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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il fut un temps où les Inuits chassaient le caribou sur des traineaux avec leurs chiens, mais les motoneiges les ont remplacés et les peuples du Nord canadien ont du s'adapter aux transformations que leur a imposées le monde moderne.
Guillaume, jeune professeur de français, choisit d'aller exercer pour son premier poste à Kuujjuaq, en pays Inuit, et le dépaysement dépasse de loin tout ce qu'il avait imaginé.
Pourtant, il réussit son intégration grâce au hockey et parvient à se faire apprécier par ce « peuple du soleil levant » et à aimer passionnément ce village loin de tout, pendant les trois années où il y vivra.
Mais lorsque sa femme Caroline, rencontrée dans ce territoire sauvage, tombe enceinte, ils choisissent de revenir vivre auprès des leurs, dans le Sud.
Happé par le passé, Guillaume se souvient de son père qui vivait en osmose avec la nature et lui transmettait une sagesse faite de connaissances ancestrales. Face à la transformation du monde qui l'entoure, il regrette ces jours heureux passés dans la toundra, sous le vent et les aurores boréales et se dit que ses enfants eux, vont devoir « apprendre à tout perdre ».
Un premier roman rythmé par la nostalgie et le regret du temps passé qui m'a semblé bien pessimiste quant à l'avenir de notre Planète et de ses régions encore sauvages.
J'ai regretté cette vision très négative d'un monde qui va inexorablement changer et il me semble que la seule façon de ne pas le regarder disparaître, c'est d'avancer avec lui et de l'accompagner vers ce qui peut être positif pour demain.
Si le vocabulaire et les expressions canadiens ne me sont pas familiers, l'écriture poétique de Jean-François Létourneau est universelle et ce voyage vers les régions sauvages du Grand Nord est néanmoins superbe.

Merci à Babelio et aux Editions de l'Aube pour ce roman reçu dans le cadre d'une Masse Critique.
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Un jeune professeur québécois prend l'avion pour prendre son nouveau poste, dans un coin nord du Québec, le Nunavik. Ces quelques heures de vol lui font se rendre compte de sa totale ignorance des gens parmi lesquels il va vivre et qui pourtant arpentent ces terres depuis des siècles, bien avant ses ancêtres à lui.
Kuujjuak se trouve sur les berges de la Koksoak, proche de la baie d'Ungava et de l'océan Arctique.
C'est un pays de froid, de vent, de glace, sans arbres ou presque.

L'enfer du nord n'est pas forcément le froid glacial. Ça peut être ce que vit Guillaume en débarquant. Un sentiment de décalage total. Que ce soit avec ce qu'il imaginait, ou rêvait, de la vie dans ces régions, une sorte de vision romantique et surannée ; ou avec les personnes, les Inuit, dont il ne sait rien de la culture ni de l'Histoire, et qui ne sont en rien figés dans un passé idéalisé ou dans un zoo. Ce qu'il découvre est loin de ses certitudes, de tout ce qu'il croit savoir, de ce qu'il n'a jamais appris. Son vertige est aussi inattendu qu'incommensurable.
Jusqu'au déclic qui prend la forme d'une crosse de hockey ; un monde s'ouvre, enfin. le sport se greffe dans le récit, les pages de matchs et d'après matchs sont ferventes, dures, animales.

Dans un récit parallèle on retrouve Guillaume quelques années plus tard, marié et père, vivant à proximité de la ville mais entouré, pour quelques temps encore, de bois et de forêts. Il se penche sur son passé et regarde sévèrement son présent, ce qu'il laisse derrière lui, et ce qu'il peut transmettre. Guillaume, qui est probablement d'après les pages lues deci-delà un double de l'auteur, a bien la tête dans son époque, mais son coeur est dans une autre, plus rude, plus proche de la nature.
Durant tout « Le territoire sauvage de l'âme », Jean-François Létourneau nous raconte, nous donne à voir et à sentir les oiseaux, les animaux, les paysages qu'ils soient de glace ou de bois, tente de lire les ciels selon les moments et les lieux, essaie plutôt bien que mal d'apprivoiser les gens autour de lui avec toujours un sens acéré du détail touchant ; on le sent adossé au nature writing du Rick Bass de « Winter » ou du « Journal des cinq saisons ».

