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Les nus et les morts est incontestablement l'un des plus grands romans sur l'enfer de la guerre du Pacifique. Portrait impitoyable de l'horreur de la guerre, plongeant dans les méandres de la jungle insalubre au climat tropical, envahie de moustiques, de serpents, d'araignées venimeuses, mille dangers supplémentaires alors que les soldats américains sont déjà confrontés à la férocité et au fanatisme des Japonais. Destins croisés de plusieurs officiers et sous-officiers aux tempéraments différents, aux idéaux contraires, entraînant leurs hommes à la limite de leurs capacités morales et physiques. Road trip militaire infernal ou le respect de l'ennemi semble oublié, tant par son comportement réciproque abominable, que par la violence psychologique à laquelle sont soumis en permanence ces hommes face au péril omniprésent de la mort qui rôde à chaque instant. L'auteur ayant lui-même vécu ce conflit, ne fait pas dans la dentelle dénonçant sans ambiguïté par ces mises en situation la bêtise indicible de la guerre, confrontant ses idées à la réalité de son temps avec un contraste intellectuel parfois désinvolte.
ce roman au caractère épique par sa longueur, reste avant tout un témoignage terrifiant sur la nature de ce conflit sans concession et un magnifique hommage à tous ces hommes partis loin de chez eux défendre des bouts d'îlots inconnus d'eux sans savoir souvent pourquoi.
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Un livre immense. Mailer nous entraîne dans le sillage d'une escouade d'hommes de l'armée US dans une île en plein Pacifique lors de la seconde guerre mondiale against les Japonais. le pouvoir d'évocation de Mailer est absolu. On y est, on est ces gens, on ressent tout, les descriptions sont haletantes, poignantes, ce livre vit, grouille, tousse, peine, souffre tant... La guerre est une abomination, y être entraîné est une abomination, les jeux de pouvoir, échecs garantis, sont une abomination... et ça pourquoi une lutte contre une abomination... On est dans le corps mais aussi dans la tête de chacun des personnages, qui tour à tour est développé, structure narrative intelligente et plaisante, les rapports avec les femmes, entre races, religions, philosophies, classes sociales... Toutes les pensées et le langage tient forme, tout est intéressant, tout est utile. Si ce livre est épais, il l'est absolument. Rien à jeter.
A moins de détester ou de se désintéresser de toutes les thématiques (in-)humaines ce livre deviendra une de vos références.
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Une oeuvre qui de par sa folie et sa démesure s'avére le parfait reflet de ce qu'est un conlit millitaire. Ces étres innocents sont embarqués dans une barbarie qui tout en détruisant les corps n'épargne pas les ames et brisent tout ceux qui lui sont confrontés. La démesure de Mailer trouve sa parfaite expression dans ce contexte ou la raison déserte totalement le terrain au profit de la loi du métal qui déchire les chairs et les ames. Une expérience unique qui marque durablement le lecteur.
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Ce roman de Mailer est impitoyable.
En cela, il n'aurait rien malheureusement de bien original car toutes les guerres sont horribles. Déjà "A l'Ouest rien de Nouveau" ou "les Croix de bois" en décrivaient toutes les horreurs.
Ces hommes impliqués dans un conflit qui les dépasse totalement ne cherchent qu'à survivre en tachant de s'épauler, en supportant autant l'ennemi que leur hiérarchie et en adoptant les misérables artifices de la virilité. Là où Mailer surpasse ses prédécesseurs, c'est que son écriture intense prend aux tripes et devient totalement immersive.
Ce roman fut brillamment adapté au cinéma par l'immense Raoul Walsh avec un casting impeccable mais les deux supports livre et film pour une fois réussirent à rendre toute l'intensité de cette folie absolue dans laquelle l'homme ne cesse de se noyer.

