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Citations sur L'un et l'autre sexe (7)

7. « Bref, c'est dans l'enfance que les hommes doivent apprendre à vouloir engendrer, aimer et nourrir des enfants, maintenir une société où ils ne sont pas seulement défendus contre l'ennemi, mais où leurs besoins sont satisfaits. Les femmes, de leur côté, doivent apprendre à ne vouloir des enfants que dans les conditions prescrites par la société. Le petit garçon regarde son corps et celui des autres hommes de tout âge et découvre qu'il a le pouvoir d'explorer, de dissocier, de réunir, de construire, de pénétrer les mystères du monde, de se battre, d'aimer. La petite fille regarde son corps et celui des autres femmes de tout âge et comprend qu'elle va pouvoir créer, porter dans ses bras, allaiter, soigner un enfant. Pour échapper à la simple logique des "seins qui donneront du lait", il faut qu'interviennent des formes très élaborées de conditionnement social et culturel. Des filles peuvent être formées dans un milieu où chacune d'entre elles voudrait être garçon et s'irrite d'être fille, où être femme et avoir un enfant équivaut à voir son corps occupé, déformé et abîmé. Les filles peuvent certainement apprendre à ne pas vouloir d'enfants mais c'est toujours, semble-t-il, sous l'influence de la société. » (pp. 211-212)
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6. « À l'aube de l'histoire humaine, une invention sociale amena les hommes à assurer la subsistance des femmes et des enfants. Il n'y a aucune raison de croire que les mâles nourriciers aient eu la notion de la paternité physique, mais il est bien possible que la nourriture apportée par l'homme ait été une sorte de récompense accordée à une femelle qui n'était pas trop inconsistante dans ses faveurs. Dans toute société, l'enfant mâle apprend que, quand il sera grand, il lui faudra, pour être un membre à part entière de la société, nourrir une femme et des enfants. Même dans les sociétés les plus simples, un petit nombre d'hommes se dérobent à cette responsabilité, deviennent des vagabonds, des propres à rien ou des misanthropes vivant seuls dans les bois. Dans les sociétés complexes, un grand nombre d'hommes peuvent fuir la responsabilité de nourrir femmes et enfants en entrant dans des monastères – où ils assurent mutuellement leur subsistance – ou en embrassant une profession qui leur conférera le droit d'être nourris : armée, marine, ordres bouddhistes de Birmanie. Malgré ces exceptions, toutes les sociétés connues reposent solidement sur ce comportement nourricier de l'homme qui est un acquis.
[…]
La répartition du travail peut se faire de mille façons : les hommes peuvent avoir beaucoup de loisirs dans telle société, les femmes dans telle autre […] ; mais le noyau demeure. […] Rien ne prouve que l'homme qui ne serait pas façonné par l'éducation sociale, l'homme animal agirait de la sorte. » (pp. 175-176)
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5. « Alors que, dans les sociétés où toutes les femmes se marient, la femme est pratiquement assurée de voir se lever tous les doutes semés en elle au cours de sa longue enfance [grâce à l'enfantement], l'homme, par contre, a besoin de réaffirmer, de remettre à l'épreuve, de redéfinir sans cesse sa virilité. Dans toute société connue, se manifeste chez les hommes le besoin d'accomplir. Ils peuvent faire la cuisine, tisser, habiller des poupées ou chasser l'oiseau du paradis, si ces activités leur sont réservées, et alors toute la société, femmes et hommes, les considère comme importantes. Il en est autrement si elles sont effectuées par des femmes. Dans un grand nombre de sociétés, la certitude du rôle sexuel des hommes est liée à leur droit, ou à leur aptitude à pratiquer quelque forme d'activité interdite aux femmes. En fait, la virilité est soulignée par l'interdiction aux femmes de tel domaine ou de telle ou telle prouesse. […] Rien ne prouve que les hommes aient besoin de surclasser les femmes dans un domaine particulier ; mais ils ont besoin de réalisations pour se rassurer et c'est pourquoi ces réalisations sont souvent présentées indirectement non comme un domaine où les hommes excellent, mais comme un domaine inaccessible aux femmes. » (p. 148)
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4. « De la solution du conflit œdipien dépend en grande partie la manière dont un garçon ou une fille accepte d'appartenir à son sexe. Mais il ne suffit pas qu'un enfant décide simplement et sans réserve d'être de son sexe, d'être homme ou femme du point de vue anatomique, doué d'une certaine vocation reproductrice en ce monde. L'enfant qui grandit affronte cet autre problème encore : "Suis-je assez masculin ? Suis-je assez féminine ?" On flétrit autour de lui des hommes trop féminins, des femmes trop masculines, tandis que d'autres sont admirés comme de vrais hommes et de vraies femmes. Certaines occupations sont cataloguées plus ou moins masculines pour un homme ou, s'il s'agit d'une femme, susceptibles de porter atteinte à sa féminité. On attribue à un sexe plutôt qu'à un autre une certaine forme de docilité, de raffinement, de sensibilité, de cran, de stoïcisme, d'endurance. Son univers ne lui propose pas un modèle unique mais une foule de modèles ; il se compare à eux, se juge, se sent fier et sûr de lui, ou au contraire inquiet, inférieur et incertain, ou encore au bord du désespoir et prêt à abandonner tout effort de développement.
