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Citations sur Poésies d'Alvaro de Campos - Le Gardeur de troupeau, au.. (159)

Je croise les bras sur la table, je pose la tête entre mes bras,
il faudrait vouloir pleurer, mais je ne sais pas provoquer les larmes...
J'ai beau m'efforcer à m'apitoyer sur moi-même, je ne pleure pas,
j'ai l'âme lézardée sous l'index ployé qui la touche...
Qu'adviendra-t-il de moi ? Qu'adviendra-t-il de moi ?

- Passage des heures -
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L’amour est une compagnie.
Je ne peux plus aller seul par les chemins,
Parce que je ne peux plus aller seul nulle part.
Une pensée visible fait que je vais plus vite
Et que je vois bien moins, tout en me donnant envie de tout voir.
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« Je suis un gardeur de troupeaux.
Le troupeau ce sont mes pensées
Et mes pensées sont toutes des sensations.
Je pense avec les yeux et avec les oreilles
Et avec les mains et avec les pieds
Et avec le nez et avec la bouche.

Penser une fleur c’est la voir et la respirer
Et manger un fruit c’est en savoir le sens.

C’est pourquoi lorsque par un jour de chaleur
Je me sens triste d’en jouir à ce point,
Et couche de tout mon long dans l’herbe,
Et ferme mes yeux brûlants,
Je sens tout mon corps couché dans la réalité,
Je sais la vérité et je suis heureux.
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Pouvoir rire, rire, rire effrontément,
Rire comme un verre renversé,
Fou absolument du seul fait de sentir,
Rompu absolument de me frotter contre les choses,
Blessé à la bouche pour avoir mordu aux choses,
Les ongles en sang pour m’être cramponné aux choses,
Et qu’ensuite on me donne la cellule qu’on voudra et j’aurai des souvenirs de la vie.
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BUREAU DE TABAC

Que la Nature déverse sur ma tête ardente
son soleil, sa pluie, le vent qui frôle mes cheveux ;
quant au reste, advienne que pourra, ou rien du tout…
Esclaves cardiaques des étoiles,
nous avons conquis l’univers avant de quitter nos draps,
mais nous nous éveillons et voilà qu’il est opaque,
nous nous éveillons et voici qu’il est étranger,
nous franchissons notre seuil et voici qu’il est la terre entière,
plus le système solaire et la Voie lactée et le Vague Illimité….

p.206-207
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Poèmes désassemblés II / C
  
  
  
  
Si je meurs jeune,
sans pouvoir publier un seul livre,
sans voir l’allure de mes vers noir sur blanc,
je prie, au cas où l’on voudrait s’affliger sur mon compte,
qu’on ne s’afflige pas.
S’il en est ainsi advenu, c’était justice.

Même si mes vers ne sont jamais imprimés,
ils auront leur beauté, s’ils sont vraiment beaux.
Mais en fait ils ne peuvent à la fois être beaux et rester inédits,
car les racines peuvent bien être sous la terre,
mais les fleurs fleurissent à l’air libre et à vue.
Il doit en être ainsi forcément ; nul ne peut l’empêcher.

Si je meurs très jeune, écoutez ceci :
je ne fus jamais qu’un enfant qui jouait.
Je fus idolâtre comme le soleil et l’eau
d’une religion ignorée des seuls humains.
Je fus heureux parce que je ne demandai rien,
non plus que je ne me livrai à aucune recherche ;
de plus je ne trouvai qu’il y eût d’autre explication
que le fait pour le mot explication d’être privé de tout sens.



/ Traduit du portugais par Armand Guibert
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Je porte dans mon coeur
comme dans un coffre impossible à fermer tant il est plein,
tous les lieux que j 'ai hantés,
tous les ports où j'ai abordé,
tous les paysages que j 'ai vus par des fenêtres ou des hublots,
ou des dunettes, en rêvant,
et tout cela, qui n'est pas peu, est infime au regard de mon désir.
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J’ai tout vu, et de tout je me suis émerveillé,
Mais ce tout ou bien fut en excès ou bien ne suffit pas, je ne saurais le dire –et j’ai souffert.
J’ai vécu toutes les émotions, toutes les pensées, tous les gestes,
Et il m’en est resté une tristesse comme si j’avais voulu les vivre sans y parvenir.
J’ai aimé et haï comme tout le monde,
Mais pour tout le monde cela a été normal et instinctif,
Et pour moi ce fut toujours l’exception, le choc, la soupape, le spasme.
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Le seul travail, c’est de ne rien faire
à la veille de ne jamais partir.
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POÉSIES d'Alvaro de Campos

À la veille de ne jamais partir
du moins n’est-il besoin de faire sa valise
ou de jeter des plans sur le papier,
avec tout le cortège involontaire des oublis
pour le départ encore disponible du lendemain.
Le seul travail, c’est de ne rien faire
à la veille de ne jamais partir.
Quel grand repos de n’avoir même pas de quoi avoir à se reposer !
Grande tranquillité, pour qui ne sait même pas hausser les épaules
devant tout cela, d’avoir pensé le tout
et d’avoir de propos délibéré atteint le rien.
Grande joie de n’avoir pas besoin d’être joyeux,
ainsi qu’une occasion retournée à l’envers.
Que de fois il m’advient de vivre
de la vie végétative de la pensée !
Tous les jours, sine linea,
repos, oui, repos…
Grande tranquillité…
Quelle paix, après tant de voyages, physiques et psychiques !
Quel plaisir de regarder les bagages comme si l’on fixait le néant !
Sommeille, âme, sommeille !
Profite, sommeille !
Sommeille !
Il est court, le temps qui te reste ! Sommeille !
C’est la veille de ne jamais partir !

27 septembre 1934
p.230-231
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