SILVIA.
Mais encore une fois, de quoi vous mêlez-vous, pourquoi
répondre de mes sentiments ?
LISETTE.
C'est que j'ai cru que, dans cette occasion-ci, vos
sentiments ressembleraient à ceux de tout le monde ;
Monsieur votre père me demande si vous êtes bien aise
qu'il vous marie, si vous en avez quelque joie : moi je lui
réponds qu'oui ; cela va tout de suite ; et il n'y a peut-être
que vous de fille au monde, pour qui ce oui-là ne soit pas
vrai ; le non n'est pas naturel.
Acte I, scène 1, le jeu de l'amour et du hasard.
Silvia : Ôtez-vous de là ; je ne puis vous souffrir ; laissez-moi m'affliger en repos.
Trivelin : Le compliment est court, mais il est net.
(La double inconstance)
J'ai fait une insolence ; donnez-moi conseil. Voulez-vous que je m'en accuse à genoux, ou bien sur mes deux jambes ? Dites-moi, sans façon ; faites-moi bien de la honte, ne m'épargnez pas.
Je ne veux ni vous battre ni vous voir à genoux ; je me contenterai de savoir ce que vous avez dit.
M'amie vous n'êtes point assez rude mais je sais mon devoir.
Levez-vous donc mon cher ; je vous ai déjà pardonné.
Écoutez-moi ; j'ai dit, en parlant de votre inimitable personne, j'ai dit... Le reste est si gros qu'il m'étrangle.
Vous avez dit ?...
J'ai dit que vous n'étiez qu'une guenon.
(Le prince travesti)
Oui-da, tu es jolie aujourd'hui.
Je le sais bien ; mais qu'est-ce que cela te fait ?
Ôte cette mouche galante que tu as là.
Je ne saurais ; mon miroir me l'a recommandé.
Il le faut, te dis-je.
Quel meurtre ! Pourquoi persécutes-tu ma mouche ?
J'ai mes raisons pour cela. Or çà, Lisette, tu es grande et bien faite.
C'est le sentiment de bien des gens.
Tu aimes à plaire ?
C'est mon faible.
(La double inconstance)