Fouloscopie : Ce que la foule dit de nous

L'ingénieur en informatique, Mehdi Moussaïd, décide de changer de voie professionnelle et de devenir chercheur – éthologue. L'éthologie est la science du comportement des espèces animales dans leur milieu naturel. Mais la faune qu'étudie Mehdi Moussaïd "prend le métro de mauvaise humeur le lundi matin. Et son milieu naturel est plutôt la Gare Montparnasse à Paris que la forêt amazonienne..."
L'auteur nous briefe sur la mise en oeuvre exigeante des expériences, le rôle des figurants, les grands volumes de matériel nécessaire et coûteux puis le dépouillement long et fastidieux des milliers d'images obtenues.
Il est fier de nous présenter ses premiers résultats sur la théorie de l'évitement des piétons qui se croisent sur les trottoirs : par la droite pour nous les français, par la gauche pour les japonais. Il découvre le monde complètement incongru et surréaliste de ses confrères qui vont en " opérations fourmis" ou peuvent parler des agrégats de cafards pendant plusieurs heures.
Un ouvrage de vulgarisation absolument réussi où expériences, anecdotes, surprises sont mêlées dans un texte qui ne manque ni de clins d'oeil, ni d'humour. La postface qui rend compte de son départ à la retraite le 23 juillet 2055 est particulièrement jubilatoire. Les dessins récréatifs et poétiques, aux couleurs vives, de Wozniak désacralisent le texte scientifique.
Le lecteur s'arrime avec allégresse sur la spontanéité du jeune chercheur qui s'attache à sonder les réactions de la foule qui panique, de la foule qui fuit ou qui aide, de la foule « mouton de panurge », de la foule intelligente et sage en opposition avec les réactions de l'individu esseulé .
Merci babelio et merci humensciences pour les lampadaires sur la route de l'éthologie.
PS : Monsieur Messaïd pourrait sans doute nous expliquer le phénomène incroyable des poules liguées pour tuer un jeune renard dans un poulailler du Morbihan au début du mois !
La force du nombre et de l'entente au détriment du prédateur !

Savez-vous qu'un petit groupe de piétons se déplace en formant un V, comme les oies ou les canards en vol ? Enfin… non ; dans un vol d'oies ou de canards, la pointe du V forme la « tête » du vol. Nous, c'est l'inverse : la pointe est à l'arrière. Si nous sommes un peu plus nombreux, nous adopterons la forme d'un U. Pourquoi marchons-nous en V ou en U ? Parce que c'est le meilleur moyen de continuer à voir ce qu'il y a devant nous tout en continuant à discuter, tout simplement…

Dans Fouloscopie : ce que la foule dit de nous, Medhi Moussaïd relate avec beaucoup d'humour et un grand sens de la vulgarisation son parcours de doctorant et les recherches qu'il a menées pour ses études, et qu'il mène encore aujourd'hui. Grâce à une foule ;-) d'exemples, il les présente avec les tâtonnements, les déceptions, les bonnes surprises ainsi que les résultats obtenus de manière claire, drôle et passionnante. . Quatre magnifiques planches de Wozniak apportent de la couleur et un « commentaire » décalé.

Au début des recherches sur les comportements des foules, ce sont les physiciens qui les ont étudiés en considérant qu'une foule obéissait (je simplifie) à la mécanique des fluides, ce qui a donné de bons résultats et permis des avancées. C'est grâce à ce type d'études qu'on a constaté qu'il était avantageux, pour fluidifier (!) une foule qui se presse dans un magasin ou dans le métro, de mettre devant la sortie un poteau ou une sculpture. Étonnant et même paradoxal, non ?

Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé et j'ai été particulièrement intéressée par ce livre passionnant, facile à lire et plein d'humour. Il ne servirait à rien de développer d'autres exemples. Sachez toutefois que vous voyagerez rue Sainte-Catherine à Bordeaux, aux abords des fourmilières, au sein d'un banc de poissons, dans les murmurations des oiseaux et au milieu des protéines, que vous observerez des robots parmi des cafards, que vous saurez tout sur les comptages de foule (selon les organisateurs et selon la police), que vous réentendrez parler de l'expérience de Milgram (ah, Montand dans I comme Icare !), que vous prendrez conscience des situations où vous êtes amenés à mentir ou à tricher, et pourquoi, en France, on traverse même quand le feu est rouge et on n'a pas le droit de marcher sur les pelouses… Signalons encore les chapitres un peu inquiétants sur les « épidémies d'information », la propagation des rumeurs, la toile, les réseaux sociaux, etc.

