Chacun sait que dans les rêves on ne voit jamais le soleil, bien qu'on ait souvent la perception d'une clarté beaucoup plus vive.
Ici a commencé ce que j'appellerai l'épanchement du songe dans la vie réelle.
Non ! Disais-je, je n'appartiens à ton ciel. Dans cette étoile sont ceux qui m'attendent. Ils sont antérieurs à la révélation que tu as annoncée. Laise moi les rejoindre, car celle que j'aime leur appartient, et c'est là que nous devons nous retrouver.
"Pendant mon sommeil, j'eus une vision merveilleuse. Il me semblait que la déesse m'apparaissait , me disant : 'Je suis la même que Marie, la même que ta mère, la même aussi que sous toutes les formes que tu as toujours aimée. A chacune de tes épreuves j'ai quitté l'un des masques dont je voile mes traits, et bientôt tu me verras telle que je suis'. Un verger délicieux sortait des nuages derrière elle, une lumière douce et pénétrante éclairait ce paradis, et cependant je n'entendais que sa voix, mais je me sentais plongé dans une ivresse charmante."
Les Nuits d'octobre
Tiens, le mal de tête s'en va... oui, mais la voiture est partie. Restons, et tirons-nous de cet affreux mélange de comédie, - de rêve, - et de réalité.
Pascal a dit::
"Les hommes sont fous, si nécessairement fous, que ce serait être fou par une autre sorte que de n'être pas fou. "
La Rochefoucault a ajouté :
"C'est une grande folie de vouloir être sage tout seul. "
Ces maximes sont consolantes.
Chacun sait que dans les rêves on ne voit jamais le soleil, bien qu'on ait souvent la perception d'une clarté beaucoup plus vive.
Il y avait de quoi rendre fou un sage ; tâchons qu'il ait de quoi rendre sage un fou.
Ceux que j'aimais, parents, amis, me donnait des signes certains de leur existence éternelle, et je n'étais séparé d'eux que par les heures du jour. J'attendais celles de la nuit dans une douce mélancolie.
Je me vis ainsi amené à me demander compte de ma vie, et même de mes existences antérieures.
Ce rêve si heureux à son début me jeta dans une grande perplexité. Que signifiait-il ? Je ne le sus que plus tard. Aurélia était morte.
Je n’eus d’abord que la nouvelle de sa maladie. Par suite de l’état de mon esprit, je ne ressentis qu’un vague chagrin mêlé d’espoir. Je croyais moi-même n’avoir que peu de temps à vivre, et j’étais désormais assuré de l’existence d’un monde où les cœurs aimants se retrouvent. D’ailleurs, elle m’appartenait bien plus dans sa mort que dans sa vie… Égoïste pensée que ma raison devait payer plus tard par d’amers regrets.