« Tout est plaisir pour un coeur voluptueux »
Aux bergères et aux bergers, voici un texte à lire comme une danse de mots écrite au pinceau ;
Pour cet art de jouir, j'éviterai tout commentaire « puérillement entortillé » en me contentant de citer son auteur.
D'abord, un avertissement aux courtisanes impudiques : « Il sortit moins de maux de la boîte de Pandore, que du sein de vos plaisirs »…
Mais il y a peut-être pire : « Loin d'ici surtout race dévote, qui n'avez pas une vertu pour couvrir vos vices ! »
Le Plaisir est le « Maître souverain des hommes et des dieux »…
Aux Belles qui consultent la raison pour aimer : « La raison emprunte ici, non le langage, mais le sentiment des Dieux ».
« Jouissez, Phylis, jouissez de vos charmes : n'être belle que pour soi, c'est l'être pour le tourment des hommes. »
Phylis et Hylas, Ismene et Ismenias, Flore et Turcis, Sylvandre, Climene…Notons ici une profusion de prénoms pour des enfants à naître…
Themire : « son transport s'éleva jusqu'à la fureur. Quoi ! disait- elle, le sort de Tantale m'est réservé dans le sein des plaisirs ! »
Amour : “Je reconnais ton ombre immortelle, aux fleurs que la volupté sème sur tes pas”…
La voix, l'odeur, le toucher : « Toutes ces voluptés badines qui changent les heures en moments…”
Sapho enseigne au berger désappointé: “Quand on prend de l'amour, on peut prendre une amante; le plaisir se lasse de mentir.”
Ninon, Cloe, Agnès, Suzon… vous les connaissez ?
Et bien Suzon regarde discrètement les mystères d'amour : “Trop attentive, pour n'être pas distraite, elle semble machinalement céder à la voluptueuse approche des doigts libertins...”
Et enfin aux déserteurs du culte de Cypris ! : “tout est femme dans ce qu'on aime”.
Notre berger, philosophe épicurien de son état, j'ai nommé
Julien Offray de la Mettrie, ne pouvait couronner son oeuvre que par “
L'art de jouir”.