Il est plaisant de voir des oeuvres anciennes remises au goût du jour par l'intermédiaire d'auteurs et de metteurs en scène ingénieux. Elles permettent de perdurer dans le temps, de continuer à vivre, au-delà des siècles. C'est le cas avec ce récit de
Marcel Pagnol, adapté en bande-dessiné par
Véronique Grisseaux et dessiné par
Luc Brahy.
Dans cette histoire du siècle passé, Gaby, une jeune femme bourgeoise et oisive, entretenue par ses amants, se retrouve soudainement ruinée. Pour pallier à ces pertes d'argent et de bijoux, son père et son cousin et amant Robby, lui proposent un plan d'enfer : elle doit séduire Ferdinant, un quidam, futur héritier qui ne sait pas encore qu'il va bientôt être riche. Une escroquerie bien huilée, qui doit se conclure rapidement à un mariage. Mais à sa grande surprise, Gaby va se retrouver partagée entre mensonge, honnêteté, culpabilité, amour, opportunisme et avarice.
Cette oeuvre, qui est à la base une pièce de théâtre, se déroule en huis-clos, presque entièrement dans la villa de la jeune femme. J'ai bien aimé les dessins que j'ai trouvé élégants et travaillés et qui m'ont fait pensé aux vieux films du siècle dernier. Ils nous mettent parfaitement dans l'ambiance de ce XXième siècle mondain, plutôt froid, où l'apparence jouait un rôle essentiel. On se retrouve complètement immergé dans les moeurs de l'époque, via une belle satire des bourgeois des années 1950.
Car comme le titre l'indique, dans
Gaby ou la belle et l'argent, il n'y est question que d'argent… ou presque ! En tout cas, les sentiments y sont absents. Gaby est une jeune femme froide, superficielle, sorte de coquille vide qui semble ne rien ressentir aux contacts des hommes. Elle le dit elle-même, elle ne connaît pas l'amour. Depuis son plus jeune âge, son père la pousse à s'acoquiner avec de riches héritiers, dont elle devient l'amante. Ainsi, elle a bâti sa fortune sur l'argent des autres. Une entreprise qui avait admirablement marchée… jusqu'à Ferdinand.
J'ai aimé l'ambiance générale, j'ai également aimé le ton caustique et cynique de l'auteur. Certaines scènes sont cocasses et prêtes à sourire. Enfin, j'ai aimé re-découvrir
Marcel Pagnol, bien connu pour ses romans, mais bien moins pour ces autres oeuvres. Les plus attentifs pourront percevoir des traits caractéristiques de l'auteur : le Sud, le soleil, le chant des cigales,… Cette édition est un bel hommage à cet auteur emblématique de Provence, pour commémorer les 50 ans de sa mort, survenue le 18 avril 1974.
Une pièce de théâtre de
Marcel Pagnol adapté en bande-dessinée pour faire perdurer cette histoire des années 1950. Un huis-clos intéressant, sorte de comédie caustique, où il y est question d'une femme oisive, obnubilée par l'argent.
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