Guy de Maupassant, né en 1850, lié aux naturalistes a commencé sa vie littéraire avec "Boule de suif" en 1880.
Mondain, suite a des expériences amoureuses multiples, il a contracté la syphilis aux manifestations viscérales et psychologiques plus qu'embêtantes.
Le Horla, rassemble une série de nouvelles dont une éponyme. Cette dernière a été assimilée à une production délirante en vue de préserver son intégrité psychique.
J'ai beaucoup aimé ces récits que l'on dirait écrits par des personnes différentes. L'auteur peut passer d'un langage délicat,poétique et imagé pour certaines à une gouaille populaire mêlant de nombreux dialogues paysants et vivants pour d'autres.
Les thèmes abordés sont dissemblables aussi, ce qui fait qu'on ne s'ennuie jamais, poussant tour à tour treize portes de chapitres sans vraiment savoir se qu'elles cachent.
Le titre du "Horla", ou hors de là, hors de lui, symbolise l'inexpliqué, la part d'ombre en chacun de nous souvent projetée à l'extérieur, cette inconnue angoissante qui parfois, comme dans cette nouvelle consume puis détruit jusqu'à la folie. "Le vampire" disait
Baudelaire, qui hors de notre monde et des lois rejoint ici le récit de science fiction ou la pure hallucination.
La peur monte crescendo, du "Quelle journée admirable!" du début, à "Je suis malade!", puis "Ca s'aggrave!", jusqu'aux cauchemars où la seule façon de se débarasser de cet être qui hante le narrateur et l'épouvante est de se tuer lui même.
Idem dans "L'Auberge" où l'on voit Ulrich devenir fou, hanté par une âme.
Ces contes se font parfois cruels:dans "Le diable" une pauvre femme à l'article de la mort est épouvantée par une autre, soudoyée par le fils, qui finit par se déguiser en malin pour hater l'ultime départ.
Dans "Une famille",un vieillard est affamé.
Dans "Le vagabond", le vagabond dont personne n'a pitié est condamné pour vol et viol, alors qu'il a été poussé à voler par faim et que la servante troussée était consentante.
Les récits sont émouvants: l'adorable-laide "Clochette" boite d'amour,
"Le marquis de Fumérol" au seuil de la mort renvoie son monde, ses voleurs d'ame et de conscience, ses crocheteurs de porte de moribonds, sans ambages.
le curé des "Rois" rit beaucoup, le mort rit moins.
La sarcelle dont on a tué la femelle dans "Amour" nous touche de son cri, sa plainte déchirante et répétée, elle pleure et souffre, lamentable. Un passage que j'ai trouvé sublime car le fond, des paysage décrits en bord de marais, poétique avec ses longues feuilles en rubans, sa cabane-diamant au coeur de feu, est si beau qu'il fait ressortir l'émotion unique de l'animal touché dans son coeur par la perte de sa compagne, préférant mourir et allant au devant du fusil.
Et puis des récits cocasses, plein d'humour: "Le signe" ou "Joseph"et la coquine barone, "Au bois" et les époux qui pêchent sous les feuilles, "Le trou" et sa plaidoierie burlesque.
Le narrateur reste souvent passif ou contemplatif de cette comédie ou tragédie humaine. Il constate mais ne fait rien pour la positiver.
Sadique
Maupassant?
Bref, on ne s'ennuie pas, on lit, on se laisse emporter, on rêve jusqu'aux portes parfois sans retour du fantastique et l'on se dit: Oui
Maupassant était et est toujours un grand écrivain!