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Critique de Biblioroz


Je n'avais pas encore exploré les nouvelles de Daphné du Maurier et le moins que l'on puisse dire est qu'elle a le don de nous installer tranquillement dans un surprenant suspense qui semble gentiment suivre son bonhomme de chemin jusqu'au final qui tombe parfois glacial, ou bien tragique, ou encore nous laissant présager une continuité plutôt funeste.
Très naturellement, au plus près d'une banale existence, la romancière nous conte le décor, les faits et gestes, les impressions de ses personnages et nous tire sur un tracé implacable, flirtant quelquefois remarquablement avec l'irréel.
Dans ces sept univers, je n'ai pas du tout ressenti l'effet « nouvelles » qui peut souvent donner un goût de trop peu, de trop rapide. Daphné du Maurier a pris le temps nécessaire, avec son écriture nette et précise, pour nous donner toutes les informations indispensables avant d'atteindre son but.

Ici, pas d'approche sentimentale dans la nouvelle Les oiseaux comme dans le célébrissime film d'Hitchcock. Juste une famille, celle de Nat, qui assiste à une effrayante attaque. Fin d'automne, prémices de l'hiver sur une presqu'île anglaise, Nat observe les oiseaux et note leur agitation, leur nombre, leurs cris stridents. Est-ce juste le signe précurseur d'un rude hiver ? le temps est pourtant calme, la mer tranquille, mais dans la nuit un vent d'est se lève. Et de petits oiseaux, roitelets, rouges-gorges, pinsons, envahissent la chambre des enfants… Les mouettes chevauchant les vagues s'envolent à la marée montante et assombrissent le ciel. Sentez-vous toute cette tension nerveuse qui peut en découler ? Les oiseaux attaquent, à l'image d'un grand raid lors de la guerre et seul Nat semble comprendre toute l'ampleur et toute la puissance du danger. Au-delà de l'effroi, cette nouvelle a le grand mérite de nous montrer que l'homme est bien loin de pouvoir tout maîtriser si la nature décide un jour de s'unir contre nous !

J'ai trouvé que les ambiances, distillées avec perfection et d'une belle variété, sont toutes redoutables. Imaginez un pauvre veuf, qui désire oublier sa femme avec son attitude d'anti-bonheur, ses désapprobations continuelles, pour goûter enfin à l'insouciance et au bien-être. Mais un vilain pommier moribond en a sûrement décidé autrement. Une résurrection glaçante et un formidable portrait arborescent figurant la désolation.

Dans la langueur d'une chaleur torride, vous goûterez aussi à la cruelle coquetterie d'une marquise en vacances dont toutes les attitudes crient « Regardez-moi, admirez-moi ! »

Ces nouvelles sont diaboliquement convaincantes et laissent longtemps planer leurs étranges atmosphères. Une véritable réussite.
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