LA NEF, LE COU ARQUÉ ET L'IMMERSION DU COU : Tandis que le " cou en équerre " signifie une demande d'union durable, les modes comportementaux que nous allons décrire expriment exclusivement une invitation à copuler sans aucune arrière-pensée de cohabitation. Le cou arqué, en sa qualité de posture d'intimidation, souvent arboré aussi par de jeunes oies immatures, n'est pas très facile à interpréter. Il manifeste sans aucun doute la disposition à l'accouplement, mais il constitue en même temps une démonstration de " virilité " et témoigne de l'intention de " se grandir ". Néanmoins, je n'ai jamais constaté que ce comportement ait une action déclenchante au sens d'une provocation au combat. Même quand la femelle — ce qui arrive parfois — répond à ce mouvement intensif, on ne peut en tirer aucune conclusion quant à la constitution d'un couple dans le futur.
page 28.Sur les 20 oeufs d'oie cendrée dont je disposais alors, j'en mis 10 à couver sous une oie domestique sûre et plaçais le reste sous une dinde. J'avais l'intention de faire élever les 20 oisons par l'oie domestique, ce qui me paraissait indiqué. Mais il en fut autrement et - on peut le dire - heureusement! Quand le premier oison fut éclos et sec, je ne pus résister à la tentation de ramasser sous sa nourrice le ravissant petit être et de le considérer de plus près. Pendant ce temps, il me regardait et, après quelques instants, émit le "sifflement monosyllabique de l'abandon", que mon expérience des canards me permit d'interprêter fort justement comme des pleurs. Je répondis donc par quelques sons tranquillisants. Là-dessus, l'oison se tourna complêtement vers moi, tendit le cou et fit entendre un "vivivivi" polysyllabique. Je compris ce passage du sifflement monosyllabique au "vivi" polysyllabique comme le passage des pleurs à la prise de contact joyeuse, et interprêtait correctement le cou tendu comme un mouvement de salutations. Qui aurait résisté au plaisir d'observer, encore une fois, le passage des pleurs désespérés aux salutations joyeuses