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Critique de YvesParis


On a beaucoup parlé des classes moyennes pendant la campagne présidentielle 2012. Laurent Wauquiez leur a même consacré un livre ("La lutte des classes moyennes", Odile Jacob, 2011). le calcul était intelligent : les classes moyennes sont oubliées par la droite comme par la gauche, l'une et l'autre obnubilée par les pauvres qu'il faut sortir de leur pauvreté et par les riches que la droite veut défendre et la gauche sanctionner.
Or, les classes moyennes constituent le centre de gravité de notre société. Ce ne fut pas toujours le cas : constituées des professions intermédiaires, des artisans et des petits commerçants, elles firent longtemps figure de minorité privilégiée. Mais l'exode ruiral et la désindustrialisation sont venus grossir leurs rangs. Les classes moyennes sont devenues "moyennes". Et, quoique cela ne soit pas toujours vrai, nous nous considérons tous comme ses membres.
Qu'elles aient bénéficié du renfort des enfants des classes populaires accrédite l'idée d'un déclassement des classes moyennes. L'idée a notamment été vulgarisée par Louis Chauvel, auteur - également à La République des Idées - de "Les classes moyennes à la dérive" en 2006. Victimes de la panne de l'ascenseur social, les classes moyennes seraient condamnées à un inexorable déclin.
L'ouvrage de Dominique Goux et d'Eric Maurin bat cette idée en brèche. Certes, les classes moyennes sont hantées par "la peur du déclasement" (ainsi était titré un précédent ouvrage d'Eric Maurin publié en 2009). Pour autant, elles ont réussi à déployer les stratégies permettant de l'éviter :
- stratégies éducatives protégeant leurs enfants de l'échec scolaire fût-ce au prix de l'inscription dans l'enseignement privé et du recours coûteux aux cours particuliers,
- stratégies résidentielles supposant d'accroître la part des dépenses de logement pour faire face à la hausse du prix de l'immobilier et accéder néanmoins à la propriété dans un environnement protégé.
Ecartelées entre le désir de s'élever - qui leur fait condamner "l'assistanat" protègeant les plus faibles à leurs dépens - et la crainte de chuter - qui les pousse à défendre leurs avantages acquis - les classes moyennes sont un enjeu politique pour la droite comme pour la gauche. de leur (re)conquête dépendront le résultat des prochaines échéances électorales ... de 2017.
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