J'ai eu la chance de rencontrer un jour Norman Mailer. Je suis parti à toute vitesse dans la première librairie venue pour courir acheter "Des nus et des morts" et lui demander de me le dédicacer. Ce qu'il fit très gentiment. Un beau souvenir...
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Le sujet de ce roman est la conquête de l'île d'Anopopéi par un régiment américain pendant la guerre du Pacifique. Il oppose deux types d'hommes : le lieutenant de réserve Hearn, intellectuel, libéral et le sergent Croft, incarnation de la brute disciplinée. Mais à travers ce roman, inspirée de son expérience militaire, Norman Mailer dénonce les brimades, les exécutions inutiles et la défaite de l'homme inhérente à toute victoire militaire, la défaite de l'individu inhérente à toute société disciplinée. le véritable ennemi du soldat américain n'est pas le Japonais mais la machine militaire, symbole exacerbé de la machine sociale. La guerre n'est en fait que la continuation de la paix, à peine plus saugrenue, plus absurde, plus déshumanisante.
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Peut-être M. Mailer ne devrait-il pas être condamné pour avoir tenté de réduire par un assaut frontal ce que de meilleurs écrivains n'ont pas réussi à gagner par infiltration. "Les nus et les morts - l'histoire d'une bataille imaginaire dans le Pacifique - claironne sa réponse poussiéreuse à la brutalité de la guerre moderne. Sans aucun doute le roman le plus ambitieux à être écrit sur le récent conflit, c'est aussi le plus impitoyablement honnête. Même dans sa répétitivité, sa verbosité et sa suranalyse du motif, il est une performance imposante par un jeune homme de 25 ans dont les dons sont impressionnants et dont les échecs sont une question d'ambition.

Les nus et les morts est un roman extrêmement long, emporté par les eaux agitées de la désillusion, ne laissant aucune place à l'imagination. Il s'agit pratiquement d'un rapport Kinsey sur le comportement sexuel du GI. Les soldats de M. Mailer sont de vraies personnes, parlant la langue vernaculaire de l'amertume et de l'agonie humaines. Il dégage une lueur céleste assez fidèle au spectre de la bataille et expose le sang, sinon toujours les tripes, de la guerre. Pourtant, malgré toute sa virtuosité, ses canonnades émotionnelles assourdissantes, c'est avant tout une série d'escarmouches brillantes; l'objectif central n'est jamais atteint.

D'une part, nous ne savons pas exactement quel est l'objectif. M. Mailer n'aime évidemment pas la guerre, ni les gens qui combattent, mais ce n'est pas un thème original. Il s'efforce de montrer qu'une grande partie de son désagrément vient de la nature des participants, et que leur nature, à son tour, est déformée par les circonstances inévitables dans les conditions de la guerre et le climat d'une organisation militaire. Mais pas entièrement.

La génération qui a atteint l'âge adulte à la veille de la dernière guerre n'était pas idéale pour sauver le monde pour la démocratie. Il avait été gâché par la dépression. Ses minorités - deux des personnages sont juifs, un mexicain-américain - n'avaient pas encore été pleinement assimilées au rêve national. Même les groupes dominants représentaient des intérêts sectoriels et économiques concurrents. Au calme, les écarts sont réglables. A la guerre, pense M. Mailer, elles s'intensifient, car le système donne aux hommes des degrés de pouvoir sans précédent. Comment le GI - dans ses moments les moins vertueux - a obtenu ce qu'il a fait, est le sujet de ce roman.

La bataille est vue à travers les yeux d'un seul peloton, plus un major et un général. . Unité combattante, les hommes sont un ensemble d'individus. Chacun est étudié, dans des flashbacks écrits avec précision, comme le produit d'un certain environnement. S'il y a le moindre doute que M. Mailer est un écrivain perspicace et habile, ces vignettes le dissiperont. En revanche, le récit principal est souvent lent ; trop d'ennui de la guerre est traduit littéralement ; le lien entre le passé des personnages et leur existence au combat est parfois mince. de plus, le général, dont dépend une si grande partie de la motivation de l'histoire, est clairement une version sur-intellectualisée d'un fasciste, ni convaincante ni typique.

