AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'Homme sans qualités, tome 1 (283)

(...) mais on admet d'avance, entre gens bien élevés, que toute chose a sa raison, et l'on serait mal venu de la chercher avec trop de curiosité.
Commenter  J’apprécie          72
Ulrich est un homme que quelque chose contraint à vivre contre lui-même, alors même qu'il apparaît se dérober à toute contrainte.
Commenter  J’apprécie          70
Cette formule magique[, "Ass..."], en usage dans les bureaux de Cacanie, siginfiait "Asserviert", c'est-à-dire "en instance" : exemple d'une circonspection qui ne laisse rien se perdre ne ne précipite rien. Qu'un petit employé demandât une allocation de naissance extraordinaire, sa demande était "asserviert" jusqu'à ce que l'enfant eût atteint l'âge de gagner sa vie, pour la seule raison qu'entretemps la question pouvait bénéficier d'une réglementation officielle et que le cœur des préposés ne voulait pas refuser une telle demande ; on classait aussi sous cette rubrique la suggestion de telle personne, de tel département influent que l'on ne pouvait offenser d'un refus, bien que l'on sût qu'un autre département influent était opposé à ladite suggestion ; en principe, tout ce qui arrivait dans un bureau pour la première fois était "en instance", jusqu'à ce qu'un nouveau cas analogue pût lui servir de précédent.
Commenter  J’apprécie          70
(...) cela revient à dire que tout homme porte avec patience, comme un âne, la charge qu'on lui a mise sur le dos ; car un âne est heureux qui est plus fort que sa charge, ne fût-ce que de très peu.
Commenter  J’apprécie          70
Tu as été vaincu et finalement tu te rendras sans vergogne. Tu as maintenant trente ans, à quarante on est liquidé. A cinquante on trouve la vie satisfaisante, on a tous les tourments derrière soi. Seuls réussissent ceux qui rampent et qui s'adaptent. Voilà toute la sagesse de la vie ! La meilleure part est pour ceux qui sont vaincus ! Et rien n'est pire que la solitude.
Commenter  J’apprécie          70
Les philosophes sont des violents qui, faute d’armée à leur disposition, se soumettent le monde en l’enfermant dans un système. Probablement est-ce aussi la raison pour laquelle les époques de démocratie et de civilisation avancée ne réussissent pas à produire une seule philosophie convaincante, du moins dans la mesure où l’on en peut juger par les revers que l’on entend communément exprimer sur ce point. (p. 292)
Commenter  J’apprécie          60
Selon des traditions dignes de foi, ce serait au cours du XVIe siècle, période d’intense animation spirituelle, que l’homme, renonçant à violer les secrets de la nature comme il l’avait tenté jusqu’alors pendant vingt siècles de spéculation religieuse et philosophique, se contenta, d’une façon que l’on ne peut qualifier que de « superficielle », d’en explorer la surface. Le grand Galilée, par exemple, qui est toujours le premier cité à ce propos, renonçant à savoir pour quelle raison intrinsèque la Nature avait horreur du vide au point qu’elle obligeait un corps en mouvement de chute à traverser et remplir espace après espace jusqu’à ce qu’il atteignît enfin le sol, se contenta d’une constatation beaucoup plus banale : il établit simplement à quelle vitesse ce corps tombe, quelle trajectoire il remplit, quel temps il emploie pour la remplir et quelle accélération il subit. L’Eglise catholique a commis une grave faute en forçant cet homme à se rétracter sous peine de mort au lieu de le supprimer sans plus de cérémonies : c’est parce que lui et ses frères spirituels ont considéré les choses sous cet angle que sont nés plus tard (et bien peu de temps après si l’on adopte les mesures de l’histoire) les indicateurs de chemin de fer, les machines, la psychologie physiologique et la corruption morale de notre temps, toutes choses à quoi elle ne peut plus tenir tête. Sans doute est-ce par excès