[…]
On constate ainsi que, dans la plupart des groupes, quelle que soit leur importance, très peu d'individus tiennent à jouer le rôle du sexe opposé, qu'il s'agisse de travail, de vêtement ou de rapports sexuels. Le travestissement complet semble lié au fait qu'une civilisation en reconnaît ou non la possibilité. » (pp. 121-122)
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3. « Après avoir suivi ces quatre variations sur le thème de l'initiation, examinons maintenant sur quoi repose ce culte : nos idées d'Occidentaux sur les relations entre les sexes y trouveront un puissant contrepoint. Dans notre manière de concevoir l'existence, la femme, formée d'une côte de l'homme, peut tout au plus s'efforcer d'imiter les pouvoirs et la vocation supérieurs de celui-ci sans prétendre y réussir. Or le thème fondamental du culte initiatique c'est que la femme, en vertu de son pouvoir de faire des enfants, détient les secrets de la vie. Le rôle de l'homme est incertain, mal défini et peut-être inutile. Il a découvert, à grand-peine, une méthode pour compenser son infériorité fondamentale. Équipés de différents instruments mystérieux et bruyants […], ils peuvent enlever les enfants mâles aux femmes, les considérer comme incomplets pour pouvoir en faire eux-mêmes des hommes. Les femmes, il est vrai, font des êtres humains mais seuls les hommes peuvent faire des hommes. Plus ou moins ouvertement ces rites sont des imitations de la naissance. » (p. 99)
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2. « Ainsi donc les trois thèmes, complémentarité, réciprocité et symétrie [entre les genres] se retrouvent tout au long du processus d'apprentissage, s'interprétant, s'influençant jusqu'à ce qu'un aspect de la complémentarité prenne tant de relief qu'il devient une forme de comportement symétrique, la différence de l'âge fournissant la seule asymétrie […] parce qu'une place considérable est accordée à la réceptivité et à l'impressionnabilité.
Ou bien l'aspect autoritaire et envahissant des relations de l'allaitement peut prédominer aussi bien chez la mère que chez l'enfant, les deux sexes ayant tendance à s'imposer et à exiger. C'est par le corps lui-même que le corps apprend à se comporter. » (p. 76)
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1. « Ce très rapide aperçu de la manière dont les hommes de civilisations différentes communiquent à leur progéniture certaines de leurs attitudes traditionnelles devrait suffire à montrer l'infinie complication du processus par lequel les enfants se font une idée du rôle sexuel de l'adulte, contraints qu'ils sont de subir durant tant d'années des pressions si soigneusement élaborées. Le corps de l'enfant avec ses orifices se prête à des stimulations, des interdits et des indications sans fin. […] On peut le considérer comme partie intégrante de la mère, comme une personne distincte, comme une personne incomplète, comme un scarabée ou comme un dieu. […] Tout jeune enfant, d'après la manière dont les adultes des deux sexes le manipulent, se fait une idée de son propre corps et de celui du sexe opposé qui, pour finir, devient partie intégrante de ses possibilités et de son rôle sexuel. » (p. 73)
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