Immense déception ! D'autant plus grande que j'avais adoré «
Au revoir là-haut » ...
Il faut dire que je n'ai retrouvé, dans ces «
couleurs de l'incendie », aucun des ingrédients qui faisaient de la première partie un véritable plaisir de lecture. Non. Ici le style est pauvre, l'intrigue téléphonée, les personnages monoblocs, monotones, superficiels. Et j'ai senti un auteur essoufflé, probablement fatigué par l'effort physique et intellectuel de produire de telles briques en si peu de temps. Ou peut-être tout simplement angoissé à l'idée de ne pas être à la hauteur du premier tome.
Concrètement, je reproche à l'auteur de nous imposer les lettres de Solange, qui ne connait pas son orthographe, en conservant les dites fautes. Bon, si on nous dit que Solange n'est pas la pro des dictées ni de la grammaire, on devine bien que ses lettres sont bourrées de fautes. Inutile d'insister là-dessus et de nous horripiler avec ces monstruosités. Cela n'apporte rien au roman.
Ensuite il y a ces répliques en polonais sans aucune traduction. Je peux à la limite comprendre le procédé quand il s'agit de reprendre des expressions faciles et courtes d'une langue proche du français (comme dans le très beau «
Pas pleurer » de
Lydie Salvayre qui émaille son roman de très courts passages en espagnol tout en restant compréhensible pour un lecteur non hispanophone). Bon une réplique en polonais, soit. Deux à la limite. Mais là, sur certaines pages, on en trouve jusque quatre. Résultat : le lecteur se sent frustré, exclu et surtout incapable d'éprouver une quelconque sympathie pour la nounou polonaise.
Ensuite j'ai lu un infâme « Rose faillit se foutre par terre et se retint de justesse » (pg 273). A nouveau j'aurai pu comprendre si le roman était écrit sur ce ton-là, mais non. Alors, oubli à la relecture ?
Les personnages sont tous grotesques, caricaturaux, à un point tel que certains manquent totalement de crédibilité … comme ce Dupré, ouvrier anarchiste, qui abandonne son métier pour se mettre au service d'une bourgeoise.
Et donc voilà, après un début percutant (comme toujours avec Lemaitre ?) on passe péniblement à une histoire de vengeance, mêlant sexe et argent, une recette usée jusqu'à la moelle et qui fait le succès des séries télé. Alors pourquoi en faire un roman, si même le plaisir des mots n'y est pas ?