Alors certes ce court roman n'a rien de révolutionnaire, ni dans le propos ni dans l'écriture, il manque peut-être de ceci ou de cela, mais J-F Létourneau nous parle, et le roman prend appui sur cette parole limpide, dense. La lecture du « Territoire sauvage de l'âme » est un vrai moment de plaisir, et je n'ai pas besoin de plus pour l'apprécier.
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Le territoire sauvage des âmes de Jean François Létourneau
Editions De l'Aube


Kuujjuap sur le bord de la rivière Koksoak, c'est là que Guillaume fera ses premiers pas en tant que professeur, « massif laurentien, le gardien de l'arrière-pays, ce que les gens de Montréal appellent le Nord. »
Heureusement, ils ne sont que douze, douze ados Inuits à le fixer en silence. Il va falloir relever la gageure, celle de se faire accepter, de parvenir à communiquer, à transmettre. Gagner la confiance de la classe, c'est gagner celle du village.
C'est lors d'un match de Hockey que cela va se produire, puis sur une partie de chasse aux caribous qui se terminera avinée, comme il se doit.
Guillaume se souvient de ces trois années dans cette terre sauvage, froide, âpre et authentique. Une leçon de vie venue du froid qui marquera à jamais l'existence de cet instituteur un peu maladroit, inexpérimenté.
Depuis, il est devenu père de famille et parfois il ressent le manque de cette vie, il pense aux ados, leurs rires, leurs gentilles moqueries et le sentiment d'abandon qu'a engendré son départ.
Avec les souvenirs, l'évocation naturaliste et poétique d'un monde en survie, se profile.
« Il a lui-même bûché une partie de la prucheraie pour y installer sa famille. Il a milité pour l'Action boréale, vu une dizaine de fois le documentaire Desjardins, planté des arbres dans le nord de l'Ontario pour payer ses études. Il sait exactement à quoi ressemble le silence d'une coupe à blanc. Et s'il donne une partie de sa paie à Greenpeace, il a sacrifié une pruche immense pour construire une maison.
Caroline lui répète qu'il s'en fait trop, qu'il ne doit pas être si dur envers lui-même. Rien à faire. Un jour, la banlieue sera dans sa cour. Et ce sera de la faute des familles comme la sienne. Des amoureux de la nature et des grands espaces. »
Un très joli premier roman à la langue poétique (et imagé, Quebec oblige) qui invite à la réflexion et à la rêverie.
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Le roman s'ouvre avec le voyage en avion de Guillaume, jeune professeur de français, qui quitte le Sud du Québec pour le Nord. Il prend son premier poste à Kuujjuaq. Il y découvre une culture, un peuple, une autre vie. Les Inuit ont trois langues, l'inuktitut qui est leur langue maternelle, puis l'anglais pour pouvoir travailler et enfin, pour certains, le français. Guillaume doit d'abord réussir à comprendre les codes et les coutumes des Inuit pour pouvoir enseigner aux adolescents. Tout un apprentissage !
Le livre a deux temporalités, lorsqu'il est dans le passé, c'est-à-dire les 3 années d'enseignement à Kuujjuaq, le narrateur s'adresse à Guillaume en le tutoyant. Puis quand le texte bascule dans le présent, le narrateur parle de Guillaume à la troisième personne du singulier.
Pendant ces années passées dans le Nord, Guillaume fait la connaissance de Caroline, une autre enseignante, qui deviendra sa femme. Lorsqu'elle est enceinte, ils décident de rejoindre leurs familles dans le Sud et de s'y installer pour fonder leur foyer. Ils auront 3 enfants : Laure, Samuel et Marie-Claire.
On les retrouve donc 10 ans plus tard, une vie paisible faite d'histoires racontées à côté du poêle, de balades en forêts parmi les pruches et les épinettes, de camping dans la tente au fond du jardin. Ça sent bon la forêt ! Mais une menace plane, celle de la construction d'autoroutes et d'infrastructures qui démolissent les forêts. Guillaume est préoccupé par ces changements écologiques. Il est reconnaissant envers son père qui lui a transmis l'amour de la nature et l'a élevé en lui apprenant à pêcher, à vivre dans la forêt.
Le froid et la neige sont également très présents. Dans le Nord, Guillaume est initié à la chasse et part en week-end avec les autochtones. Il ne parle pas l'inuktitut et il n'y a pas de distraction sur place. Il réussit à s'intégrer à la communauté grâce au hockey. Il s'avère être un excellent joueur. le roman donne aussi une belle place à ce sport.
Le texte est parsemé d'expressions québécoises et de noms en inuktitut, qui ne gênent pas la lecture. Au contraire, ils participent au voyage dans une culture, un pays. L'écriture est poétique. Il y a parfois des lettres ou des extraits de son journal de bord.
Une belle lecture pour ma part et un très beau voyage dans ce « territoire sauvage de l'âme ».
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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C'est un roman en deux temps.
D'abord celui d'un "tu" s'adressant à Guillaume, enseignant fraichement diplômé qui part en poste dans un endroit d'où on ne peut sortir qu'en avion, un village où il ne connait personne, là-haut dans le Nord, pays mythique, enneigé, infini, et grand terrain de jeu pour les anthropologues, les biologistes et autres ethnologues.

