humains-quand j'étudiais
les façons dont ils font leur deuil, le savoir-faire des mères avec
leurs petits, et leurs souvenirs. Si vous retenez quelque chose de
ce roman, j'espère que ce sera une conscience plus affirmée de
l'intelligence cognitive et émotionnelle de ces magnifiques
animaux- et la certitude que c'est à nous qu'il revient de les
protéger." (p. 444)
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Attention, avis de gros coup de coeur !
Parmi toutes les nouveautés achetées par ma bibliothécaire, j'ai choisi ce livre au hasard. Ne connaissant ni le titre, ni l'auteure et la première de couverture n'étant pas très expressive, je me suis fiée au court résumé assez atypique qui parlait d'éléphants. Quelle claque ! J'adore découvrir des pépites en dehors de mes habitudes de lecture que sont les thrillers et les polars, et celle-ci vaut son pesant d'or.
Jenna, 13 ans, n'a qu'un souhait dans l'existence : mettre enfin des explications sur la mystérieuse disparition de sa mère Alice 10 ans plus tôt. Décès ou fuite volontaire, la jeune fille veut savoir et pour cela, elle va s'adjoindre, un peu contre leur gré au départ, les services de Virgil, un détective privé alcoolique ainsi que ceux de Serenity, une voyante-médium dont le don n'est plus ce qu'il était. Ce trio improbable de personnages hauts en couleur va nous entraîner dans une déferlante d'émotions où l'humour fait quelques apparitions pour éviter que l'on ne sorte les mouchoirs.
Alice étant une chercheuse spécialisée dans le comportement des éléphants, des paragraphes magnifiques leur sont consacrés, pour décrire leur relation dans le groupe et surtout leur comportement face au décès d'un des membres. Un parallèle est fait avec les relations humaines : Jenna ayant grandi au milieu des pachydermes, elle sait qu'une éléphante n'abandonne jamais son petit, elle ne conçoit donc pas que sa propre mère ait pu délibérément la laisser alors qu'elle n'avait que trois ans.
La construction de ce livre lui donne énormément de profondeur. Il est écrit sous la forme d'un roman choral et chacun à leur tour Jenna, Alice, Virgil et Serenity s'exprime, dévoilant au lecteur des secrets sur leur passé que les autres ignorent.
Jodi Picoult ne se contente pas de nous offrir un roman bouleversant sur l'amour filial, voilà qu'à la page 320, en basculant dans la quatrième dimension, l'histoire s'intensifie dramatiquement. J'adore lorsqu'un écrivain me surprend au point de m'obliger à relire le texte pour m'assurer de n'avoir pas rêvé. Je n'en dirai pas davantage pour ne pas spoiler mais la fin est bluffante.
Avec "La tristesse des éléphants", Jodi Picoult veut attirer avant tout notre attention sur la situation critique des éléphants en Afrique, toujours victimes du trafic d'ivoire mais avec l'histoire de Jenna et d'Alice, elle nous invite également à profiter chaque jour de ceux qu'on aime. Un bonheur de lecture qui mérite amplement un 20/20. J'ai hâte de découvrir d'autre livres de cette auteure.
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Il faut que vous sachiez qu'il y a en Afrique quelque chose d'éminemment romanesque. Vous regardez un coucher de soleil et vous pensez que la main de Dieu vous est apparue. Vous voyez le bond souple et majestueux d'une lionne et vous en oubliez de respirer. Vous vous émerveillez devant le trépied géant d'une girafe penchée au-dessus de l'eau. Il y a en Afrique, sur les ailes de certains oiseaux, des bleus iridescents que vous ne verrez jamais ailleurs dans la nature. En Afrique, dans la chaleur de la mi-journée, des bulles se forment dans l'atmosphère. Quand on est en Afrique, on se sent primordial, niché dans le berceau du monde. Avec un tel décor, fait-il s'étonner que les souvenirs se teignent en rose ?
Si j'avais su alors ce que je sais aujourd'hui, j'aurais dit au maire que le fait de mettre des éléphants ensemble ne signifie pas qu'ils noueront des rapports amicaux. Les éléphants ont leur propre personnalité, tout comme les êtres humains, et de même que rien ne permet de penser que deux humains qui se rencontrent par hasard deviendront amis, deux éléphants ne vont pas se lier pour la seule raison qu'ils appartiennent à la même espèce. (p.14)
Je pratiquais, moi, une science cognitive. On ne pouvait pas la mesurer avec un dispositif de pistage géographique; on ne la trouvait pas dans l'ADN. Peu importait le nombre de fois où je notais que des éléphants touchaient le crâne d'un congénère mort, où qu'ils retournaient aux sites sur lesquels un ancien membre de leur troupeau était mort: dès l'instant où j'interprétais ce chagrin, j'outrepassais une ligne que les chercheurs ne sont pas censés franchir. Je prêtais des émotions à une créature non humaine. (p. 177)
Il est égoïste de penser que les humains ont le monopole du chagrin. Il existe des preuves solides montrant que les éléphants font le deuil de ceux qu’ils aiment.
Je ne bougerais pas tant que Maura ne serait pas prête à s'en aller. Je voulais être son troupeau, et lui rappeler qu'elle était toujours vivante, même si son petit ne l'était plus.
L'ironie de la situation ne m'échappait pas : je jouais le rôle de l'éléphant , alors que Maura se conduisait comme un être humain en refusant de cesser de pleurer son fils. L'une des plus stupéfiantes caractéristiques des éléphants vivant à l'état sauvage est leur capacité à manifester un violent chagrin, puis, de manière décisive et univoque, à passer outre. Pour les humains, cela paraît impossible. J'ai toujours pensé que c'était à cause de la religion. Nous espérons revoir dans une autre vie les êtres chers qui nous ont quittés. Les éléphants n'ont pas cet espoir, seulement les souvenirs de -cette- vie. (p. 269)
11 avr. 2023 #litterature #jodipicoult
L'auteure de *Mille petits riens* revient avec un roman qui donne littéralement une bouffée d'oxygène !
📘 **J'aimerais tant que tu sois là**, en librairie le 3 mai !