Citations sur Mathieu Hidalf, tome 2 : Mathieu Hidalf et la foudre .. (10)
Il serait injuste de crier sur les toits que M. Rigor Hidalf n'aimait pas son fils. Mais comme il l'aimait davantage quand il ne le voyait pas, ne l'entendait pas et n'y pensait pas, il lui avait infligé la plus terrible punition qu'ait pu imaginer son esprit si peu imaginatif. Il l'avait congédié au sommet de la tour des Enfants, dans sa chambre gigantesque, depuis bientôt douze mois. Et le malheureux Mathieu ne pouvait en sortir que tous les matins, tous les après-midi et tous les soirs, dès que M. Hidalf avait le dos tourné.
-Nous sommes dans le bureau de la comtesse Dacourt, remarqua Roméo avec étonnement.
-Vous vouliez y faire venir votre lit, capitaine ! s'offusqua Mathieu, qui en profita pour détourner l'attention de Louis Serra. Cette fois-ci, c'est du flagrant délit !
-Mathieu ! gronda Mme Hidalf, rouge de honte, en guettant néanmoins avec une vive curiosité la réponse de Louis Serra.
-Mlle Juliette d'Or Hidalf a été reconduite à l'aube dans sa propre école.
-Elle m'a laissé un mot ?
-Non.
-Un contrat ?
-Non.
-Elle vous a priée de me transmettre des recommandations ?
-Non plus.
-Ouf ! soupira Mathieu. Je la voyais venir de loin, avec ses grandes oreilles... Je peux m'en aller et passer la journée entière à assouvir mon insatiable curiosité en toute légalité, sans avoir à redouter que les six frères Estaffes s'attaquent à moi ?
-Hélas ! J'ai bien peur que non, répondit la comtesse en grimaçant. Nous avons reçu une lettre recommandée de leur part, nous informant que vous étiez leur cible privilégiée.
-C'est vrai ? se réjouit Mathieu. J'exige une protection élitienne !
-Non, ce n'est pas vrai, trancha froidement la comtesse. Figurez-vous que les six frères Estaffes ont d'autres préoccupations que vous, Mathieu Hidalf.
-J'ai la réputation d'être sévère et juste, déclara John Mid. Naturellement, c'est une réputation que je ne mérite pas, Mathieu Hidalf. Je suis sévère et injuste.
si je rate mon Epreuve du Premier Mois, je deviendrai sûrement un père rigorien !
La cadette avait douze ans. C'était Juliette d'Argent. Selon Mathieu, elle n'était pas brillante non plus. Mais il l'aimait cependant, pour sa discrétion et son hypocrisie.
Les cheveux de Mathieu se dressèrent sur sa tête. Décidément, il connaissait de plus en plus mal son père, à mesure qu'il passait du temps à vivre sous son toit.
- Moi ? Outrecuidant ! s'emporta Mathieu. Je ne peux pas être outrecuidant ! Je ne sais même pas ce que ça veut dire !
Juliette d'Argent débarrassa le plancher à son tour, laissant Mathieu seul avec son chien à quatre têtes.
-Il m'arrive de penser, Bougetou, que nous sommes pareils, toi et moi, lui confia Mathieu. Tu as quatre têtes et un seul cerveau. Les enfants Hidalf aussi... [...] Heureusement, c'est moi qui l'ai eu!
-Est-ce que mourir est dangereux, docteur?
Boitabon disposait d'un échantillonnage de regards incompréhensifs destinés à Mathieu Hidalf. Mais il n'avait encore jamais eu l'idée de celui qu'il lui adressa à cet instant précis.
-Mourir est potentiellement mortel, même pour vous.