J'ai tendance à me méfier des livres incontournables, des page-turner au succès quasi unanime. Pourtant, là, exceptionnellement, j'ai eu envie de
Changer l'eau des fleurs et de me plonger dans ce roman au titre inédit qui promettait de belles émotions.
Et le charme a opéré.
Comment ne pas succomber à la douceur de Violette, ce petit bout de femme toute donnée aux autres ?
Comment ne pas être attendrie par sa gentillesse et son attention aux autres, aux trains qui passent et aux fleurs qui poussent ?
Comment ne pas hurler et pleurer à ses côtés quand les horreurs de la vie viennent frapper à sa porte ?
Comment ne pas être en colère face à son effacement, à sa transparence qu'elle choisit de vivre au quotidien ?
Comment ne pas avoir envie de la défendre corps et âme face au manque de respect de certains censés l'aimer ?
Et puis il y a Philippe Toussaint, son mari peu aimant qu'on déteste autant qu'on le comprend quand on sait d'où il vient, quand on découvre sa détresse, quand il ose être lui-même.
Et puis il y a Irène et Gabriel, qui se sont aimés par dessus tout, qui ont laissé des traces au-delà de leur mort pour que d'autres à leur tour, puissent choisir d'être heureux.
Et puis, il y a Julien, aimant, amant, patient, claudiquant avant de trouver sa béquille, son amour, sa raison de vivre.
Et puis, il y a Célia, l'amie bienfaisante, la perle qui diffuse sa bonté infinie, fidèle, discrète, inconditionnelle.
Et puis il y a Sasha, l'ange gardien, le bienveillant, le jardinier du cimetière et du coeur, le paisible, l'apaisé, qui aime et veille sur celle qu'il a adoptée, adorée, soignée. Sasha qui lui apprend tout : la vie, la mort, les fleurs sur les tombes, les mots, l'accueil, le thé ressourçant, le don de soi. Sans concession.
Et puis, il y a tous les autres dont les vies se tissent et se défont comme des fils, se rencontrent et se séparent comme des routes, s'aiment et se haïssent comme les humains.
Ceux qui font du bien. Ceux qui sèment la douleur sur leur passage.
Et puis, il y a moi, lectrice conquise qui me laisse bercer au gré des humeurs et des émotions, qui m'émerveille de la force de la plume de
Valérie Perrin, qui me laisse attendrir par la beauté d'une amitié ou la couleur d'une pensée, qui me crispe face à la perte d'un être cher ou d'une trahison perfide.
Il y a moi, lectrice chamboulée par la force des mots, la puissance des non-dits, les secrets entre les lignes.
Il y a moi, lectrice touchée qui ose ouvrir toutes les vannes de mes émotions à la rencontre des personnages de ce roman bouleversant.
Changer l'eau des fleurs est un coin de cimetière, un coin de paradis où l'humanité toute entière se rassemble pour vivre une parcelle d'authenticité, de vérité, d'éternité.