Il faut que je reprenne mes esprits, j'avais pas eu la trouille comme ça depuis "3615 code père-noël" en 90...
(Ca va... j'étais petite et le gars tue un chien avec une pelle tarte... une.pelle.à.tarte)
Je m'égare, mais il est vrai que j'ai retenu mon souffle plus que de raison en lisant ce premier roman très noir, et très réussi, de Sébastien le Jean (lequel est quant à lui tout à fait charmant, pour l'avoir rencontré à l'occasion du festival Quais du polar).
Mais chaton, quel est donc l'objet de toute cette angoisse vous demandez-vous ?
Un mot: survivalisme. (Je renchéris de trois mots: fin du monde)
Le roman débute en région parisienne avec le cadavre d'un riche industriel, géant de l'automobile, retrouvé littéralement 6 pieds sous terre dans ce qu'on apprend être un genre de bunker anti-fin-du-monde pour milliardaires prévoyants.
A Lyon parallèlement, un pêcheur sort d'un étang un deuxième cadavre, très vite identifié comme étant un "influenceur" survie en milieu hostile (ça fait rire dit comme ça, mais en fait non).
Aux manettes: le commandant Sénéchal à Paris, flic anciennement désabusé revenu à la vie avec la naissance de son fils le jour de la découverte du mort, la capitaine Irina Kowalski à Lyon et à deux doigts de la démission.
La tension monte, alors que de mystérieux cercles de peinture verte apparaissent sur les portes parisiennes, et pour faire le lien entre les évènements, les policiers vont devoir plonger au coeur des mouvements écologistes radicaux, où comme à chaque fois que l'idéologie prend le dessus sur l'intelligence et la réflexion, règnent l'égo, le fanatisme et la violence la plus extrême.
Ce n'était pas évident de traiter de ce sujet, les écueils étant nombreux, mais
Sébastien le Jean s'en sort en véritable équilibriste.
La force du récit, c'est sa construction implacable.
On découvre d'abord avec la même stupéfaction que les protagonistes un milieu, le survivalisme, et ses codes bizarroïdes: effondrement, stockage des denrées, bushcraft, survie en milieu urbain...
Et puis comme pour eux, lentement, le doute s'installe quand on découvre l'ampleur du mouvement et de ses ramifications, alors qu'on s'attendait à un milieu de gentils excentriques.
S'agit-il vraiment de simples illuminés, de complotistes bas de plafond? Ou bien quelque chose nous échappe-t-il...
La paranoïa s'installe dans un décor ultra réaliste qui rend les thèses les plus folles parfaitement crédibles.
Les chapitres se suivent, sans le moindre répit pour le lecteur qui finit, comme les personnages, par craindre pour sa santé mentale, jusqu'à un final explosif aussi terrifiant que jubilatoire.
On referme finalement le livre soulagé, ce n'était qu'une histoire...
Mais... "Et si c'était vrai ?" comme disait le poète (je déconne).
Quoiqu'il en soit, la graine est plantée et je me garderais bien d'une réponse définitive.
En attendant je vous recommande chaudement ce roman et file préparer mon sac d'évacuation...
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