Ce roman a été chroniqué, avec talent, un nombre incalculable de fois depuis sa sortie.
Je ferai donc un retour de lecture plus court qu'à mon habitude.
Il est vrai que j'ai 7 à 3 mois de retard sur mes chroniques en attente.
Les imprévus existent, il faut faire avec.
L'histoire :
Betty, la petite indienne, sixième enfant d'une fratrie nous raconte l'histoire de sa famille.
Il faut dire qu'elle aime les mots. Ils sont ses confidents de toujours. Ceux qui lui permettent d'affronter son quotidien, la douleur qui l'étreint. Ces mots qu'elle enfouit au Bout du Monde. Car il est des secrets si douloureux qu'ils ne peuvent être partagés.
Il y a cette mère blanche, si mal aimante, mais comment donner de l'amour lorsque l'on en a reçu si peu ?
Il y a ce père, fier de son héritage indien, qu'il s'évertue à transmettre à ses enfants. En particulier à
Betty. Ce père qui tente de voir le bon et le lumineux dans chacun de ses enfants, même différents, même de passage éphémère sur cette terre.
Ce père poète, en communion avec le ciel et la terre et qui a des histoires si belles à partager.
Extrait page 216 : «… non seulement Papa avait besoin que l'on croie à ses histoires, mais nous avions tout autant besoin d'y croire aussi. Croire aux étoiles pas encore mûres. Croire que les aigles sont capables de faire des choses extraordinaires. En fait, nous nous raccrochions comme des forcenées à l'espoir que la vie ne se limitait pas à la simple réalité autour de nous. Alors seulement pouvions-nous prétendre à une destiné autre que celle à laquelle nous nous sentions condamnées. »
Puis ces rêves d'enfants qui permettent de fuir un quotidien pas toujours facile pour cette fratrie.
Et le mal, profond, qui sévit et détruit, comme il l'a déjà fait. Une malédiction familiale qui se répète.
Ce livre est un hommage aux racines de cette famille et à ces femmes qui ont tant subit.
Extrait page 23 : « DEVENIR FEMME, c'est affronter le couteau. C'est apprendre à supporter le tranchant de la lame et les blessures. Apprendre à saigner. Et malgré les cicatrices, faire en sorte de rester belle et d'avoir les genoux assez solides pour passer la serpillière dans la cuisine tous les samedis. Ou bien on se perd, ou bien on se trouve. »
J'ai eu du mal à rentrer dans ce roman. Mais ensuite, le rythme, le style de l'écriture et l'histoire, tour à tour lumineuse et sordide, m'ont conquise.
Le temps s'étire et se dilate, les enfants de cette fratrie sont inoubliables tout comme ce père exceptionnel. Si vous n'avez pas encore lu cette pépite : foncez !