Trouvé dans la boîte à livres locale, certes en mauvais état, «
Crimes dans la cité impériale » a harponné mon regard grâce à son titre. Bon, perdu, la cité impériale dont il est question n'est pas celle à laquelle je pensais... et la dernière phrase du résumé laissait craindre le pire... mais bon, des polars histo, j'en ai pas des masses, et ça ne coûtait rien, littéralement, de tenter le coup.
Peut-être ma lecture récente de la série « Enquêtes aux jardins » a-t-elle trop éveillé ma méfiance, car de ce côté-là, le traitement de l'aspect psychologique du récit est exemplaire. Carrément. François est un médecin de campagne au début du 19e siècle, qui cherche à comprendre pourquoi ses patients sont comme ils sont, avec bienveillance, sans jamais porter de jugement. Au contraire, il n'hésite pas à rembarrer ceux qui le font !
Le récit nous lance donc sur les traces d'un serial killer, d'abord en 1803, puis en 1809-1810. La narration passe d'un personnage à l'autre, nous permettant d'avoir une vue globale de la situation, même si l'on suit principalement François, le médecin précité ; et surtout de commencer à échafauder des hypothèses dans notre coin. Si l'on écartera d'emblée la fausse piste la plus évidente, ne cherchez pas, vous ne *pouvez pas* deviner le fin mot réel de l'histoire avant les protagonistes. Sachez juste que rien n'est là par hasard... Clairement, l'intrigue de «
Crimes dans la cité impériale » est redoutablement bien échafaudée. Quant aux personnages, mine de rien, on s'attache assez facilement à eux : François évidemment, médecin par obligation et non vocation, mais qui s'intéresse réellement aux gens. Mais aussi Michel, l'amnésique envoyé chez lui par un autre médecin de la famille, Madeleine, moins muette qu'il n'y paraît, un commissaire haut en couleurs, ou Hélène, née noble mais éprise de liberté... Les chapitres sont courts et se picorent les uns après les autres comme des pois wasabi.
En revanche, pour qui voudrait du dépaysement ou du bond dans le temps, ce n'est pas ici qu'il faut chercher. le roman s'attarde en effet davantage sur les faits et les interactions de tout ce petit monde que le décor ; et si l'on a bien droit à du contexte politique, la vie de l'époque n'apparaît finalement presque pas. Ce n'est pas gênant en soi, tant l'autrice est douée pour brosser le portrait de personnages que l'on ne croise que l'espace d'un chapitre, et qui rendent le roman malgré tout riche en détails. Mais quoi de plus étonnant, pour un récit autant basé sur l'humain, finalement ?
Bref, si le rythme très lent ne conviendra peut-être pas à chacun, pour ma part, j'ai réellement passé un très bon moment avec ce livre. Abîmé ou pas, il reste chez moi !