La vie, ce n'est pas que des roses et des petits cœurs.
« Je suis né et j’ai grandi à une époque magique, dans une ville magique, entouré de magiciens. » (p. 8)
« C’est fou ce qu’un enfant peut imaginer. » (p. 158)
« Je n’ai jamais eu peur de mes monstres, car ils étaient sous mes ordres. Je dormais parmi eux dans le noir, et ils n’ont jamais dépassé les bornes. » (p. 175)
On était en 1964. De grandes transformations étaient sur le point de se produire, des choses dont je n'avais pas conscience.
Peut-être qu'on traite de fous ceux qui gardent en eux un peu de la magie qu'ils avaient enfants.
Il avait dû venir là assez souvent, car il avait tracé un petit sentier dans les fourrés, accomplissant ainsi inconsciemment son travail de père, en rendant le chemin un peu plus facile pour son fils.
J'avais été traversé par un puissant flux d'énergie. j'avais goûté à la vie. J'avais fait un premier pas, certes maladroit, mais dans une direction qui était bien à moi. Et ce sentiment d'euphorie aurait beau s'estomper au fil des jours puis se dissoudre dans le fleuve de temps, ce soir-là, ce merveilleux soir à jamais révolu, il était vivant.
Cela pouvait arriver à n'importe qui, tout autant que nous sommes, nous pouvions voir nos jours finir dans la solitude et l'indifférence, sombrer à tout jamais dans un gouffre d'oubli.
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Je ne pouvais pas me représenter le paradis. Comment un endroit peut-il être "merveilleux" si on ne peut rien y faire de ce qu'on aime ? Pas de BD, pas de films de monstres, pas de vélos ni de routes de campagne pour s'y balader. Pas de piscine, pas de glaces, pas d'été, pas de barbecue du 4 juillet, pas d'orages, pas de vérandas où s'asseoir en les regardant arriver... Le paradis m'avait l'air d'une sorte de bibliothèque où on devrait passer des éternités d'éternités à lire toujours le même livre. Qu'est-ce que c'était, un Ciel sans boîte magique, sans papier machine ?
C'était un véritable enfer - voilà.
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(P 474-475 Éditions Albin Michel de 2007)