Je remarque que dans la blogosphère, la plupart des blogs sont axés jeunesse et littérature Young-Adult (jeune adulte). Même si mon blog est plutôt dans une optique éclectique tout en étant axé classiques et littérature contemporaine, j'essaie de me diversifier le maximum : c'est l'un des objectifs que je me suis fixé. C'est dans cette optique là que j'ai tenté de lire
Delirium, tome 1 de
Lauren Oliver en partenariat avec Hachette Jeunesse. Ce livre fait en effet partie de cette vague Young-Adult notamment des
nouvelles générations de dystopies (opposée de l'utopie : qualifie des livres qui représentent une société ayant dérivé vers des totalitarismes et des fonctionnements aliénants réduisant les libertés humaines fondamentales) et représente un de ses grands succès.
Je vous avoue directement que je ne suis pas séduite par cette lecture. D'abord il y a cette thématique de l'amour interdit que revient dans pratiquement toutes les dystopies y compris les classiques du genre. le thème principal est donc sans grande originalité et fait figure de stéréotype qui aurait gagné à développer une identité propre plus particulière au livre. Ensuite c'est toujours le même problème, j'ai terminé ce texte il y a quelques semaines et déjà j'en ai oublié les trois quarts (heureusement que j'ai pris des notes pour écrire cette chronique). Je ne suis vraiment pas attirée par ces livres qui proposent un divertissement pur sans autre intérêt que de tromper l'ennui pendant quelques jours. Avec cette lecture je ne me suis même pas évadée. Ce qui m'attache à un texte c'est généralement de m'y heurter, de nouer une relation avec les mots et les personnages. Un texte qui m'a accrochée me hante encore des années après la lecture : c'est ça que je recherche dans le livre. Je l'ai trouvé avec de nombreux bouquins jeunesse, albums, BD, classiques etc. il ne s'agit donc pas d'une question de genre. Mais ici, rien.
La plupart des personnages m'ont peu marquée à part peut-être
Hana qui porte en elle quelque chose de touchant et qui appelle la sympathie. J'ai l'impression que les caractères ne sont pas assez travaillés certains personnages sont du côté des gentils, d'autres du côté des méchants et entre les deux il y a ceux qui ont sub
i le Protocole. C'est une logique trop binaire et manichéenne pour être crédible. Les doutes et les changements de camp progressifs sont seulement esquissés ce qui laisse entrevoir des personnalités lisses et plates. Lena ne m'a pas du tout emballée, c'est une jeune fille qui flotte à la surface d'elle-même et se laisse emporter au gré du faible courant de ses idées.
Ce que je reproche le plus à cet ouvrage c'est sans doute le manque d'originalité, de réelle recherche. D'autres avant ont dit la même chose et bien plus encore d'une bien meilleure façon. Je pense bien sûr aux classiques de la dystopie (1984 d'Orwell,
Fahrenheit 451 de
Ray Bradbury ou encore
le Meilleur des mondes d'
Aldous Huxley) mais aussi à des textes comme
Globalia de
Jean-Christophe Rufin. Par exemple pour cette histoire de Nature et d'évasion du couple Lena/Alex dans cette autre réalité j'ai eu l'impression de lire une mauvaise copie d'un passage de
Globalia. Inventer un monde relevant de la dystopie c'est s'ancrer dans une tradition littéraire mais aussi s'en démarquer pour trouver sa place. Ici, je n'ai eu droit qu'aux clichés les plus topiques : un couple alors que l'amour est interdit, un arsenal de répression publique fort, une décérébration de l'individu, une société parallèle qui se construit en opposition etc. Je ne me satisfait pas du tout d'une succession de clichés repris et même pas travaillés dans un sens ou dans l'autre : j'appelle ça traditionnellement de la soupe.
De plus, pour moi cet ouvrage est clairement adressé à un public de collégiens et c'est dommage qu'un livre se concentre autant dans ses thématiques générales et par son écriture vers un seul public. Et je dis cela en considérant le fait que d'autres livres jeunesse peuvent très facilement trouver un public non négligeable chez les adultes.
Finalement, ce bouquin n'était pas du tout pour moi et à l'avenir je ne pense pas me replonger dans ce type de lectures (je ne lirais donc pas le tome 2) sauf si éventuellement un autre livre me tente vraiment et semble se démarquer.
Lien :
http://www.lenlivree.com/201..