Merci infiniment à Masse critique et aux éditions HumenSciences pour ce livre passionnant.

Mon premier contact est la psychologie des foules, ça a été avec Gustave le Bon : il y décrivait une foule dangereuse et instable, dont chacun de ses membres pouvait régresser en un clin d'oeil au rang d'animal sauvage.

Ce petit essai vient rafraîchir le sujet, et présenter les dernières études sur le comportement des foules. Et les résultats sont beaucoup plus nuancés : contagion des comportements égoïstes mais aussi altruistes, émergence d'une intelligence collective qui dépasse celle de chacun des membres, … Bien sûr, les phénomènes de panique collective ou de rumeurs existent bien, mais pour une bonne raison : on découvre que le phénomène de copier ce qui se fait autour de soi, pourtant très déprécié dans nos sociétés, est généralement la meilleure réponse à adopter quand on manque d'informations. Ainsi, la prochaine fois qu'on vous demandera « Et si tes amis sautent d'un pont, tu le fais aussi ? », vous pouvez répondre « oui » en toute sérénité : il y a bien plus de chance qu'ils aient perçu un grand danger qui vous a échappé qu'ils deviennent tous fous en même temps, et vous serez sans doute bien inspiré de sauter à votre tour au plus vite.

En plus de présenter des expériences qui suscitent la réflexion, l'auteur parle également de sa vie de chercheur : tâches ingrates (annoter des heures de vidéo), recherche de budget et de revues prêtes à vous publier, chercher comment stresser des gens sans froisser le comité d'éthique, moments d'« eurêka » et de « tiens, c'est marrant ... »

Excellent livre pour découvrir, ou retrouver de la curiosité sur le sujet. Car on sent que la discipline s'est professionnalisée, et utilise désormais tous les outils de la science moderne : psychologie, théorie des jeux, sciences sociales, mais aussi sciences dures avec la mécanique des fluides, etc. Il serait dommage de rester sur des théories totalement dépassées alors que tant de progrès sont en train d'être réalisés.

Est-ce que la foule est toujours stupide ?
On a envie de répondre "oui !" en criant très fort, hein ? Seulement, voilà, Mehdi Moussaïd étudie justement la foule sous tous les angles, et après l'avoir lu, on est déjà beaucoup moins sûr de la réponse.
Si vous êtes déjà un amateur de la chaîne youtube éponyme, vous connaissez déjà ses études dans les grandes lignes et ce livre permet d'entrer beaucoup plus dans les détails. Si ça n'est pas le cas, Fouloscopie est un livre de vulgarisation vraiment bien foutu non seulement parce qu'il relate les études sur les phénomènes de foule, mais aussi parce qu'il prend le temps de nous expliquer comment on "fabrique" la science. On a tous une vague idée de ce qu'est une thèse, on sait moins bien de quelle façon une thèse s'élabore. En racontant son parcours personnel en plus de vulgariser ses recherches et celles de ses collègues, Mehdi Moussaïd nous donne une vision bien plus claire du monde de la recherche.
C'est vraiment très facile à lire quel que soit notre niveau de connaissances, c'est donc un ouvrage indispensable : on se couche avec moins de préjugés, donc moins bête, et on ne s'est même pas ennuyé.

J'ai entendu parler de ce livre lors d'une émission sur France Inter il y a quelques jours. J'avais très envie d'en savoir plus sur cette discipline qui m'intrigue depuis longtemps. Quand j'ai vu que cet ouvrage était disponible dans le cadre de masse critique j'étais emballée et j'ai postulé. Quelle joie d'avoir accès à cet ouvrage. Je peux vraiment dire que ce livre offre un plaisir graduel. Tout d'abord on est amusé par le fait de suivre ce postulant au doctorat dans ses maladresses et ses études. Ensuite on est intéressé par ses nouvelles recherches puis on est intrigué par une approche différente des foules (biologique puis physique). Puis on se prend au jeu de l'approche psychologique et enfin on est émerveillé par les applications dans le monde virtuel dans lequel on baigne actuellement.Je n'aurai qu'un reproche qui n'en est pas vraiment un mais à certains moments j'aurais aimé que les points soient d'avantage approfondis mais en réalité cela me permettra de me plonger dans les sources pour me renseigner par moi-même. Vraiment ce livre fait ouvrir les yeux sur quelque chose qui nous entoure et que l'on constitue soi-même et nous interroge sur la notion d'intelligence des masses. Vous l'aurez compris j'ai adoré ce livre. Sitôt fini sitôt conseillé et sitôt prêté mais j'ai déjà hâte de le récupérer pour le relire. Je ne peux que vous encourager à le lire à votre tour et à explorer cette fouloscopie.

