Un volume de l'Histoire Générale de la Chine, nettement conçu, écrit et ordonné, très informatif et aussi très formateur. La période, d'abord, est clairement circonscrite : de la révolution de 1911 provoquant la chute de la dernière dynastie, à la prise du pouvoir par Mao en 1949. La première partie fait le récit des événements de ce temps, en situant le rôle du PC à sa juste place, comme acteur historique et non plus comme inévitable destin. La seconde aborde l'histoire économique, politique, sociale et culturelle de cette Chine comparable à celle des "Royaumes Combattants" antérieurs à la centralisation impériale : créativité, foisonnement, expériences en tous genres, jaillissement de la nouveauté et intense curiosité pour le monde extérieur. Dans cet ouvrage, le prix à payer pour tant de science est un certain manque de charme dans le style et l'expression, beaucoup de lourdeurs et de maladresses de langue.
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L'idée d'une réforme de la langue comme étape obligée d'un processus de modernisation n'est pas propre à la Chine. La Turquie connaît par exemple des débats très semblables à la même époque. Elle n'est pas totalement nouvelle non plus. Dès la fin de la dynastie des Qing, certains intellectuels commencent à s'interroger sur l'influence de la langue (et notamment de l'emploi des caractères chinois) pour expliquer le retard qu'accuse la Chine sur les grandes nations occidentales. Dans les années qui suivent immédiatement la révolution, les jeunes institutions républicaines mobilisent certains des esprits les plus brillants de l'époque (Lu Xun) afin de mener une réflexion sur la langue et en particulier la nécessité d'une certaine standardisation.
Cependant, le mouvement du 4 mai est particulièrement remarquable car il fait de la promotion de la langue vulgaire, le Baihua, un de ses principaux chevaux de bataille... Il convient de rappeler que la diglossie entre la langue classique (wenyan), utilisée à l'écrit, et la langue parlée, est alors extrêmement accusée. Le Baihua peut être défini comme un proche dérivé de la langue parlée. Il se caractérise avant tout par le recours privilégié à des termes composés de deux caractères (procédé qui, à l'oral, permet d'échapper à l'ambigüité que font naître les innombrables caractères homonymes) et une construction syntaxique relativement explicite. Il s'oppose à l'extrême concision de la langue classique, souvent source d'ambigüité ...
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Nous nous efforcerons, enfin, de dissiper une certaine légende noire de la période, et, comme ont déjà commencé à le faire d'autres historiens, de montrer que, même en l'absence d'un pouvoir central fort, le pays enregistre des avancées significatives notamment dans les domaines de la construction de l'Etat, du développement économique, de l'éducation et de la vie intellectuelle.
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