Je suis tombée pour ELLE, son indéfinissable charme, sa différence. Elle, c'est
Betty, la petite Indienne à la plume légère qui envoie des ballons rouges à son père, enferme ses secrets dans des bocaux, chante et rit avec ses soeurs, cherche des cailloux pour son petit frère, regarde se dessiner les orages,..
Je suis tombée pour ELLE. Si l'amour est encore sur Terre. Rien n'efface les douleurs d'hier.
"Née en 1954 dans une baignoire,
Betty Carpenter est la sixième de huit enfants. Sa famille vit en marge de la bonne société car, si sa mère est blanche, son père est cherokee. Lorsque les Carpenter s'installent dans la petite ville de Breathed, après des années d'errance, le paysage luxuriant de l'Ohio semble leur apporter la paix. Avec ses frères et soeurs,
Betty grandit bercée par la magie immémoriale des histoires de son père. Mais les plus noirs secrets de la famille se dévoilent peu à peu. Pour affronter le monde des adultes,
Betty puise son courage dans l'écriture : elle confie alors sa douleur à des pages qu'elle enfouit sous terre au fil des années. Pour qu'un jour, toutes ces histoires n'en forment plus qu'une, qu'elle pourra enfin révéler au grand jour.
Ce livre est à la fois une danse, un chant et un éclat de lune, mais par-dessus tout, l'histoire qu'il raconte est, et restera à jamais, celle de la Petite Indienne. La Petite Indienne, c'est
Betty."
J'aime quand un Auteur me bouscule et m'emmène loin de chez moi dans un endroit connu des seules âmes qui y habitent. Et des âmes, il y en a dans ce roman. Des âmes noires comme le charbon, des âmes pures comme l'enfance, des âmes souillées par les adultes et qui souilleront à leur tour, des âmes douceur, des âmes violence.
Beaucoup de blessures, des pansements au coeur et au corps.
Est-ce la plume de la petite indienne, est-ce le père qui tente vaille que vaille de réparer les bobos de sa tribu et de se réparer lui-même ? Est-ce Fraya, est-ce
Betty, est-ce Lint, est-ce Flossie, Nova? Est-ce maman, est-ce papa ?
Au milieu de cette tribu de 9 âmes (et d'autres, celles des ancêtres, celles des enfants disparus, celles des arbres, celles des plantes, celles des étoiles et des ballons qui s'envolent),
Betty ou un récit d'une percussion à la limite du supportable, rempli de poésie, de magie réparatrice des plaies béantes de l'enfance, de celles qui laissent des cicatrices indélébiles, des secrets plus douloureux les uns que les autres et de petits bocaux renfermant la parole écrite, celle qui sauve, celle qu'on ne dit pas, celle qu'on écrit soit pour qu'elle s'envole très loin dans les nuages soit pour qu'après avoir été enterrée, elle révèle au grand jour la noirceur de l'âme humaine et toute sa beauté aussi.
Bien sûr, il y a des bémols - parfois à certains moments, quelques longueurs et encore, vraiment, il faut les chercher, les trouveront probablement ceux qui n'auront pas été ensorcelés par le récit;
Bien sûr, il n'y a pas de morale à ce conte et même une amoralité absolue ici.
Bien sûr, c'est un roman de femme pour les femmes (et les hommes aussi, le portrait du père est merveilleux tout comme celui
De Lint) et rouge est la couleur du sang à payer, parfois, toujours, souvent, encore aujourd'hui pour appartenir à cette tribu, celle des femmes.
Bien sûr, c'est un couteau, celui qui fait sang et qui tranche les liens aussi, qui rend libre tout en faisant réfléchir.
Bon Sang, ça, c'est un roman, du roman ! du roman universel, du roman populaire au sens noble du terme.
- Lecture du 10/09/2020 -