AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Un libraire (9)

Mardi 1er décembre 2020

(...)
Cher jacques,

Il y a tous les ces livres qui n'ont absolument pas besoin du coup de pouce du libraire pour se vendre et il y a les autres, plus secrets, plus âpres, plus difficiles, qui exigent une attention particulière, une recommandation, une mise en avant. Aussi quelle joie lorsque l'un d'entre eux , que l'on a défendu avec coeur et conviction, rencontre son public ! Le lectorat de ces singuliers bijoux a beau souvent être clairsemé, il ne s'agit pas de nombre dans cette affaire, mais d'intensité. Avec toi, Jacques, la librairie baignait dans un climat d'ouverture et de mystère qui m'a frappée lorsque j'y mis les pieds pour la première fois il y a une quinzaine d'années. Comme je suis nostalgique du "Pain des rêves" de cette époque, dont tu étais le maître tout à la fois obscur et éclairé ! (p. 58)
Commenter  J’apprécie          110
Or les médailliers de mon grand-père et le cabinet de curiosités de son père étaient tout, sauf un pandémonium. Car le monde de la collection était un monde en miniature que l'on rangeait, un monde où l'on nommait, un monde que l'on classait, un monde où l'on ordonnait. ce n'était pas un monde de bruit et de fureur, et s'il y avait des démons, ils ne se trouvaient sans doute pas dans les vitrines, mais dans les têtes de ceux qui les constituaient. --- Alain Gnaedi, Le Pays de l'horizon lointain, Joëlle Losfeld, 2020 (p. 54)
Commenter  J’apprécie          100
Jeudi 10 décembre 2020

Cher Jacques

(...)On peut mourir de chagrin. On peut crever de solitude, c'est donc vrai, Jacques. On a beau le savoir, on a beau faire tout pour l'empêcher, c'est elle, la solitude, la mort, qui a le dernier mot.
Tirera-t-on un jour les leçons du confinement, outre ses conséquences économiques, désastreuses, établira-t-on le bilan des ravages psychologiques dont il est responsable ? Des suicides ? Tu es, Jacques, un ami fidèle. Je sais que le dernier soir encore, alors que tu n'étais pas venu travailler à la librairie de la journée, tu es passé voir une vieille dame à qui tu rendais visite presque quotidiennement. Une dame seule à qui tu offrais tes services car elle perdait la vue. Tu étais sensible à son isolement, d'autant plus en cette période.(p. 84)
Commenter  J’apprécie          50
Il y a tous ces livres qui n'ont absolument pas besoin du coup de pouce du libraire pour se vendre et il y a les autres, plus secrets, plus âpres, plus difficiles, qui exigent une attention particulière, une recommandation, une mise en avant. Aussi quelle joie lorsque l'un d'entre eux, que l'on a défendu avec cœur et conviction, rencontre son public! Le lectorat de ces singuliers bijoux a beau souvent être clairsemé, il ne s'agit pas de nombre dans cette affaire, mais d'intensité.
Commenter  J’apprécie          20
"Je l'ai ouvert, je lu pour moi pendant que tu décachetais les autres plis, tu t'es approché, curieux toi aussi, et j'ai lu à haute voix le début, la première page. Nous étions émerveillés comme aux plus belles heures de l'enfance devant l'inventivité de la langue et l'univers insoupçonné qui s'ouvrait en l'espace de quelques lignes. Il n'y a d'ailleurs plus d'éditeurs non plus, avait ajouté notre visiteur morose. La réponse était sous nos yeux ; elle tenait dans le miracle d'un conte qui ne fut pas tête de gondole mais, plus ambitieux, a conquis souterrainement de fervents lecteurs. La littérature n'est pas morte et vive les éditeurs."
Commenter  J’apprécie          10
Mardi 24 novembre 2020

Cher Jacques,

Tu n'es pas mort à cause de la librairie, Jacques, non. (...)
C'est une autre maladie, bien plus insidieuse, qui t'a rongé. Tu es mort ravagé par le chagrin. Dans la solitude de ce premier confinement qui te privait de tes nourritures essentielles. (...)
Non, Tu n'es pas mort à cause de la librairie, Jacques.Au contraire, elle 'a maintenu la tête hors de l'eau pendant quelques mois. Le ventre ou la caverne, comme je la nomme selon les moments. Qui aspire corps et âme. Qui occupe tout. Une obsession. Un beau monstre. Les remparts des livres t'ont protégé de toi-même tout un automne, tout un hiver. (...)
"Non essentiel". Comme nous avons été heurtés, blessés, l'un et l'autre, à l'instar de tous les libraires. La gangrène s'est installée avec cette flèche humiliante. (p. 35-36)
Commenter  J’apprécie          10
Lundi 30 novembre 2020

Cher Jacques (...)
Je me rappelle t'avoir vu plus d'une fois absorbé dans la lecture, à la volée, d'un passage. Comme moi tu aimais cette étroite fenêtre sur un style d'une seule page prise au hasard. (...)
Je souris aujourd'hui en pensant à ces cartons que tu ouvrais, oui, tous en même temps, piochant parmi eux les ouvrages que tu attendais plus que d'autres, au lieu de procéder méthodiquement à la réception des livres, ce qui inévitablement aboutissait au désordre, parfois phénoménal, dont en fin de compte j'héritais, non sans te maudire gentiment, car c'est moi, toujours, qu'il appartenait de rétablir l'ordre et la rigueur. (p. 56)
Commenter  J’apprécie          10
Oui, les cimetières sont des bibliothèques, chaque allée un rayon, et chaque tombe un livre, chaque nom gravé une légende. C'est une image joyeuse et non funèbre dont je partage avec toi le trésor. D'ailleurs les cimetières ne sont pas tristes, quand ils sont comme le tien, Jacques, bordés d'arbres, et, tournés vers au loin la mer, qu'ils offrent aux vivants et aux morts la possibilité d'une île.
Commenter  J’apprécie          00
p.52 j'aimais ces moments où tu parlais de l'importance dans la formation d'un esprit d'une autorité que l'on respecte parce qu'elle s'impose non par la force brutale mais par le rayonnement de son intelligence.
Commenter  J’apprécie          00




    Lecteurs (64) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les écrivains et le suicide

    En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

    Virginia Woolf
    Marguerite Duras
    Sylvia Plath
    Victoria Ocampo

    8 questions
    1773 lecteurs ont répondu
    Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}