L'ouvrage étant de qualité, on passera outre la double bizarrerie du titre, l'une étant la borne maximale de la période, fixée à 2001 alors que l'ouvrage est paru en 1997 ; l'autre étant le choix d'avoir délimité le sujet par des années précises plutôt qu'un simple L'homme en guerre au XXe siècle, dates qui ne collent pas du tout avec les événements annoncés (la Marne, c'était en 1914 et le siège de Sarajevo a duré de 1992 à 1996).
Plutôt qu'un exposé d'un bloc qui progresserait dans son analyse, il faut prendre L'homme en guerre comme un recueil thématique dans lequel on piochera au gré des envies. C'est le seul défaut du bouquin, l'absence entre les différents sujets évoqués d'un liant plus pointu que le seul cadre du sujet qui est très large sur chacun de ses points – guerre, société, XXe – comme dans leur combinaison.
Cette réserve mise à part, le titre a le grand mérite de proposer une bonne synthèse, accessible sans disposer d'un bac +12000 en histoire ou de 350 ans d'expérience professionnelle dans le domaine militaire.
Masson s'intéresse au visage particulier de la guerre au XXe siècle, ou plutôt aux visages, pluriel de rigueur tant la période abonde en nouveautés (guerre totale, guerre à l'échelle mondiale, guerre pour des motifs idéolologiques, conflits de décolonisation, nucléaire...). Il va surtout s'intéresser à l'humain, embarqué là-dedans, transformé en combattant alors qu'il était un civil peinard, confronté à une expérience et un environnement terribles sur les plans sensoriels et psychiques. Changement de la guerre et changement des armées occupent la moitié de l'ouvrage, l'autre moitié étant occupée par le devenir de ces combattants selon qu'ils finissent blessés, capturés, morts ou parviennent à s'en tirer, à travers l'étude du service de santé, des prisonniers, des sépultures (cimetières militaires et monuments aux morts font partie des grosses nouveautés sociétales du siècle) et des anciens combattants.
Même si un peu décousu dans sa globalité, L'homme en guerre parvient à donner une image claire et précise du combattant dans les limites de ses 400 pages pour un sujet qui en nécessiterait dix fois plus.
Masson doit parfois faire vite, survoler certains points sans les creuser, zapper les détails et les références, mais c'est l'exercice de la synthèse qui veut ça, ainsi que les contraintes éditoriales. Il en reste un bouquin intéressant, une très bonne base pour aborder la question.
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