La foule, nous en faisons tous partie. Mehdi Moussaïd nous emmène valser dans les centres commerciaux, les laboratoires et sur les réseaux sociaux.
Nous suivons l'auteur tout au long de cet essai, il nous parle de son parcours professionnel. C'est vrai que la foule comme objet d'étude, ce n'est pas une évidence. On en apprend beaucoup sur les mécanismes de la foule, ce qui se passe lors de bousculades meurtrières, comment ne pas finir écraser dans la fosse d'un concert. On comprend aussi qu'il est possible de tirer profit du nombre pour sauver des vies et faire avancer la recherche.
Mehdi Moussaïd raconte tout cela avec une voix très personnelle, de petites touches d'humour. Ça se lit tout seul. Les notions scientifiques sont expliquées, très accessibles et illustrés par des exemples piochés dans des événements récents. Les chapitres sont parsemés d'expériences réalisées par l'auteur ou d'autres chercheurs, cela permet d'être au coeur de la recherche. Un très bel hors-texte de dessins de Wozniak est inséré dans le livre, avec ses interprétations de la foule, qui nous fait méditer.
Lien : https://voulezvoustourner.bl..

J'ai acheté ce livre car étant déjà abonné à Fouloscopie sur YouTube, j'avais l'ambition d'en apprendre plus sur le sujet

J'ai adoré la manière dont il a été écrit, le passage sur la "vie" de doctorant, et les très nombreuses études qui ont pu servir d'introduction ou d'exemples au travers des chapitres

Ce livre est un voyage à travers l'étude des foules et nous ouvre les yeux sur la complexité de son analyse et la diversité de ses utilisations

De quoi se balader entre physique, biologie et psychologie

En ouvrant ce livre, j'étais un piéton comme les autres, maintenant, je vais m'amuser à analyser les gens quand je marche dans la rue

Note : 🧶 / 20
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Le piéton est semble-t-il la preuve vivante de l'adaptabilité presque intuitive du collectif, c'est l'un des enseignement de cet ouvrage qui prend comme champ de recherche l'étude des foules. L'auteur va tomber dans cette discipline à priori désuète suite à l'annonce d'un sujet de recherche de doctorat, sur lequel il se positionne. Et le voici désormais chercheur, passant des heures à observer le flux de passants ou sujets d'étude consentants, puis des semaines à dépouiller les résultat pour fonder ses analyses. Car cette discipline qu'il baptise "fouloscopie" est essentielle pour comprendre les phénomènes de flux, en particulier lors d'épisodes de panique humaine, ou la manière dont se propagent des idées fausses ou rumeurs.

Ainsi les problèmes d'encombrement ou de densité humaine trop élevé dans un espace donné et restreint peuvent mécaniquement provoquer des effets d'entrainement dramatiques, voire mortels. Fondamentalement instables, les flux piétonniers obéissent néanmoins a des règles parfois inconscientes. Pour autant il ne peuvent être simplement assimilés à un liquide ou à un ensemble de molécules. L'étude de la propagation des virus et la manière dont se diffusent les fausses information sont ainsi édifiantes. de même l'observation d'un stade de foot, de la techno parade ou d'un concert de métal est utile à cette discipline, autant que celle des mouvements collectifs d'animaux. L'intelligence collective n'a donc pas fini de faire parler d'elle, d'autant que les problèmes éthiques posés par les expériences humaines sont désormais en parti résolus par l'apport du virtuel.

Excellent ouvrage de vulgarisation qui m'a véritablement passionné de bout en bout.
Les premiers chapitres dessinent les grands principes de la discipline, et présentent quelques expériences notables qui ont posé les jalons de la "fouloscopie".
Progressivement, les savoirs se décloisonnent, on picore des principes de physique, de statistique, de psychologie, d'histoire, et même de marketing.
C'est ce qui m'a le plus plu. L'auteur ne tombe jamais dans l'explication technique soporifique, au contraire. Il donne les enjeux, expose les limites, explique des mécanismes plus ou moins évidents et contre-intuitifs qui sont à l'oeuvre, sans jamais tomber dans le superficiel.
A conseiller à tous les curieux (et aux autres!)

Qui aurait imaginer qu'on puisse se passionner pour un livre traitant des foules, plutôt considérées comme source de bêtise et de violence ? Mais Mehdi Moussaïd combat ici les clichés et évoque aussi la sagesse des foules, ainsi que d'autres phénomènes qui vous feront refermer plusieurs fois ce livre en tentant de chercher un interlocuteur avec qui partager les remarques que vous y aurez lues. Une belle surprise !