Il me faut avouer que je n'ai jamais lu de roman de
Thomas Hardy et que je n'ai que de vagues souvenirs de l'adaptation ciné de
Tess d'Urberville. Ce n'était pas nécessaire, me semble-t-il, pour apprécier ce roman de
Christopher Nicholson (déniché à la bibliothèque, ce bleu ensorcelant de Quai
Voltaire allié à la thématique
Hiver ne pouvait que m'attirer) mais j'aurais bien aimé lire la note du traducteur avant plutôt qu'à la fin du livre : l'épisode romancé ici, celui d'une mise en scène théâtrale de Tess et de l'attrait du vieux
Thomas Hardy pour son interprète, au grand dam de sa seconde épouse, est rigoureusement conforme à la réalité. On comprend que le vieil homme s'est surtout consacré à son oeuvre, ses romans puis ses poèmes, à la maison du Dorset qu'il a lui-même construite et dont il n'est pas question de modifier quoi que ce soit, surtout pas les arbres, et qu'il s'est laissé égoïstement aimer par ses deux épouses dévouées. Dans cet
hiver physique et symbolique à la fois, le personnage plein de fraîcheur de Gertrude Bugler, la jeune comédienne amateur pressentie pour jouer Tess, donne lui aussi une image très positive du romancier et les manoeuvres jalouses de Florence (la seconde épouse) n'écorneront pas vraiment celle-ci. Dans ce contexte pesant, on perçoit d'autant plus le piquant passionnel de la crise de paranoïa de Florence.
L'analyse minutieuse et subtile des relations au sein du couple Hardy, le regard du vieux romancier sur la création, sur son oeuvre passée (le roman se passe en 1924 alors que
Thomas Hardy a publié son dernier roman en 1897), son rapport aux femmes en général, le lien entre l'oeuvre et la vie sont vraiment très bien rendus par
Christopher Nicholson, qui ne manque pas d'humour caustique, mais il me faut avouer que je me suis ennuyée parfois, sans doute oppressée moi aussi par l'emprise de l'
hiver et des arbres sur cette histoire parfois un peu longuette. (Remarquez que l'objectif est paradoxalement atteint…)
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