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Critique de 5Arabella


Monsieur K, écrivain reconnu est invité par une université américaine pour plusieurs mois. Sa femme l'accompagne, car il traverse une grande crise. Leurs enfants devront donc se débrouiller seuls, et la maison restera en fait sous la responsabilité de Mâ, la seule fille. Elle devra avant tout prendre en charge Eoyore, l'aîné de la famille et handicapé mental, tout en tentant de poursuivre ses études.

Il y a des écrivains qui ont un univers très identifié, dans lequel on plonge à chaque fois, comme dans un terrain familier. Et puis il y a ceux, plus rares, qui semblent réinventer à chaque fois, et même lorsqu'ils traitent des sujets proches, arrivent à le faire d'une autre façon, sous un angle totalement différents. C'est le cas de Kenzaburô Ôé, qui se renouvelle. A chaque lecture que je faite jusqu'à maintenant son écriture et son approche des choses changent.

Une existance tranquille est un livre étonnant, où l'écriture semble minimaliste, comme les notes prises au jour le jour par Mâ pour laisser à ses parents une trace du quotidien vécu par les enfants qu'ils ont laissé. Mais bien sûr cette apprarante simplicité cache des montagnes de subtilité et de compléxité, comme cette existence soit disant tranquille est pleine de drames, de souffrances, de problèmes. Mâ semble ne rien remarquer de mal, ne critique personne, essaie d'être lisse sans cesse, ne se plaint pas, trouve des justifications aux autres et prend tout sur elle. Et malgré cela, nous voyons les gens tels qu'ils sont avec leurs faiblesses et petitesses, voire leur horreur, mais tout cela sans aucune lourdeur. le second degré est terriblement présent, et le tableau de Monsieur K, qui est en partie l'auteur lui même est particulièrement réjouissante, car on ne peut pas dire que Ôé donne une image particulièrement idyllique de sa personne. Ronchon, égoïste, abandonnant sa famille, un peu ridicule parfois (en plombier amateur entre autres), il ne se fait aucun cadeau.

Le livre est très discursif, suit le rythme du quotidien et de ses aléas et répétitions, cours, repas, sorties à la piscine, discussion sur Stalker de Tarkovski, sur Céline (Mâ lui consacre son mémoire). Mais en même temps il aborde l'air de rien, tout en legèrté des sujets essentiels, comme la place des handicapés dans la société, le regard que les gens "normaux" portent sur eux. Difficile en fait d'évoquer tous les aspects et thèmes du livre, il est beaucoup trop riche pour cela. Il ne vous reste qu'à le lire...
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