Si il est un écrivain dont on peut dire que l'écriture est une fine horlogerie dont le tic-tac, toujours régulier, soit réjouissant, c'est bien
Jacques Perret.
S'il excelle dans le roman, il nous ravit plus encore dans la nouvelle.
"Le machin" est un recueil de cinq textes de longueurs assez inégales.
"Le machin" est aussi le titre du premier texte.
Marcel Ledieu, concierge au n° 3 de la rue Belle-Venette, a recueilli de l'héritage d'une vieille tante, une voiture à bras chargée de camelote et Fifine, une petite chienne obèse qui trottine derrière la carriole.
Le sort de Fifine est vite réglé.
Elle sera adoptée par la teinturière, de l'autre côté de la rue.
Mais un objet est extirpé du bric à brac, un objet dont personne ne semble connaître ni la nature, ni la raison d'être.
Il n'est pas dévoiler le ressort de l'intrigue que de révéler qu'il s'agit d'un "vistemboir"....
Si vous n'avez pour "le vélo" ni vraie sympathie, ni curiosité, passez outre le deuxième texte et essayez de la nouvelle suivante, car
Jacques Perret ne traite jamais un sujet en bluette.
Il vous prévient de l'existence de passages un peu rudes qui ne toucheront que les amateurs.
Après avoir suivi, assez docilement je dois dire, ce conseil de l'auteur, je suis revenu en tapinois dès la dernière page du recueil refermée vers ce deuxième texte, petite digression si originale, qu'il serait dommage d'en manquer une ligne.
"Le pique-nique" est une aventure familiale et sylvestre.
Jacques Perret nous conte l'histoire, à la fois simple et extraordinaire, d'Émile, ce polisson, qui a vu, conséquence de ses deux forfaits, tomber sans crier gare, sur sa pauvre tête, une punition qu'il ne trouve pas si terrible :
il sera exclu du grand pique-nique annuel familial.
Il devra en profiter pour tenir compagnie à la vieille tante Mathilde.
Mais c'est sans compter sans la mansuétude de l'oncléon...et sans la bête noire, un sanglier bourru et mal élevé....
"La virée" n'est pas un conte philosophique.
L'auteur prévient qu'il ne veut pas rater ce qu'il n'a pas entrepris.
Quatre matelots du "Baracouda", un cargo de trois mille tonnes bien pesées, vont s'embarquer pour cette histoire.
Accompagnés de l'auteur, il y a Patrick, l'irlandais ; Pablo, un vieil espagnol et John, américain de Virginie et clochard de bonne famille.
Le cargo se trouvait mouillé, le soir du 24 décembre 1924 devant Michucaco, port Caraïbe.
Michucaco vaut le déplacement. La nuit de Noël s'annonçait assez bien.
Lorsque l'interdiction d'aller à terre est signifiée à l'équipage au début du repas avec le plat de tomate aux oeufs durs.
Une virée, qui semblait pourtant bien en mains, va se fourvoyer alors dans un cirage pas banal.
Et Jacques perret nous fait le récit d'une muflée, d'une cuite à quatre qui est un véritable bijou d'ironie, de fantaisie et d'humour....
"Le cartable" est un instant de nostalgie. C'est un inventaire de souvenirs, un petit texte que l'auteur aurait voulu terminer sur une note un peu futile et enjouée mais en fouillant, une dernière fois, dans sa besace il n'y a trouvé qu'un vieux préjugé d'écolier pour qui la rédaction passable est toujours améliorée par une fin triste.
Lorsque j'ai refermé, avec regret, ce recueil de nouvelles, je me suis dit qu'il était assurément le meilleur livre de
Jacques Perret.
Mais parvenu au terme de chacun de ses ouvrages, je me fait cette même réflexion.
Peut-être que
Jacques Perret n'a écrit que des "meilleurs livres" ou alors j'ai une chance insolente !