À force de nous censurer, de nous étouffer, nous devenons des cocottes-minute qui implosent dans un burn-out silencieux.
Il m’a fallu du temps et des tâtonnements pour enfin admettre que méditer, c’est tout simplement se foutre la paix. Et que se foutre la paix, cette règle d’or de la méditation, devrait être le leitmotiv de toute notre existence. Nous sommes conditionnés à toujours « faire » : cuisiner, travailler, aimer, regarder un film, répondre au téléphone. Même quand nous disons « je ne fais rien », en réalité nous faisons plein de choses : nous zappons sur notre télé, nous bavardons dans notre tête, nous passons d’une activité et d’une pensée à l’autre, dans la discontinuité et la peur d’un moment de silence. Notre attention est fragmentée et nous avons réellement l’impression de « ne rien foutre », de perdre notre temps inutilement, de ne rien accomplir d’essentiel ni de nourrissant. Méditer, au fond, c’est tout simplement le fait d’être. Le fait de s’arrêter, de s’octroyer une pause, de cesser de courir pour rester présent à soi, pour s’ancrer dans son corps. C’est une école de vie. Être n’implique pas de connaissances particulières. Méditer au sens où je l’entends et le pratique, non plus. D’ailleurs, il n’existe pas d’expertise en méditation. (…) La grande leçon de la méditation, c’est justement de découvrir les dons du présent qui nous permettent de répondre intelligemment à la situation.
J’ai cessé de vouloir être parfait. Et pour tout dire, je m’en fous. Je ne confonds plus l’ampleur d’une aspiration avec la cruauté du perfectionnisme. J’ai accepté l’incertitude.
Nous croyons bien faire, mais nous construisons les conditions de notre échec. Nous ne savons plus prendre de la hauteur et voir plus grand que le cadre dans lequel nous sommes enfermés, dans lequel nous nous enfermons.
Je n’ai aucun objectif, aucun but, pas même celui d’entamer ou de finir la journée dans un état d’esprit particulier.
Happés par l’urgence de faire, nous ne voyons plus qu’en réalité nous ne faisons rien : nous nous agitons et nous oublions l’essentiel.
Nous nous torturons à intégrer des normes, des injonctions, des modèles qui ne nous correspondent pas. Nous nous torturons parce que nous voulons mieux faire et que nous estimons ne jamais bien faire. Nous nous torturons parce que nous sommes persuadés que les autres, eux, savent bien faire. Nous nous torturons, souvent sans qu’il ne nous soit rien demandé.
La méditation est partout présentée comme le remède ultime pour se calmer. Je vais le dire sans détour: je n'essaye pas de me calmer en méditant. Je n'essaye même pas, quand je suis assis sur mon cousin, de me détendre: quand je pratique, ces idées me sont étrangère. Je me contente de bien me poser sur terre, de bien sentir le contact du sol, d'être présent a tout ce qui advient, y compris aux tornades quand elles ce réveillent en moi. Je ne porte aucun jugement sur les pensées que je devrais avoir. Je ne me terrorise pas par des injonctions, quelles qu'elles soient. Je ne m'imagine pas pénétrant dans un refuge ou m'attend la sérénité. Je ne la recherche d'ailleurs pas. Je ne recherche rien. Je suis là, assis juste attentif: à une abeille, qui bourdonne, à une voiture qui klaxonne, à mon corps à mon être à mes tensions si je suis tendu. Au début le renversement des schémas habituels semble radical, nous avons le sentiment de n'avoir plus aucun point de repère. Nous n'avons pas l'habitude de n'avoir rien à faire pour que quelque chose advienne. Et c'est une chose énorme qui advient : la vie. Mais quelle merveille de redevenir simplement un être vivant!
Nous confondons formation et formatage.
Ne demande jamais ton chemin à celui qui le connaît. Tu risquerais de ne pas pouvoir t'égarer.
Rabbi Nahman de Bratslav