Les livres de type "régional" fonctionnent souvent sur la même trame : un lieu typique, une époque donnée, un évènement de l'histoire oublié, l'évocation du parler local. L'Ermitage du soleil coche toutes les cases prévues. Hélène Legrais a voulu ici mettre en parallèle l'arrivée d'un des premiers fours solaires dans un petit village du Roussillon et la fabrication des cravaches de tradition dans ce même village.
Les deux histoires ont un peu tendance à fonctionner de façon autonome, avec pour trait d'union le personnage principal, second du patron de l'usine et fasciné par l'arrivée de la nouvelle invention. On a parfois l'impression que toute l'histoire de l'usine de cravaches est surtout là parce que l'anecdote principale aurait du mal à occuper tout un roman. Mais petit à petit le maillage se fait par le biais de ce personnage central, plutôt réussi dans son statut de star locale qui ne voudrait pas l'être.
Le final, intéressant dans l'analyse qu'il permet de mener sur les fonctionnements en vase clos et les bouleversements provoqués par la tentation de l'ailleurs, reste malgré tout un peu trop alambiqué à mon goût, en opposition avec la simplicité qui se dégage plutôt du début de l'histoire. Il reste l'évocation d'un terroir français et d'un village au début du siècle, avec sa galerie de personnage assez hauts en couleurs, même si rapidement brossés.
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Tandis que l'éminent sujet de Sa Gracieuse Majesté la reine Victoria répondait par les amabilités d'usage, Miquel imagina le calvaire que son patron avait vécu en attendant son arrivée. M. Solsona, qui ne savait pas parler français sans y mêler du catalan, au point parfois de dérouter les représentants de leurs clients du nord de la Loire, ne comprenait évidemment pas un mot d'anglais. A rester assis avec son visiteur à se regarder en chiens de faïence de part et d'autre du bureau, un sourire plus crispé de minute en minute figé sur les lèvres, le temps avait dû lui paraître bien long.
La plate-forme bétonnée de cinq mètres de diamètre environ avait été équipée d'un rail circulaire. Himalaya avait perché dessus une sorte de trépied métallique à petites roues qui pouvait ainsi pivoter sur lui-même et supportait une coupole en forme de chapeau chinois.[...]le prêtre esquivait toute question directe quant à l'expérience qui l'amenait ainsi en pays catalan (chap.6)
Ce ne sont pas les grands principes mais les petites manigances qui vous font avancer dans la vie ! (chap. 18)
Hélène Legrais présente "Les Ombres du pays de la Mée"
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