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Critique de yeKcim


J'attendais Eurêka depuis longtemps, car son thème me plaît. L'épistémologie m'intéresse et j'apprécie les BD de vulgarisation pour ce qu'elles m'enseignent (la moitié de Collection Octopus, Philocomix, Les Brigades immunitaires, Pharmachien, Horror humanum est…).

Le format est assez classique en vulgarisation : l'érudit qui explique au novice. Dans le même genre, on trouve par exemple les très drôles « Tu mourras moins bête » de Marion Montaigne. Dans cette catégorie, l'équilibre est souvent délicat. Souvent, l'action est sacrifiée pour les explications, les personnages sont des archétypes manquant souvent de nuances et sans évolution. Dans mes souvenirs de « Logicomix », le côté méta des questionnements de l'auteur à propos des choix à faire sur la mise en scène de la vie de Bertrand Russell me semblait parfois bancal… « Et l'homme créa les dieux », c'est l'histoire d'un repas entre amis, où la discussion se focalise sur les explications passionnantes d'un spécialiste, certes, mais on aura vu plus rocambolesque ! Dans « L'Esprit critique » d'Isabelle Bauthian et Gally l'idée de faire intervenir une troisième entité me semblait bien pensé pour démonter des croyances tout en donnant une leçon à un scientiste qui s'ignore, là où « Crédulité et rumeurs » donnait l'impression d'avoir une discussion entre un imbécile et un donneur de leçon.

Dans ce premier tome d'Épistémè, l'équilibre fiction/action/explications/humour me semble plutôt juste. Il y a parfois certaines explications de croyances qu'on sait aujourd'hui erronées, qui m'ont semblé un peu trop détaillées sur le coup, mais au fur et à mesure de ma lecture, j'ai justement trouvé cela très intéressant de ne pas se focaliser uniquement sur ce qui nous semble positif ou juste aujourd'hui. le propos de Pascal Marchand me semble particulièrement bien développé, intéressant pour tous ceux qui souhaitent comprendre comment la Science s'est développée. Ce premier tome se concentre sur la Grèce antique, on y croise Pythagore, Archytas de Tarente, Archimède, Eudoxe, Épicure, Ératosthène…

Des planches étant régulièrement partagées sur les réseaux sociaux, je savais à quoi m'attendre côté dessin. Je n'avais pas d'attentes particulières sur ce point puisque c'est le propos qui m'intéressait. Pourtant, une fois le livre entre les mains le coup de crayon de JB Meybeck m'a un peu bluffé. le trait s'adapte à l'action et aux réactions, il peut être détaillé ou caricatural, tout en restant cohérent. Ce n'est pas un One Piece mais c'est loin d'être statique, les personnages (les auteurs eux-mêmes et les philosophes qu'ils croisent)… vivent ! Qui plus est, ils ne se contentent pas d'être là pour développer le propos, ils grognent, rient, découpent des cônes avec vigueur, s'engueulent, mangent, jouent de la guitare, pioncent ou regardent, apaisé, les poissons assis sur le bord d'un bassin…

J'ai apprécié des petits détails, en particulier, les polices adaptées aux locuteurs facilite grandement la lisibilité. Beaucoup de changements de cadre m'ont semblé pertinents, on ne reste pas en trois cases par trois, mais on ne change pas sans raison.

J'irais même jusqu'à comparer les pleines pages en compagnie d'Euclide à la série Julius-Corentin Acquefacques de Marc-Antoine Mathieu, c'est dire à quel point j'ai apprécié !

J'attends les prochains tomes avec impatience
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