C'est aussi la terre des Inuits. Pour Guillaume, un autre monde.

Les politiques de sédentarisation successives imposées à ce peuple initialement nomade l'ont fait échouer là, dans ce genre de village du bout du monde dont l'épicerie vend des Big Mac congelés, du lait et du jus d'orange à des prix exorbitants, denrées qui ont remplacé le gibier que les chiens de traineaux les aidaient à traquer jusque dans les années 1950, quand leurs bêtes furent abattus sous prétexte qu'elles étaient malades et menaçaient la sécurité des villageois (en réalité le meilleur moyen de forcer ces populations à l'immobilité). Les enfants du Nunavik sont scolarisés en inuktitut jusqu'en quatrième année de primaire, leurs parents devant ensuite choisir l'anglais ou le français. le taux de décrochage scolaire témoigne d'un système qui répond plus aux besoins du sud qu'à la réalité du Nord.

L'apprivoisement est progressif. Les élèves se moquent de Guillaume, de ses réflexes inadaptés de gars du sud. Lui est incapable de prononcer leurs noms de famille, a du mal à comprendre leur humour rigolard. C'est grâce au sport qu'il finit par trouver sa place dans la petite communauté. Ses talents de hockeyeur lui permettent d'intégrer l'équipe locale. En patinant avec les oncles, les pères, les cousins de ses élèves, il apprend les codes, se familiarise avec la langue, accompagne ses nouveaux concitoyens à la chasse au caribou. L'absentéisme scolaire diminue.

Au-delà des analyses psychologiques, anthropologiques, des cris d'alarme des travailleurs sociaux, des fantasmes romantiques de la littérature, Guillaume découvre l'esprit du nord dans le rire de ses élèves.

Mais si, avec le recul, cette expérience lui fera remettre en question le récit de ses propres origines -c'est-à-dire celui d'ancêtres qu'ils voient dorénavant davantage comme des colons brutaux que comme de fiers aventuriers-, il sait malgré tout qu'il lui manquera toujours quelque chose pour vraiment saisir ce que signifie vivre et surtout grandir dans le Nord.

