Je viens de terminer "
Les soeurs de Montmorts" de
Jérôme Loubry et comment dire ? La technique de manipulation qui m'avait embobinée sans difficulté dans "
Les refuges" est complètement tombée à plat, cette fois-ci. Depuis le début de cette histoire, rien ne m'a paru fluide. Tout m'a semblé chaotique. le village, ses habitants, son omnipotent propriétaire, et même les flics en place m'ont plongée dans un univers factice, similaire à celui du "The Truman Show", film de
Peter Weir (1998). le mix sorcières-fantômes a vraiment été un flop. Aurait-il fallu que je force sur la bouteille, comme de nombreux protagonistes, pour suivre l'auteur dans son délire ?
Pourtant, j'étais prête à une nouvelle aventure, sans a priori. En marge de l'intrigue, dont les principaux axes prédisposaient à un développement astucieux, le style m'a déroutée. Je ne me souvenais pas de formulations aussi "cliché forcé" dans les précédents romans de
Jérôme Loubry. Au contraire, il était beaucoup plus direct, incisif, il ne se perdait pas dans des descriptions que je qualifierai d'envolées lyriques éculées, comme des formules prémâchées d'une platitude absolue. Je suis admirative de la verve de
Franck Bouysse et dans ce roman, j'ai eu l'impression de lire une pâle, voire translucide, copie de sa plume, bien que je ne doute pas une seule seconde que ça n'était pas l'intention de l'auteur. Il a déjà démontré qu'il a bien suffisamment d'imagination dans son registre, sans besoin de modèle.
Bref, la surprise n'a pas été au rendez-vous du tout. L'impression de rejouer à Un, deux, trois, soleil... non, pardon, suicide, a fait long feu. En cours de lecture, je voyais le nombre d'étoiles de notation fondre comme la neige au soleil. Ce qui est plutôt dans le thème puisque : "tout le reste n'est que... flocon de neige" (ceux qui ont déjà lu le livre comprendront). Une prémonition peut-être ?
La longueur du dénouement, à l'allure de cours neuroscientifique, est à la limite du supportable. Je ne parle pas de crédibilité, au pays des jeteurs de sort et des revenants, ce n'est plus le sujet. En fait, dans tout ce fatras, seules les trois dernières pages ont boosté mon attention en me faisant penser :" Ah, quand même !". Ce rebondissement inattendu a réussi, péniblement, à faire remonter la note, prenant aussi en compte, malgré mon manque d'enthousiasme, que les pages se tournent toutes seules, très facilement. Toutefois, quatre cents pages, si j'ôte la mise en bouche des premiers paragraphes, pour en arriver là, ça fait un peu, beaucoup de vent.
Clairement, je ne fais pas partie des lecteurs emballés par ce roman. Cependant, ce n'est pas pour autant que je raye
Jérôme Loubry de ma liste d'auteurs à suivre. "
Le chant du silence" m'attend dans les prochains jours. J'espère qu'il effacera de ma mémoire ce faux pas surréaliste de possession des êtres par la manipulation neuronale, qui a déjà été exploitée, par de nombreux auteurs, y compris par lui-même, avec beaucoup plus de virtuosité !