d’intelligence qu’elle a commis cette faute, car Galilée n’était pas seulement l’homme qui avait découvert la loi de la chute des corps et le mouvement de la terre, mais un inventeur à qui le Grand capital, comme on dirait aujourd’hui, s’intéressait ; de plus, il n’était pas le seul à son époque qu’eût envahi l’esprit nouveau. Au contraire, les chroniques nous apprennent que la sobriété d’esprit dont il était animé se propageait avec la violence d’une épidémie ; si choquant qu’il soit aujourd’hui de dire de quelqu’un qu’il est animé de sobriété, quand nous penserions plutôt en être saturés, le pas que l’homme fit à cette époque hors du sommeil métaphysique vers la froide observation des faits dut entraîner, si l’on en croit quantité de témoignages, une véritable ardeur, une véritable ivresse de sobriété. Si l’on se demande comment l’humanité a pu penser à se transformer ainsi, il faut répondre qu’elle a agi comme tous les enfants raisonnables quand ils ont essayé trop tôt de marcher ; elle s’est assise par terre, elle a touché la terre avec une partie du corps peu noble sans doute, mais sur laquelle on peut se reposer. L’étrange est que la terre se soit montrée si sensible à ce procédé et qu’elle se soit laissé arracher, depuis cette prise de contact, une telle foison de découvertes, de commodités et de connaissances qu’on en crierait presque au miracle.
Commenter  J’apprécie          60
Dans une communauté constamment irriguée d’énergie, tous les chemins mènent à un but estimable, pourvu que l’on n’hésite ni ne réfléchisse trop longtemps. Les buts sont à courte distance ; mais la vie aussi est courte ; on lui prend ainsi le maximum de résultats, et il n’en faut pas plus à l’homme pour être heureux, car l’âme est formée par ce qu’elle atteint alors que ce qu’elle poursuit sans y atteindre la déforme ; pour le bonheur, ce qui compte n’est pas ce que l’on veut ; mais d’atteindre ce que l’on veut. D’ailleurs, la zoologie enseigne que la sommation d’individus diminués peut parfaitement donner un total génial.
Commenter  J’apprécie          60
Il faut que l’homme se sente d’abord limité dans ses possibilités, ses sentiments et ses projets par toutes sortes de préjugés, de traditions, d’entraves et de bornes, comme un fou par la camisole de force, pour que ce qu’il réalise puisse avoir valeur, durée et maturité…
Commenter  J’apprécie          60
Là, en Cacanie, [...] il y avait du « dynamisme », mais point de trop. [...] Naturellement il y avait aussi des automobiles sur les routes ; mais pas trop. Ici aussi, l’on préparait la conquête de l’air ; mais point trop intensivement. De loin en loin, point trop souvent, l’on envoyait un bateau en Amérique du Sud ou dans l’Extrême-Orient. On n’avait nulle ambition économique, nul rêve d’hégémonie ; on était installé au centre de l’Europe, au croisement de vieux axes du monde ; les mots colonie et d’outre-mer ne rendaient encore qu’un son lointain et comme trop neuf. On déployait quelque luxe ; mais en se gardant d’y mettre le raffinement des Français. On pratiquait les sports ; mais avec moins d’extravagance que les Anglo-Saxons. On dépensait pour l’armée des sommes considérables ; juste assez cependant pour être sûr de rester l’avant-dernière des Grandes puissances. La capitale elle-même était un rien plus petite que les plus grandes métropoles du monde, et pourtant considérablement plus grande que ne le sont les simples « grandes villes ». [ ] Sur cette Cacanie maintenant engloutie, que de choses curieuses seraient à dire ! »
Commenter  J’apprécie          60






    Lecteurs (2417) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

    Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

    Honoré de Balzac
    Stendhal
    Gustave Flaubert
    Guy de Maupassant

    8 questions
    11249 lecteurs ont répondu
    Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

    {* *}