Le second temps est celui d'un "il" qui nous fait retrouver Guillaume quelques années plus tard. Il est dorénavant marié, père de deux enfants. Il a pris "une sabbatique", pour prendre le temps justement, celui de raconter des histoires à ses enfants, comme l'a toujours fait son père, homme malcommode qui faisait son bois de chauffage et ne sortait jamais sans sa carabine, mais qui surtout racontait des tas d'histoires qui ont nourri et émerveillé son enfance. Ça coulait comme un poème, faisant surgir les images, naître des sensations…

Il leur parle de leurs grands-parents, de sa mère qu'il n'a pas connue, de l'amour de leur grand-père pour le bois, de ses anciens élèves de Kuujjuaq, de la beauté violente du froid extrême. Il le fait dans la tente de prospecteur qu'il a montée sur leur terrain où il a fait construire la maison familiale, dans les bois mais pas trop loin de la ville.

Dormir dans une tente avec ses enfants, les abreuver d'histoires qui disent en filigrane ce qui a été perdu avec la modernité, la vitesse et la frénésie consumériste… il a imaginé que c'était là l'ultime moyen de se reconnecter à la vie, à l'énergie sauvage des origines, quand on pistait les animaux, qu'on savait identifier le chant des oiseaux. Mais n'est-ce pas vain, quand on constate l'inéluctabilité du progrès de la destruction, les bois rasés et les étangs à grenouilles comblés au profit de nouvelles routes et de nouvelles habitations ? Et n'est-ce pas hypocrite, quand on se dit amoureux de la nature et des grands espaces, mais que l'on veut y vivre dans le confort, participant ainsi soi-même à l'étalement urbain ? Il sera en partie responsable de la perte que subiront ses enfants, et n'aura à opposer à leur tristesse et incompréhension que le silence du Nord et le souvenir de la tente sous la prucheraie*.

Un très beau texte, empreint d'une mélancolie et d'une poésie qui émanent spontanément de l'évocation à la fois enchantée et douloureuse de ce qui est en train de disparaitre.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Guillaume, jeune professeur de français part enseigner dans le grand Nord : le Nunavik. Il va y découvrir la vie en pays Inuit, la solitude et se faire accepter petit à petit par le village. Différences de vies, de classes, de traditions... Guillaume va voir sa vision du monde et de la vie changer.

Dans un second point de vue l'auteur nous permet d'apercevoir l'empreinte laissée par cette expérience dans la vie de Guillaume des années plus tard et l'impact sur sa philosophie et ce qu'il souhaite transmettre à ses enfants.

Une belle histoire qui vous fera voyager à coup sûr !
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Je suis tombée sous le charme de ce roman à l'écriture poétique et authentique !
Guillaume, un jeune professeur, choisit de partir enseigner en terre Inuits à Kuujjuaq. Dès son arrivée, le dépaysement est total……
Situé sur les bords de la rivière Koksoak, Guillaume va découvrir toute une culture au sein du peuple Inuit, les matchs de hockey, la chasse aux caribous, le patinage, ses collègues, ses élèves, la motoneige….. et puis sa femme ! Lorsqu'elle tombe enceinte, c'est le coeur lourd mais rempli de souvenirs qu'ils rejoignent leurs familles dans le Sud. Ces trois années resteront gravées dans la mémoire de Guillaume. Roman sur deux périodes, avec la découverte de la terre inuit puis sa vie entourée de sa femme et ses enfants.
L'écologie et ses enjeux, la famille, les relations humaines, la transmission, la beauté de la nature, sa destruction, l'urbanisation..... l'auteur aborde très bien ces thèmes et nous pousse à la réflexion.
C'est authentique, beau, rempli de tendresse, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman…….
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Un livre qui m'a sorti de ma zone de confort ! Mais ce n'était pas pour me déplaire, j'ai adoré me retrouver un temps au nord, un temps au sud du Québec. On se retrouve dépaysé, tout autant que Guillaume, le personnage principal.
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La plume de l'auteur est très poétique, immersive et maîtrisée. J'ai adoré la façon dont le personnage raconte les histoires à ses enfants, je n'aurais pas été contre quelques anecdotes de plus ! ☺️
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J'ai été touché par le passage où il raconte une histoire avec son père, malgré la pudeur des personnages, on sent tout l'amour qu'ils se portaient et c'est émouvant.
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Une histoire calme que j'aurais bien lu au coin du feu en hiver.☺️
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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