Ce sont des défauts, mais ils enlèvent peu à la puissance globale du livre. La scène dans laquelle Gallagher continue de recevoir des lettres de sa femme décédée - écrites avant qu'elle ne meure en couches mais livrées pendant un mois après qu'il en ait été informé; la mort de Wilson, parmi les plus prenantes de toute la littérature de guerre ; l'effort inutile et sadique de la part du sergent de peloton. Crofts pour amener ses hommes à escalader une montagne - ce sont des moments qui touchent profondément le coeur de la guerre. Ils sont un triomphe du réalisme, mais sans la compassion qui donne l'autorité finale dans le domaine de la conduite humaine.

Les nus et les morts n'est pas un grand livre, mais il témoigne incontestablement d'un talent nouveau (à l'époque de sa parution) et significatif chez les romanciers américains.

Lien : http://holophernes.over-blog..
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Livre sublime, très ambitieux, qui retrace un épisode de la seconde guerre mondiale, une bataille entre les USA et le Japon dans l'île d'Anopopei.
Une plongée dans le plus profond des peurs et douleurs des soldats.Mailer a presque synthétisé au sein d'un livre toute la psychologie du vécu de la guerre telle qu'elle était alors faite.
Ecrit seulement en 1947.
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Les Nus et les morts narre une campagne d'invasion militaire des troupes américaines contre une île tenue par les forces japonaises. La configuration du théâtre des opérations est singulière. Une île bordée de sable, couverte en partie d'une forêt tropicale impénétrable, plus haut colonisée d'herbe kwai, une herbe rhizomateuse pouvant dépasser la taille d'un homme, parcourue par une rivière souvent torrentielle et dominée par une montagne inexpugnable faite d'à-pic  vertigineux. le récit est principalement partagé entre la narration de l'organisation du bivouac, les préparations tactiques de la part du commandement et le quotidien et les affres vécus par un petit groupement d'hommes envoyé en reconnaissance. Ainsi le lecteur a une vision d'ensemble de la campagne à tous les niveaux, du général au plus modeste des troufions. L'intérêt majeur du roman réside dans sa structure. Point de narration linéaire. le récit est périodiquement interrompu par de cours chapitres relatant ce qui a précédé l'engagement de chacun des soldats, leur vie d'avant monotone et souvent pathétique. de loin en loin le choeur des soldats, dans une construction théâtrale, anime le récit d'une voie collective. Passé cela, la prose est d'une extrême indigence, grevée de dialogues en pidgin censée rendre la langue rudimentaire des hommes de troupe. le procédé est maladroit, mal rendu et difficilement tolérable pour le lecteur moderne. S'ajoute à cela l'inévitable vulgarité du propos émaillé de grossièretés plus qu'il n'est nécessaire. Mais passons, si ce n'était que cela, il n'y aurait pas lieu de s'effaroucher outre mesure du langage que les hommes emploient entre eux dans une atmosphère virile. C'est surtout l'effroyable longueur du roman qui, au regard du contenu, rebute. 

