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Critique de Riduidel


Présentation succinteUne saga, c'est avant tout quelque chose d'ambitieux. Quand on parle de ce genre de choses, on s'attend à tomber sur quelque chose d'énorme, qui va laisser des traces profondes dans l'esprit de tous les lecteurs. Et peut-être que ce sera le cas pour celle-ci. Contrairement à bien des plagiaires de la fantasy moderne, Tanith Lee ne choisit pas la facilitié de tirer à la ligne d'une manière évidente(1). Non, au lieu de cela, elle s'intéresse tout d'abord à Uasti, presque une Déesse, en tout cas plus qu'une simple humaine, pour nous la faire suivre dans ses péripéthies rarement heureuses (et pour cause). Ce qui donne le très étrange premier roman, La déesse voilée. Puis, elle s'attache aux pas de Vazkor, un personnage tout aussi étrange et tourmenté, dans les deux suivants(2). Bref, c'est épais (forcément, avec plus de mille pages), c'est assez violent, mais est-ce que c'est bien ? Une première réponse pourrait être oui, mais … Pour une réponse plus complète, vous devrez en revanche attendre la fin de cet avis et les spoilers qui vont avec … La sorcière voiléeCe premier roman nous raconte donc les aventures d'Uasti, depuis son "réveil" jusqu'à son "départ"(3). Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle a une vie plutôt animée, entre son brigand, son futur roi, et deux ou trois autres gars qui passent, elle a le don étrange de faire tourner les têtes (ce qu'on comprend en toute fin du roman). Si cette espèce de résumé vous paraît un peu décousu, c'est normal : Uasti est un personnage très étrange, ballotée par un Destin franchement bizarre, et qui n'a pas les moyens de s'accrocher à quoi que ce soit. Ce roman, c'est en quelque sorte une course désespérée contre on ne sait quelle étrange voix qui la pousse vers le suicide. Et puis peut-être aussi que j'ai eu beaucoup de mal à adhérer aux désirs de ce personnage assez marqué par son destin, qui au bout d'un moment finit par considérer que tout ce qui lui arrive est normal, et du coup ne se bat plus pour elle. En fait, je dois avoir une vision bien trop masculine de ce que peut être la fantasy pour pouvoir m'immerger à fond dans ses intéressantes réflexions personnelles. Bref, ce premier tome est très décalé du reste de la production de fantasy, où abondent guerriers, magiciens, sorciers, et orang-outangs. VazkorJe sais, ça n'est pas le titre complet, mais j'essaye de ne pas gâcher le suspense. Encore une fois(4), le personnage principal est fortement marqué par son destin. Si sa vie commence dans ces étranges clans nomades, elle basculera assez vite pour, tout comme dans le premier roman, se parer un moment du faste le plus incroyable avant de se terminer sur un départ (on pourrait quasiment parler de fuite) devant un monde transformé par le héros. Bien sûr, le héros est cette fois un homme, ce qui donne lieu à plus de combats, de bagarres, de batailles, mais finallement, tout ça n'est que du décorum face à ce qui lui arrive, et qui est largement plus intéressant qu'une bonne dizaine de Belgariade mal digérées. En effet, peu à peu, ce personnage se transforme, passant de l'enfance à l'âge adulte, dans des conditions qui n'ont rien d'enviables : peu aimé de son père et de son clan, il ne trouve asile qu'auprès de sa mère (et encore ne s'agit-il que d'un asile temporaire). Il va ensuite traverser toute une série d'épreuves, lui faisant prendre conscience de son délicat héritage. Mais malheureusement, difficile d'en dire plus. La quête de la sorcière blancheCe dernier tome permet enfin de mettre en présence les deux précédents intervenants, au terme d'une longue, très longue (peut-être même trop longue) quête. Et encore une fois, l'auteur nous réserve ces rebondissements dont elle a le secret, avec notamment un passage fabuleux de maladie et de désolation. Un avis synthétiqueAttention, cet avis va contenir des spoilers. J'ai un avis très mitigé sur ces différents romans, parfois pour les mêmes raisons, parfois pour des raisons spécifiques. D'abord, les raisons génériques. le moins qu'on puisse dire, c'est que Tanith Lee n'a pas une relation empathique très intense avec ses personnages. ou alors, elle a vraiment du mal à nous faire ressentir leurs émotions. Car même lorsqu'Uasti essaye de tuer le premier Vazkor, ou lorsque le second apprend que sa mère n'est pas sa mère, il y a certes une espèce de flottement, mais rien n'est fait pour nous plonger à leur place (alors même que l'écriture à la première personne de Vazkor devrait nous faciliter ces choses). On assiste donc d'un oeil tout à fait neutre à leurs (més)aventures. Et là, en revanche, il convient de féliciter l'auteure qui parvient à nous faire revivre des poncifs de cette littérature avec un léger goût d'inattendu. Que ce soit la course de char, la bataille rangée, l'embuscade, l'épidémie ou la fuite, on découvre toujours de nouveaux angles. Pourtant, il n'y a rien de novateur, que ce soit dans La sorcière voilée ou dans les autres romans. Enfin, rien … soyons honnêtes. La sorcière voilée utilise peut-être l'un des plus gros Deus Ex Machina que j'aie eu l'occasion de voir. Quoique la conclusion de "La quête de la sorcière blanche" ne soit pas mal non plus de ce côté-là ... C'est marrant, mais en relisant cet avis, je le trouve très négatif. Pourtant, tout n'est pas à jeter. L'écriture est limpide, certaines choses sont bien trouvées, et les errements d'Uasti sont très crédibles. Pourtant, l'impression qui reste est assez décevante. Peut-être parce que la lecture d'une traite des trois tomes ne me donne pas envie d'avoir pitié. En tout cas, la seule chose que j'en retiendrai, c'est qu'il s'agit, malgré les habituelles envolées lyriques de la quatrième de couverture, d'une oeuvre honnête de fantasy, ni plus mauvaise ni meilleure ni plus originale que bien d'autres, mais, hélas, en aucun cas inoubliable. (1) Il faudrait plutôt évoquer ici la tentation Hollywoodienne des suites et autres retours des mort-vivants(2) Dont je vous révélerai plus loin les titres, qui sont en soi des spoilers(3) Au niveau "flou", ça doit être suffisant(4) mais c'est en même temps assez normal, vues les relations entre les deux personnages
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