André Maurois avance dans la préface que selon les Américains, c'est le meilleur roman sur la deuxième guerre mondiale. Il parle même de Guerre et Paix à son endroit. Les Nus et les morts n'a ni le style, n'y la maîtrise, ni le sens historique, ni le souffle du roman de Tolstoï, tant s'en faut.  La lecture du volume acheté d'occasion, car jamais réédité depuis les années soixante-dix,(en livre de poche s'entend) imprimé dans une police à la taille comparable à des notes de bas de page, contant 750 pages et se débinant feuillet par feuillet avec des craquements inquiétants fut une expérience dantesque et éprouvante. 
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Les nus et les morts / Norman Mailer/ En pensant au « Dormeur du Val … »
L'action de ce roman touffu et très long, au réalisme saisissant, le premier de Norman Mailer, paru en 1950, se déroule durant la seconde guerre mondiale dans le Pacifique Sud. L'auteur fut lui-même soldat lors de cette bataille contre les japonais pour la prise de l'île d'Anopopéi. Il évoque non seulement les faits de guerre et leur horreur mais encore et surtout le quotidien de tous ces hommes ordinaires avant qu'ils ne partent à la guerre et leurs terribles souffrances et leurs terreurs durant la guerre elle-même, avec un souci surprenant du détail. C'est un récit d'hommes. C'est un livre de guerre, mais qui parle surtout des hommes.
J'ai été particulièrement marqué dans la première partie par la description du champ de bataille après l'assaut initial qui décima les troupes japonaises. La ballade macabre de quelques soldats parmi les carcasses métalliques et humaines et d'un réalisme frappant et terrifiant.
Quelques phrases clefs dans la bouche du général Cummings dès le début : « Peu importe le type d'homme que vous me confiez ; il suffit que je l'aie assez longtemps sous mes ordres pour le frapper de crainte. Chaque fois que l'on commet dans l'armée ce que vous appelez une injustice, le soldat qui en pâtit se fait peu à peu à l‘idée de sa propre infériorité… Une armée fonctionne d'autant mieux que vous craignez vos supérieurs et que vous méprisez vos subordonnés… Dans l'armée, le concept de la personnalité, de l'individualité, n'est qu'un obstacle. » C'est net et clair.
Sur la forme, la technique narrative de Mailer est intéressante avec notamment les chapitres de choeur qui traduisent les pensées de quelques soldats. La multiplicité de personnages rend parfois un peu délicate la lecture, d'autant plus que ceux-ci sont assez succinctement décrits, croqués et presque caricaturaux. Peu de sentiments nobles transparaissent tout au long de cette longue lecture. A noter de très bons dialogues entre le strict général Cummings et le lieutenant Hearn plus proche de ses hommes, évoquant la politique, le fascisme, le communisme …etc . L'antagonisme entre les deux hommes aux conceptions bien différentes crée une tension palpable qui laisse augurer de quelques vexations et humiliations de la part de Cummings.
« Je me suis efforcé de vous faire comprendre Robert (Hearn) que la seule morale de l'avenir est une morale du pouvoir, et celui qui ne sait pas s'y ajuster est un homme perdu. Il y a une chose à propos du pouvoir : il ne peut s'exercer que de haut en bas. Si des velléités de résistance se manifestent aux paliers intermédiaires, il suffit, pour la réduire en cendres, d'augmenter la pression vers le bas. »(Cummings)
Dans cette fresque sont parfaitement révélés par la guerre les qualités et les failles des hommes ainsi que leurs limites, leurs tourments et leurs angoisses, qu'ils soient simples soldats ou gradés. La guerre agit comme un révélateur et cela Mailer a su le rendre avec talent. Il fait parler les hommes qui parlent entre eux plus d'eux-mêmes que de la guerre elle-même. La peur est omniprésente au coeur des hommes, des hommes simples, antihéros, avec leurs soucis, leurs craintes, leurs souvenirs, leurs défauts, leurs faiblesses, leurs rancoeurs, leurs désirs, leurs frustrations, les humiliations subies et leurs haines. Au coeur de l'action, ils s'interrogent sur leur maisonnée, leur passé, leur avenir. Une évocation grandiose.
Une phrase choc dans la bouche d'un soldat: « Faire la guerre pour arranger les choses, c'est à peu près comme d'aller au bordel pour se débarrasser de la vérole. »
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Le meilleur livre sur la Guerre ?
Cela peut se défendre... car on retrouve dans ce livre l'intensité et les thèmes de tous les plus grands films sur le sujet : Soldat Ryan, Apocalypse now, Platoon, Sentiers de la gloires, Voyages au bout de l'enfer...
Nous sommes avec les soldats, nous rentrons dans leur quotidien et dans leur histoire personnelle qui se fondra dans leur formation de combat, puis dans L Histoire.
Le sacrifice, les guerres d'ego, le superbe comme le tragique, le grandiose comme le mesquin, tout se retrouvera dans cette oeuvre qui arrive à sublimer son sujet.
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